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Au Royaume

Architecte à  l’origine, il bà¢tit sa réussite sur les magasins Yatout

Né à Ksar El Kébir dans une famille de commerçants,
Saâd Bennis a acquis le sens des affaires sans s’en rendre compte.
Il crée Yatout en 1999 en s’inspirant du concept des distributeurs
européens qui importent des articles de décoration fabriqués
par l’entreprise familiale.
Il crée personnellement 5 magasins et déniche pas moins de 45 franchisés.

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S’il est vrai qu’on ne naît pas vendeur et qu’on le devient par la pratique, les voyages et le contact, il faut croire que Saâd Bennis a été bien servi et très tôt. En fait, toute la famille (six frères et une sœur) a baigné dans le négoce dès son plus jeune âge, le père étant dans le commerce de tissus à Ksar El Kébir. Saâd se rappelle que, tout bambin encore, il a vendu de tout, balles de ping-pong, manuels scolaires déjà utilisés et, bien sûr, tissu. Bref, il ne se rappelle pas avoir appris à vendre, le sens des affaires lui étant tombé dessus sans crier gare dès les premières années de son enfance, tout comme pour le reste de ses frères et sœur. Pourtant, ce n’était pas du tout une nécessité, sa famille étant aisée, mais toujours ouverte sur son environnement, entreprenante et dotée d’un contact facile. Ce sens pratique lui colle tellement à la peau qu’il ne croit ni aux signes du Zodiaque ni à la chance. Sa devise : le travail, toujours le travail, encore le travail.

Son concept a mûri 10 ans avant de voir le jour
C’est dans sa ville natale que Saâd Bennis fait ses études primaires et la première partie du secondaire. A vingt ans (il est né en 1960), il est attiré par des études d’architecture qu’il entame à Paris. Durant les six années qu’il passe dans l’Hexagone, il ne perd à aucun moment le contact avec sa famille qui, entre temps, développe ses affaires et en entreprend de nouvelles. En effet, il est intimement associé à un changement de cap des activités puisque la famille commence à importer des produits en bois, accessoires de décoration, encadrements de tableaux,… Ce tournant s’opère en 1985, une année avant que le jeune Saâd ne rentre au pays pour être mobilisé à plein temps dans la conduite des affaires.
Très vite, l’entreprise familiale s’oriente vers la production et l’exportation des articles initialement importés d’Europe. L’idée d’un réseau comparable à ceux qui commercialisent les produits fabriqués par l’entreprise familiale fait son chemin. Mais Saâd, en homme avisé, ne veut pas se presser pour lancer sa propre chaîne. Il prend le temps d’étudier le concept, de maîtriser les circuits d’approvisionnement et les coûts qui doivent , forcément, être les plus bas. Il répète à qui veut l’entendre qu’il a «mûri le concept pendant dix ans en regardant ce qui se passait sous d’autres cieux et en s’assurant de ne jamais tomber en rupture de stocks et d’avoir toujours les meilleurs prix du marché».

30 MDH investis au départ, puis 20 autres millions pour soutenir la croissance
Dès 1994, le portefeuille «fournisseurs» européens est verrouillé et le projet des magasins Yatout fait son bonhomme de chemin. Cependant, le premier magasin ne verra le jour qu’en 1999, à Kénitra, nouveau fief de la famille Bennis, où Saâd a acquis un premier entrepôt de 6 000 m2. Le premier investissement est de 30 MDH. L’affaire est si concluante que l’entreprise remet encore 20 MDH, notamment pour acheter un deuxième entrepôt de 4 000 m2 à Casablanca, en guise de plate-forme de distribution. Très vite, une centrale d’achat prend forme et les magasins Yatout essaiment à travers le pays.
Dès le départ, Saâd Bennis ne veut pas sortir de son métier de base qui est la production des articles de décoration et la distribution en gros des produits importés. Le concept est ensuite franchisé. Saâd Bennis se contente de 5 magasins en propre et signe un contrat de franchise avec une cinquantaine de personnes. L’entreprise mère prend en charge la formation du personnel, l’aménagement de l’espace. Quant aux franchisés, ils ont l’obligation d’avoir un local et de mobiliser un apport de départ.
Aujourd’hui, la chaîne Yatout compte 50 espaces (présents dans l’ensemble des grandes villes du pays) et emploie directement quelque 400 personnes. Désormais, dit le patron de l’enseigne, «nous ne sommes pas loin d’une bonne couverture du pays et il faut s’atteler à assurer la pérennité de l’affaire». Les magasins commercialisent à hauteur de 80 % de produits importés (d’Espagne, du Portugal, de Chine, de France…) et le reste en articles fabriqués localement, dont la moitié est produite par les filiales du franchiseur. La moyenne des prix est comprise dans une fourchette de 10 à 50 DH.
Saâd Bennis a le succès modeste et il reconnaît volontiers qu’il doit beaucoup à sa famille et, bien sûr, aux équipes qui l’accompagnent. Il livre le secret de sa prouesse en ces mots : «Avec un peu d’imagination, beaucoup de travail, notamment sur le concept, ce que beaucoup d’investisseurs ignorent, la réussite est un couronnement naturel de toute entreprise humaine»