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Au Royaume

Aïcha Berrada, DG de Quality assistance et 2S Santé

Elle abandonne sa pharmacie pour se spécialiser dans la formation.
Elle a commencé par travailler dans les laboratoires avant de commettre l’erreur d’ouvrir une officine. Après avoir frôlé la faillite, elle s’est mise à  son compte en investissant dans la formation et le conseil en qualité.

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Aicha Berrada 2012 04 06

Le succès ne vient pas d’un coup de pioche hasardeux. On sait, depuis longtemps, qu’il ne s’agit pas tant d’éviter de trébucher mais bien d’avoir assez d’énergie pour se relever au lieu de traîner en cours de route en incriminant l’humanité entière. Aïcha Berrada, DG de Quality assistance et 2S Santé, l’a compris à ses dépens mais en a tiré la leçon qui a servi à forger sa réussite. Pharmacienne, elle a préféré, dès le départ, l’industrie à l’officine. Et après avoir prouvé ses compétences en travaillant pour un grand laboratoire, elle a choisi de s’établir à son propre compte en ouvrant une pharmacie. Entre 2000 et 2005, elle a cru bon s’accrocher en niant l’évidence de son échec. Et puis, un bon matin, elle est revenue à ses premières amours, mais cette fois-ci en s’investissant dans le conseil industriel et la formation dans les métiers liés à son domaine de prédilection. Mais, là aussi, il a fallu trouver ses marques, convaincre ses premiers clients dans une spécialité toute nouvelle au Maroc. Aujourd’hui, elle est à la tête de deux PME spécialisées dans la formation diplômante et certifiante.
Aïcha est née en 1964 à Casablanca dans une famille de sept enfants. Son père exerce dans le commerce de tissus et subvient à tous les besoins de la famille. C’est à la Mission française qu’elle fait ses premiers pas à l’école. Et c’est au lycée Lyautey qu’elle obtient un Bac «D» en 1982. Aïcha Berrada s’inscrit ensuite à Grenoble puis à Paris, à l’université René Descartes. Elle peut se concentrer sur ses études car c’est encore son père qui finance le tout, si bien qu’elle ne se rappelle même plus du prix du ticket du restaurant universitaire ni même du prix du loyer de la chambre où elle logeait.
Après l’obtention de son doctorat en pharmacie industrielle et en process de fabrication et de qualité, elle effectue différents stages dans les centres hospitaliers avant de rentrer au pays en 1990. Elle est alors rapidement recrutée par le laboratoire Ciba Geigy, devenu Novartis à la suite de la fusion avec Sandoz en 1996.
C’est son premier travail. Affectée au service des achats, elle se familiarise avec l’environnement de l’industrie pharmaceutique nationale. Elle gravit les échelons et est promue «responsable» du contrôle et de la qualité. A la tête d’un service d’une vingtaine de personnes, elle reste fidèle à son poste durant 10 ans et installe les bonnes pratiques de fabrication des médicaments.
Aïcha Berrada pense avoir une bonne idée en créant une officine en 2000 et, jusqu’en 2005, elle refusera de se rendre à l’évidence qu’elle va droit dans le mur, après avoir perdu toutes ses économies. Fort heureusement, elle comprend qu’elle ne pourra pas compter indéfiniment sur la famille qu’elle a dû certainement mettre à contribution durant cette période difficile. Elle fait son autocritique et crée sa première PME : «Quality assistance».
Elle raconte : «Je n’y ai pas mis beaucoup d’argent car c’était du service que je vendais et je ne voulais pas recruter du monde. C’est moi qui vais sur le terrain et lorsque les missions exigeaient d’autres compétences, je recourais à des consultants reconnus dans leur spécialité. C’est ce que je continue de faire, après mon implantation, sauf que je me suis alliée à de grandes multinationales comme CVO Europe ou GEMS (Groupement  des écoles de métier de la santé)».

Elle veut s’investir davantage dans la formation des métiers liés à la santé

Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, Aïcha Berrada, qui veut garder une dimension humaine à ses deux entreprises, Quality assistance et 2S Santé créée en 2010, travaille pour une vingtaine de clients essentiellement dans l’industrie pharmaceutique, mais elle est aussi active dans l’industrie agroalimentaire. Il s’agit de métiers pointus qui consistent à accompagner les professionnels dans le choix des méthodes de fabrication, des meilleures pratiques de la qualité, dans le choix des fournisseurs mais aussi dans l’acquisition des équipements. L’idée est de traquer toutes les étapes de la fabrication des médicaments où un simple manque d’attention ou de vigilance peut coûter cher aussi bien aux laboratoires qu’aux patients si l’erreur n’est pas rattrapée à temps. Autrement dit, son intervention consiste à leur donner les moyens, à tout moment du processus de production, de manière à ce que jamais un produit ne puisse se retrouver sur le marché en présentant un risque pour les clients. Elle fait aussi des audits à la demande de la clientèle dans les domaines de compétence de ses cabinets.
Aujourd’hui qu’elle s’est affirmée dans le domaine des process de production, Aïcha Berrada veut s’impliquer davantage dans la formation. Il s’agit pour elle de mettre sur le marché des modules de formation fiables pour les attachés de recherche clinique ou les délégués médicaux. Son problème : le retard que prend la loi marocaine sur les tests cliniques sur les cobayes. Les deux entreprises de Aïcha Berrada sont aussi un exemple de création d’entreprises sans recours aux crédits, ce qui est un motif supplémentaire de satisfaction de cette entrepreneuse qui n’en n’a pas du tout l’air.