Au Royaume
Ahmed Khaouja, directeur des opérations et de la concurrence à l’ANRT
La cheville ouvrière de la libéralisation des télécoms au Maroc. Depuis 1981, il a été de tous les grands chantiers relatifs à la transformation du secteur des télécommunications.

Derrière une bonhomie, du reste parfaitement assumée, se tapit un fin négociateur et un redoutable polémiste. Ahmed Khaouja, directeur des opérations et de la concurrence à l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT), a été de toutes les étapes majeures de l’évolution du secteur au Maroc. C’est bien simple. Avant la libéralisation, il a travaillé, entre autres, sur la première introduction du tarif réduit du fixe et sur des dossiers brûlants comme la vente de la deuxième licence GSM à Meditelecom et les différents volets de la suite du programme d’ouverture au privé du secteur des télécoms. Il a ainsi contribué à l’installation de l’agence qui est donnée aujourd’hui en exemple en matière de gestion du secteur des télécoms en Afrique et ailleurs.
Ahmed Khaouja est né en 1954 à Sidi Boubker Zellidja, village minier près d’Oujda, à la frontière avec l’Algérie. Lorsque la mine ferme, la famille choisit de s’établir à Fès où le père, qui s’est retrouvé au chômage, ouvre un petit commerce. Les temps sont durs et il a fallu aider le père sans jamais oublier les études. Après un Bac «sciences expérimentales» en 1975, il s’inscrit à Rabat pour une licence en sciences physiques. Alors qu’il est en quatrième année, Ahmed Khaouja passe avec succès le concours de l’Ecole nationale supérieure des télécoms (ENST) rebaptisée Télécoms Paris
Tech.
Avec une bourse de 2 000 francs français (il y avait la parité FF et dirham à l’époque), il n’avait pas besoin de faire des petits boulots pour vivre.
Il est le père du cycle supérieur de gestion de l’INPT
C’est à EDF qu’il passe son stage de fin d’études d’ingénieur d’Etat en télécoms obtenu en 1981. A son retour au pays durant la même année, il est recruté au ministère des PTT de l’époque pour un salaire de 2 500 DH, avec une voiture de service, une 4 L flambant neuve, se souvient-il. Il travaille sur l’équipement des centraux téléphoniques, à l’époque où il y avait en tout et pour tout 160 000 abonnés et 3 000 lignes télex dans tout le pays. Même les entreprises devaient attendre des mois pour être raccordées au réseau. Il est ensuite affecté au service de la commutation automatique dont il deviendra rapidement le chef en 1983.
Pendant quelques mois, il avait été détaché pour monter les infrastructures de communications pour les IXe Jeux méditerranéens qui se sont déroulés en 1983, à Casablanca. Ahmed Khaouja a ensuite été affecté, en 1984, à l’Office national des postes et télécommunications (ONPT) comme chef de service des équipements des centraux automatiques. Trois ans plus tard, il est promu chef de la division plan programme et budget.
Jusqu’en 1989, date à laquelle il va quitter ses fonctions pour des raisons qu’il garde secrètes, il participe à la modernisation du réseau, à la conception des cahiers des charges de l’office et au plan de numérotation national. Le directeur des opérations et de la concurrence à l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) avait aussi été étroitement associé au rétablissement du central de la place Bandœng de Casablanca, après le terrible incendie qui l’avait ravagé.
Parallèlement à ses charges professionnelles, il avait trouvé le temps de suivre avec succès le cycle supérieur de l’Institut supérieur de commerce et d’administration des entreprises (ISCAE).
Un intervenant régulier dans les rencontres internationales dédiées aux télécoms
Après son départ de l’ONPT, Ahmed Khaouja se consacre à l’enseignement à l’Institut national des postes et télécommunications (INPT) où il a toujours été vacataire. Il s’impliquera spécialement dans les séminaires et la recherche. Cependant, un autre dossier lui tenait à cœur et il va avoir la satisfaction de le concrétiser : la mise en place, dans cette école, du cycle supérieur de gestion dont il deviendra le directeur de 1993 à 1998. Il faut croire que cette période lui donnera beaucoup de bonheur car il prendra le temps d’écrire un grand nombre d’articles sur les télécoms, mais, plus largement, de participer à des débats et des conférences sur des sujets économiques.
Il faudra attendre 1998 pour le voir revenir sur le terrain. C’est Mostafa Terrab, actuel DG du groupe OCP, alors nommé à la tête de l’ANRT, qui lui propose le poste de directeur de l’évaluation et de la concurrence. A partir de ce poste, la réussite de la vente de la deuxième licence GSM va le propulser au-devant de la scène. Il aura aussi à participer à l’arbitrage dans les différents conflits entre opérateurs et à l’élaboration des lois, dans un environnement où les textes sont dépassés rapidement avec l’évolution des technologies.
Ahmed Khaouja a milité pour que l’internet fasse partie du service universel et contribué à arrondir les angles entre opérateurs sur les questions techniques pointues et pour l’installation de la concurrence.
Il n’est pas seulement actif sur la scène nationale. Il est aussi de la plupart des rencontres et séminaires de l’organisation internationale des télécoms et des contacts entre les régulateurs du monde entier, surtout que le travail de l’agence marocaine est cité en exemple en matière de libéralisation des télécoms.
