Au Royaume
Amina Figuigui : un expert-comptable pour faire de la pêche un secteur d’avenir
Elle est sortie parmi les cinq premiers de la promotion 1991 de l’ISCAE et sera la première femme issue du cycle marocain d’expertise-comptable.
Elle a passé 12 ans au CDVM et supervisera les grosses opérations d’introductions en Bourse et le contrôle des délits.
En 2009, la CDG la charge de la mise en place de la fonction conformité au sein du groupe.

Elle a de l’énergie à revendre, du stress aussi. Pourtant, elle dégage un calme qui dément son caractère bouillonnant. Et c’est sans doute en raison de ce constant souci d’obtenir des résultats concrets qu’Amina Figuigui, nouvelle directrice générale de l’Office national des pêches (ONP), avoue ne pas pouvoir s’empêcher de regarder par dessus l’épaule de ceux à qui elle délègue des missions à accomplir. Actuellement, elle est plongée dans la mise en œuvre du programme Halieutis, au sein duquel l’ONP jouera le rôle d’opérateur global. On n’en tirera pas davantage sur son nouveau travail, mais l’on sait qu’elle a passé son premier conseil d’administration, le 10 mars dernier, moins d’un mois après son arrivée à la tête de l’office (le 23 février).
Amina Figuigui est née en 1968, à Rabat, d’un père fonctionnaire et d’une mère enseignante. Elle est la cadette de six enfants, toutes des filles. Il faut croire que l’exigence de qualité est une seconde nature chez elle puisqu’elle a toujours été dans le peloton de tête durant sa scolarité ce qui donnait du temps à sa maman pour s’occuper de sa nombreuse progéniture. Un rêve d’enfant ? Oui, celui de diriger une banque. Elle ne sera finalement pas président de banque, mais son goût pour la finance, lui, ne se démentira point. C’est en 1987 que Amina décroche un bac «sciences expérimentales» à Rabat. Elle songe un moment à faire la médecine, puis se ravise et dépose un dossier à l’Institut supérieur de commerce et d’aministration des entreprises (ISCAE). Manque de chance, elle ne reçoit pas de convocation, le concours prévu en juin fut tout simplement annulé et ce n’est qu’en septembre qu’elle tentera sa chance parmi 12 000 prétendants. A l’ISCAE, Amina Figuigui va d’abord briller dans le cycle normal en obtenant avec brio un diplôme en 1991, couronné par un premier prix option Finances et sortira 4e de sa promotion. Mais elle juge que ce n’est pas suffisant. Elle s’inscrit donc au cycle d’expertise comptable. Entre 1991 et 1996, parallèlement à ses études, elle travaille au cabinet SOFI, d’expertise comptable et d’audit, en tant que simple auditeur, d’abord, puis chef de mission d’audit.
En 1996, elle devient la première femme à décrocher un diplôme marocain d’expertise comptable. Pour elle, le choix est vite fait. Un expert-comptable doit s’installer à son propre compte. Mais le destin en décidera autrement.
Six ans dans un cabinet d’audit et une implication dans le démarrage du Plan comptable national
Le Conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM), gendarme du marché financier, encore auréolé de son nouveau rôle d’après la réforme de 1993, lui offre un poste en or : chef des affaires comptables du marché financier. En plus des aspects fiscaux et de certification des comptes des opérateurs, elle va être l’interface avec les experts-comptables mais aussi des auditeurs. «Cette expérience va être cruciale, confie-t-elle, bien que ce ne soit qu’un début». En effet, en 2002 elle est promue chef du département administratif et organisation et va, à ce titre, superviser les services des finances, des ressources humaines, le système d’information mais aussi la documentation et les études du CDVM. En 2004, elle est nommée directeur en charge des opérations et de l’information financière. Là, il s’agira pour Amina Figuigui de mettre en place des procédures et de la supervision de plusieurs gros dossiers. Ainsi en sera-il de l’élaboration et de la préparation du cadre juridique (lois, arrêtés..), l’instruction et le visa des appels publics à l’épargne tout comme de grandes introductions en Bourse. Une période passionnante et longue, qui trouvera sa fin, en avril 2009, lorsque la CDG fait appel aux services de la spécialiste des opérations de Bourse mais ce sera pour une toute autre mission.
Membre de plusieurs commissions de réforme et d’évaluation, enseignante également
En effet, la CDG qui voulait se conformer aux directives de Bank Al Maghrib en matière de réglementation financière et bancaire avait besoin d’un expert pour mettre à jour toutes ses filiales. Elle lui confie donc le Pôle conformité. Amina restera à ce poste jusqu’au moment où elle est nommée directeur général de l’ONP.
A coté d’une carrière professionnelle déjà bien remplie, cette gestionnaire de talent a plusieurs cordes à son arc. Outre une participation active au Conseil national de la comptabilité, elle est enseignante depuis 1998 à l’Institut supérieur d’administration (ISA), l’Ecole nationale d’administration (ENA), l’ISCAE et trouve également le temps pour d’autres activités. En effet, elle est membre du groupe de pilotage du projet ROSC (groupe formé par le gouvernement marocain et la Banque mondiale pour le respect des normes et des codes, de comptabilité et d’audit) et fait partie de la commission nationale chargée de la gouvernance d’entreprise. Et ce n’est pas fini car Amina Figuigui n’oublie pas de se prendre en charge, aussi bien pour le recyclage et la formation à travers des stages à Londres, Paris ou Washington, ni de participer à des travaux et des publications au sein de l’ordre des experts-comptables.
