Au Royaume
Brahim TAOUSS : Tu seras chef d’entreprise et rien d’autre
Il développe la fibre commerciale dès l’école primaire où il gère les deux points de vente de confiserie que lui avait confiés le directeur.
Il a failli faire des études d’agriculture avant de se tourner vers un cursus en management.
Avec deux associés, il a créé Pyramyd Group qui coiffe aujourd’hui trois sociétés.

On ne naît pas entrepreneur, on le devient. Mais chez beaucoup d’hommes d’affaires, la fibre commerciale peut poindre précocement. Pour Brahim Taouss, DG de Pyramyd Group qui coiffe trois sociétés, Electro print, World Display et System Maroc, le don de gestionnaire s’est manifesté dès son enfance. Si bien que quand son école décide de créer deux petits points de vente de confiseries, c’est à lui que le directeur choisit de confier la gestion.
De huit à onze ans, il s’occupe de l’approvisionnement et de la vente des gaufrettes et autres caramels dont raffolaient ses congénères et, bien entendu, le crédit, se souvient-il, était banni. Le jeune Brahim ne sera pas seulement «l’épicier de l’école». Il s’intéresse dans sa jeunesse au théâtre et suit de près les activités scolaires puisque dès le collège, il était président de l’association des élèves.
Mais revenons un peu en arrière. Brahim Taouss est né à Casablanca en 1968. Il est le benjamin d’une fratrie de quatre enfants. Son père est agriculteur et sa mère femme au foyer. D’ailleurs, dès son jeune âge, la famille était retournée à Agadir, terre d’origine de ses parents. C’est d’ailleurs dans la capitale du Souss que Brahim obtient un bac sciences expérimentales en 1987. Par manque d’encadrement, il a du mal à choisir une filière. Il hésite entre des études de chimie en France et d’agronomie au Maroc, sachant que son père est agriculteur. Il était davantage convaincu du second choix que la sécheresse sévissait au Maroc.
La salariat ? Il n’a jamais connu
Brahim décide d’aller, au plus vite, faire un tour à l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II (IAV) pour y déposer sa candidature. Là, il rencontre un ami de la famille qui l’interpelle en amazigh : «Maghi t’skart ?» (qu’est-ce tu fais là ?). Son interlocuteur lui fit un discours sur le manque de perspectives de la filière. Mais c’est à un autre ami de la famille qu’il doit d’aller dans une grande école privée à Casablanca. Là, il choisit de faire des études de marketing. Pour la première année, son père règle les 15 000 DH de droits d’inscription et les frais d’études.
Brahim s’implique dans l’association des «juniors entreprises» de son école qui réunit quelques étudiants.
Leur activité consiste à offrir leurs services aux grands managers pour des sondages et études à la commande.
Très vite, de grands organismes leur feront confiance comme la Chambre française de commerce et d’industrie au Maroc, Ona, Bata…
Et dès 1989, Brahim finance lui-même ses études et mène sa barque. Et pour cause, une seule «étude» rapportait aux étudiants le prix d’une année d’études. Plus que cela, ces actions les mettaient en contact avec le monde des entreprises et les méthodes de gestion les plus pointues et les plus en vogue.
En 1991, Brahim Taouss termine son cursus et se classe deuxième de sa promotion. Sans attendre, il s’engage dans le consulting, refusant d’être un salarié.
On lui commande alors des études sur la restauration dans l’entreprise, le béton prêt à l’emploi ou les franchises. Il travaillera également sur les éditions de Marocotel. Après, avec son actuel associé et ancien «complice» dans «juniors entreprises», Mohcine Sebti, il décide de créer sa propre entreprise. Ils choisissent leur domaine d’activité : la conception PAO (publication assistée par ordinateur), le packaging, la photogravure, la pré-presse, l’impression numérique et la sérigraphie. Ils créent l’entreprise «Pyramid» dès 1996. Quand ils présentent le dossier pour un Crédit jeunes promoteurs, le banquier n’arrive pas à croire qu’ils ont eux-mêmes préparé leur dossier, tellement il était bien conçu.
Son entreprise a anticipé sur les tendances
Ils mettront, néanmoins, une année pour obtenir les 2 MDH demandés. Pour renforcer leur crédibilité, ils avaient d’ailleurs choisi de chercher un troisième associé plus âgé pour les accompagner dans les prospections et les négociations. Ils réunissent 400 000 DH pour le capital et achètent le pas-de-porte d’un local de 150 m2 au quartier Belvédère, à Casablanca. L’affaire démarre bien. Le premier exercice, qui n’a débuté pourtant qu’en juin, est clôturé avec un chiffre d’affaires de 2,5 MDH.
Aujourd’hui, on ne parle plus seulement de Pyramyd, mais d’un groupe de quatre sociétés qui emploie 100 personnes à plein temps et réalise un chiffre d’affaires gardé secret mais qui doit porter sur plusieurs dizaines de millions de DH.
Brahim Taouss et ses associés ont en effet logé leurs activités dans trois entités distinctes coiffées par Pyramyd : Electro print pour l’impression numérique, World display pour la PLV (publicité sur lieux de vente) et System Maroc pour l’aménagement, la production et l’agencement.
Aujourd’hui, les multinationales comme Procter & Gamble, Coca cola, Shell et récemment Wana leur font confiance pour leurs différentes campagnes de communication. L’atout du groupe, c’est qu’il a anticipé sur plusieurs choses et notamment la donne environnementale.
Fait encore rare au Maroc dans cette activité : leur matériau de base, le carton, est recyclable à volonté.
Pyramid lorgne aujourd’hui les marchés étrangers. Elle a commencé à prospecter des pays comme le Sénégal, le Ghana et le Nigéria. Les autres projets sont, bien entendu, une entrée en Bourse et la recherche d’une alliance.
