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Au Royaume

Contestataire dans les années 70, aujourd’hui prodige de l’informatique

En dernière année d’études à  l’Ecole Mohammédia d’ingénieurs, il est exclu pour ses activités syndicales au sein de l’Unem.
En 1984, il intègre Promoconsult et y développe, avec succès,
son premier logiciel destiné au bà¢timent.
En 1999, il reprend, avec des amis, une ancienne société du CIH,
Batisoft, et la rebaptise Involys.

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rub 2792

Jovial, un tantinet séducteur et une confiance en soi affichée. Bachir Rachdi, DG d’Involys, société spécialisée dans le développement de logiciels de gestion (patrimoine, promotion immobilière, budgets, logistique…), ne donne guère l’image du redoutable homme d’affaires qui a su frayer son chemin opiniâtrement. Il est, en effet, aujourd’hui à la tête de cette société, dont le cœur de métier est le soft et qui emploie une bonne centaine de personnes, affichait unchiffre d’affaires de 40 MDH en 2006 et un objectif de 60 millions pourl’exercice en cours. C’est son sourire crâneur qui renseignesur ses capacités de persuasion et son talent de polémiste, capablede prendre à revers ses interlocuteurs les plus avertis.

Un reste de son passé d’étudiant protestataire. Cela luivaudra d’ailleurs quelques déconvenues au lycée puis à l’EcoleMohammédia d’ingénieurs (EMI) d’où il sera excluen fin de cursus, sans possibilité de présenter son mémoirede fin d’études.

Une année sabbatique en 1983 pour se faire oublier
Mais ne précipitons pas les choses. Le jeune Bachir, né à Khouribgaen 1960, est parti avec moins de chance de succès que les enfants de son âge.Il est le benjamin d’une famille nombreuse -sept frères et sœurs- et un handicap physique va très tôt réduire sa mobilité.Il avait contracté une poliomyélite, alors qu’il étaitnourrisson, malgré le vaccin qui lui avait été administré.Mais le jeune homme, au côté manuel très tôt évident,réparateur attitré de tout ce qui était électronique,sera vite séduit par les mathématiques. Il ne va pas s’attendrirsur son sort ni en vouloir au monde de l’avoirdéfavorisé. «Celaaurait été une perte de temps et les ressources de l’hommedoivent être orientées vers les vrais défis», justifie-t-il.

C’est en 1978 que Bachir Rachdi obtient un Bac «sciences maths» à Mohammédia,où sa famille s’est installée dès 1964. Comme tousles jeunes de son âge, il estime que le mieux serait d’aller en Europepour ses études supérieures, mais sa famille va le persuader des’inscrire plutôt à l’Emi pour pouvoir veiller sur lui.Son parcours d’étudiant ne sera pas un long fleuve tranquille. Ilva être en première ligne de l’Union nationale des étudiantsdu Maroc (Unem) où il assurera les fonctions de secrétaire généralde la section de sa ville. Ce qui ne manquera pas de lui attirer des problèmes.Non seulement il sera privé de son diplôme en «automatiqueet informatique industrielles», et il devra son salut à une disparitionvolontaire et momentanée durant toute l’année 1983, le tempsque les choses se calment.

Quand il réapparaît, c’est à Promoconsult, un bureaud’études du CIH, où il sera recruté pour redémarrersa vie active. Avec l’équipe alors en place, il contribua à laconception d’un programme de conception assistée par ordinateurpour le bâtiment (prise en charge des plans en 3 D, de l’estimationdes coûts…), qui a eu beaucoup de succès, en Europe d’abord.La demande est si forte que les responsables du bureau d’étudesse décident à créer deux sociétés pour commercialiserle logiciel, Batisoft France et Batisoft Maroc. Bachir Rachdi aura des responsabilitésdans ces deux entités.
Son coup de maître sera cependant sa décision de miser sur l’entité marocaineoù il entre, avec deux de ses collègues, comme actionnaire en 1999.Mais ce n’est là qu’un début car, comme dit BachirRachdi, «une entreprise qui ne se développe pas est condamnée à disparaître».Si bien qu’un double travail a été mené pour produirede la valeur ajoutée et amorcer le processus de pérennisation del’entreprise, rebaptisée Involys. Cette société vajusqu’à attirer des investisseurs institutionnels comme Upline etOna, avant d’entrer en Bourse en 2006.

Un chef d’entreprise très engagé dans l’associatif
Sur le plan de la créativité, Involys a développé autout début un logiciel de gestion intégrée du patrimoineimmobilier, avant de se lancer dans des programmes de gestion des grandes surfaceset de distribution. Parmi ses succès, un logiciel d’aide à ladécision pour les patrons d’entreprise.

Pourtant, Bachir Rachdi ne se laisse pas griser par le succès et s’impliquefortement dans le domaine associatif. Et ce n’est pas un hasard s’ilpréside l’Association des professionnels des technologies de l’information(Apebi) depuis 2004, en plus de sa qualité de membre du bureau de la CGEMet du conseil national du patronat. De fait, ses domaines de prédilectionne sont pas exclusifs puisqu’on le retrouve aussi bien comme administrateurde l’université Al Akhawayn que dans l’association Transparencyqui lutte contre la corruption. Comme quoi, un fort élan de réussitesociale et entrepreunariale peut parfaitement se doubler d’une remarquableimplication sociale et humaine.