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Au Royaume

Carotte écolo…

La toute nouvelle secrétaire d’Etat en charge du développement durable a fait montre d’un fervent optimisme au moment d’exposer sa feuille de route au Parlement devant les membres de la commission en charge d’examiner le budget du département pour l’exercice 2017.

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Edito Saad Benmansour

Entre autres objectifs, pour le moins ambitieux, que la responsable s’est assignée, la quasi-généralisation de l’assainissement liquide dans 330 villes et centres urbains d’ici 2020, l’éradication des décharges sauvages, le recyclage de 50% des eaux usées ou encore la généralisation de la valorisation utile des déchets ménagers.

Qu’à cela ne tienne. Mais LA question qui reste posée est de savoir si et comment un département à lui seul, et de surcroît aux moyens matériels et surtout humains limités, viendra à bout d’une montagne de problèmes sur lesquels bien des gouvernements se sont cassé les dents depuis des décennies. Ceci semble d’autant plus improbable que les dossiers à caractère environnemental  sont le plus souvent complexes parce que à la croisée de périmètres d’action d’une multitude de départements auxquels se rajoutent les collectivités locales. Et il a été prouvé également que sur le terrain, à l’échelle locale, les projets ne peuvent réussir sans une implication sérieuse des collectivités territoriales et des communes. Mais le fait est que ces communes sont le plus souvent empêtrées dans les tracas de gestion quotidienne et arrivent à peine et au meilleur des cas à subvenir au minimum requis en matière de service public. Il n’est donc pas sûr qu’on voit demain nos élus consacrer du temps à la question environnementale. Un seul exemple suffit pour s’en rendre compte : aux abords d’une grande ville comme Casablanca, une catastrophe écologique, en l’occurrence la décharge de Médiouna, se déroule depuis au moins 20 ans devant l’indigence des uns et l’indifférence des autres.

L’Etat central doit intervenir à travers les ministères. Certes. Mais aussi à travers le levier du financement et la contractualisation. Le plus gros du budget des communes provient des quotas attribués par les ministères des finances et de l’intérieur sur les recettes de la TVA. Les ministères de tutelle, et donc l’Etat, en contrepartie de ces milliards deDH accordés chaque année, sont en droit d’exiger des résultats ou du moins des actions d’urgence parce que touchant des questions de salubrité et de santé publiques. Si des communes ne remplissent pas le cahier des charges sur la question environnementale, elles doivent en répondre, par exemple en se voyant privées de ressources qu’elles étaient censées engager. A contrario aussi et du moment que le Maroc est résolument engagé dans une véritable révolution verte, les élus qui font montre d’implication sérieuse dans les dossiers environnementaux devraient avoir droit à une carotte budgétaire, fiscale ou autres. C’est du gagnant-gagnant pour tous…