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Assia Aïouch : Les ressources humaines ? ça la connaît

Diplômée en sociologie des organisations et en GRH, c’est à  travers son premier stage qu’elle entre dans le métier du conseil aux entreprises et ne le quittera plus.
Après avoir travaillé chez LMS pendant trois ans, elle se lance à  son compte. En dix ans, le chiffre d’affaires de son cabinet a été multiplié par dix.
Elle prépare de nouvelles alliances, mais assure ne pas sortir de ses métiers de base que sont le conseil en ressources humaines et l’accompagnement des entreprises en matière de changement.

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Au premier abord, elle paraît timide, presque gênée de n’avoir encore rien à dire. Mais les apparences sont trompeuses et dès les premières phrases, Assia Aïouch, née Benhida, DG d’Optimum conseil, retourne la situation à son avantage. Difficile de dire si cette «fausse timidité» relève du naturel ou de la stratégie. Quoi qu’il en soit, l’interlocuteur de la patronne d’Optimum conseil reste un moment sans voix car il se demande comment on peut paraître si «innocemment inoffensif» et passer à l’attaque sans crier gare. Heureusement qu’Assia Aïouch n’abuse pas de sa domination car, après vous avoir désarçonné, elle revient à de meilleures dispositions et fait montre d’une bonne capacité d’écoute.  
En fait, la patronne d’Optimum conseil doit absolument montrer de quel bois elle se chauffe car l’activité qu’elle a choisi d’exercer, l’accompagnement des entreprises pour améliorer leurs performances, exige un caractère bien trempé. Cadette d’une fratrie  de trois enfants, Assia Aïouch est née à Rabat en 1970 dans une famille plutôt conservatrice mais assez ouverte. Son père est fonctionnaire au ministère des affaires étrangères et sa maman femme au foyer.

Elle a travaillé pendant trois ans à LMS avant de créer son cabinet
C’est au lycée Descartes qu’elle obtient un bac «B» (économie) en 1988. La même année, la future DG d’Optimum conseil s’envole pour Paris. Après quelques hésitations, elle finit par opter pour un Deug généraliste (économie et gestion). Une fois ce diplôme obtenu, elle vire de bord et choisit  de préparer un magistère en ressources humaines et interculturelles auquel elle ajoute un diplôme d’études approfondies (DEA) en sociologie des organisations.
Et c’est le stage de six mois qu’elle fait à BPI, un cabinet de conseil en RH et restructuration des entreprises, qui la décide à rester en France jusqu’à fin 1994. C’est que le cabinet avait décidé de la recruter en qualité de consultante. Et c’est là qu’elle fait ses premières armes dans le métier. Elle n’en sortira pas car, de retour au Maroc, elle se voit proposer un poste à LMS conseil où elle va rester entre 1994 et 1997 en prenant en charge le conseil en organisation des entreprises.
C’est en quittant LMS conseil que Assia Aïouch va décider de se jeter à l’eau en créant son propre cabinet. «Optimum conseil». Elle s’en souvient comme si cela datait d’hier : «J’ai plus ou moins rêvé de me mettre à mon propre compte et il fallait un déclic mais aussi un peu d’argent. J’ai fait appel à mon père puis à ma banque pour mobiliser les 280 000 DH de capital. Il fallait aussi, à l’époque, bloquer 100 000 DH pour créer une SARL et c’est ce que j’ai fait et, pour tout effectif, j’avais une consultante et une assistante».
Les débuts ne furent pas de tout repos et dit-elle avec humour : «C’est le premier jour qui a été difficile car il fallait se convaincre que c’était bien parti». Assia Aïouch va avoir une idée lumineuse en s’appuyant sur un partenariat avec son premier employeur, le cabinet français de conseil. Dans sa carte visite figure cette alliance qui va lui ouvrir les premières portes. Le reste consistait à répertorier les clients potentiels et de les approcher en leur proposant des offres adaptées à leurs besoins.

Des compétences affirmées dans un domaine très concurrentiel
A l’époque, se souvient Assia Aïouch, le métier rencontrait de la résistance de la part même des grands patrons des entreprises. «Ils avaient du mal à saisir ce qu’un cabinet pouvait leur apporter au niveau de la performance, surtout lorsqu’un simple diagnostic pouvait revenir à l’entreprise à 100 000 DH. Ce n’est qu’à la veille d’un grand événement: un  changement inattendu, une fusion ou une alliance stratégique qu’ils prenaient la décision de faire appel à nous. Aujourd’hui, l’utilité de recourir à un cabinet s’est largement installée dans les mœurs des entreprises, à partir d’une certaine taille. Même les fourchettes des prix des prestations sont connues : par exemple, une journée consultant est facturée entre 7 000 et 12 000 DH, une mission entière qui dure généralement entre 40 et 45 jours peut coûter jusqu’à 400 000 DH», dit-elle.
En 1998, Optimum conseil, qui compte  aujourd’hui 10 consultants permanents et 12 partenaires en fonction des missions et des contrats, avait clos son premier exercice avec un chiffre d’affaires de 900 000 DH. En 2008, le cabinet a réalisé environ 10 MDH à partir d’un portefeuille d’une cinquantaine de clients. Ces résultats reflètent une solide compétence dans un domaine où les grands noms du conseil ne font aucun cadeau aux petites structures.
Après avoir repris, il y a une année, les 35 % qui étaient aux mains de BPI France, Assia Aïouch annonce de nouvelles alliances. Mais elle assure ne pas vouloir sortir de ses métiers de départ que sont le conseil en ressources humaines, l’accompagnement des entreprises dans les projets de changements stratégiques et la mise en place des dispositifs de restructuration.