Au Royaume
Après 18 ans de banque, il change de cap pour s’occuper d’immobilier
Diplômé de l’Ecole centrale de Paris, ?? il a fait ses débuts dans la recherche pétrolière avant une longue carrière dans la banque.
Il intègre la BCM en 1986 puis, en 2004, rejoint le Crédit Agricole du Maroc qu’il quittera en 2007.
Son nouveau métier : la gestion déléguée de gros projets immobiliers et touristiques.
A 46 ans, Karim Belmaâchi, DG d’Alliances, un groupe spécialisé dans l’étude, le montage et la conduite de réalisations immobilières et touristiques, a une carrière déjà bien remplie. Il a démarré sa vie professionnelle sur les chapeaux de roues. A la tête de BCM Paris, il est, à 28 ans, le plus jeune directeur de banque en exercice dans la capitale française. Il se souvient que beaucoup de clients, ou de ses pairs, le rencontrant pour la première fois, lui demandaient si le patron avec qui ils avaient rendez-vous allait bientôt les recevoir. Il leur rétorquait que l’entretien avait déjà commencé puisque le «patron», c’était lui.
Karim Belmaâchi est né en 1962 à Khouribga, où son père travaillait pour l’Office chérifien des phosphates (Ocp). Mais tout de suite, cette famille safiote d’origine, va migrer, au gré des missions de «papa» à Rabat puis à Casablanca. Le jeune Karim, sans doute par admiration pour son père, rêve de devenir ingénieur comme lui. Pour cela, les mathématiques sont un passage obligé. Justement, il n’a pas besoin de faire de grands efforts car il est doué. Ce fut d’abord la Mission française, les lycées Descartes puis Lyautey et, après son bac «C» (mathématiques), obtenu avec mention «bien» en 1980, il s’envole pour Paris pour ses prépas au lycée Saint-Louis.
A l’issue des deux années, dont il se souvient comme d’un parcours du combattant, il est admis à l’Ecole centrale de Paris où ses études sont sanctionnées par un diplôme d’ingénieur, en 1985. Il découvre le monde de la banque lors du stage de fin d’études qu’il effectue au sein du Crédit Lyonnais. Mais, en juillet 1985, il est recruté par la multinationale Schlumberger et travaille dans la recherche pétrolière entre la Tunisie et l’Italie. Quand on lui propose un poste en Angola, pays en pleine guerre à l’époque, il se rebiffe. Il rentre au pays et intègre la BCM, en 1986.
DG du Crédit Agricole du Maroc, il a contribué à son redressement
L’occasion de prouver son talent lui est offerte, et il va se donner à fond. Il passe plus de trois ans dans le service d’organisation. Dès 1990, il est chargé de préparer l’installation de BCM France, banque de droit français qui va connaître un essor fulgurant. La mission est exaltante et, avec une équipe de plus de 100 personnes, agences et bureaux de représentation vont essaimer en Europe (des agences sont ouvertes en Belgique, en Allemagne, en Hollande, en Espagne et en Italie).
Karim Belmaâchi chapeaute les deux activités de l’établissement : asseoir l’activité de banque de détail – il y réussit bien puisque le volume de transfert annuel va s’établir rapidement à plus de 500 millions d’euros – et développer l’activité internationale, à travers le financement du commerce extérieur du Maroc avec l’Europe.
Par ailleurs, BCM France occupe le terrain du forfaiting (rachat des créances sans recours sur la clientèle marocaine). M. Belmaâchi explique que le risque était calculé puisque la maison mère était bien informée sur cette clientèle.
Quand il rentre au Maroc, en 2004, il vit mal la fusion qui va donner naissance à Attijariwafa bank. Il dépose sa démission mais n’aura pas le temps de prendre de longues vacances car Tariq Sijilmassi l’appelle au Crédit Agricole où une autre mission de taille l’attend. Il est nommé directeur général et est d’office membre du directoire. Les chantiers, à ce moment-là, étaient la restructuration financière (avec une date butoir à juin 2007 pour revenir aux règles prudentielles et aux normes de la profession), la mise en place d’outils technologiques performants. Il est parmi ceux qui ont plaidé pour l’abandon des 3 milliards de DH au profit des 100 000 agriculteurs. «Ces créances étaient fictives, les maintenir dans l’actif faussait tout le travail qui nous attendait. J’avais un contrat de trois ans que je devais honorer. Et je peux dire que non seulement ma mission a été prorogée de six mois, mais le Crédit agricole est devenu la quatrième banque de la place », explique-t-il.
Au moment de quitter le Crédit Agricole, en novembre dernier, il se voit proposer le poste de DG d’Alliances, un groupe spécialisé dans l’étude, le montage et la conduite de projets immobiliers et touristiques. Il accepte la mission. Changer de cap et affronter un nouveau défi ne lui fait pas peur car, dit-il, «ce domaine me fascine et il va falloir être très imaginatif en ingénierie financière, dans un domaine où les projets sont de plus en plus capitalistiques. Et puis, en dehors du fait que j’ai une bonne connaissance des différents aspects de la question, je dois dire que c’est aussi l’occasion de changer d’horizon».