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Au Royaume

Adnane Boukamel laisse tomber une brillante carrière pour devenir le patron de l’Ecole Hassania

Le déclic pour les sciences et les maths aura lieu quand ses parents lui font doubler la dernière classe du primaire.
Ingénieur et docteur en mécanique, il coiffe une des filières de l’enseignement de l’Ecole des ingénieurs de Marseille.
Il a collaboré avec de grands groupes comme Aérospatiale ou Peugeot.

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Un scientifique bien ancré dans son époque est celui qui a compris qu’avoir  bien étudié et s’être distingué dans sa discipline d’abord, la période des laboratoires pour faire de la recherche ne sera qu’une deuxième étape car il y en aura d’autres. Et notamment celle de transformer son savoir en applications au service de l’économie et de l’industrie. C’est comme cela qu’aime se définir Adnane Boukamel, le nouveau patron de l’Ecole Hassania des travaux publics (EHTP). L’homme est une autorité scientifique reconnue qui a été associé au développement d’applications de la mise en orbite de la fusée Ariane V ou encore aux systèmes d’absorption de chocs d’accidents en automobile pour le compte de Peugeot, entre autres. C’est sûrement ces parties saillantes de son CV qui ont dû compter lorsqu’il a été choisi quand il a postulé pour le poste vacant de directeur de l’EHTP, il y a près d’une année. Mais ce ne sont là que quelques moments forts du parcours de cet homme qui fut dès le début attiré par le génie civil.
Adnane Boukamel est né à Meknès en 1961, et il est le deuxième d’une fratrie de cinq frères et sœurs. Papa et maman sont tous deux inspecteurs d’arabe dans l’enseignement public. Cela va certainement l’aider mais pas de la manière qu’on serait tenté d’imaginer. Oui, il a été admis à l’école à 5 ans, oui, ses parents l’ont encadré. Mais cela n’en fera pas un surdoué dès le départ. En effet, il a été un élève moyen jusqu’à ce que se produise un événement qui va le marquer et secouer l’énergie cachée en lui. En effet, le jour de l’examen du CEP (certificat des études primaires), ses parents le jugeant encore jeune lui apprennent la veille de l’examen qu’ils ont décidé de le faire redoubler pour qu’il soit mieux préparé à l’épreuve. Cela va être le coup de fouet qui va lui faire découvrir la bosse des maths qu’il avait. Au collège comme au lycée, c’est un brillant élève qui se révèle, raflant toutes les bonnes notes d’abord en sciences puis en mathématiques.

Au moment où il se préparait à rentrer, on lui offre un poste d’enseignant chercheur

Quand il obtient son bac en 1979, le chemin est tout tracé car après les deux années de prépas au lycée Lyautey, et même s’il a le choix entre plusieurs établissements prestigieux, il opte pour l’Ecole supérieure d’ingénieurs de Marseille (ESIM). Il croit si bien faire car une partie de sa vie sera liée durablement à cette institution. Il n’a pas de soucis financiers avec la bourse française de
2 000 FF que confortent les 700 FF que lui octroie son pays d’origine, surtout, se rappelle-t-il, que la chambre lui revenait à 360 FF et à l’époque le ticket du resto de la cité ne coûtait guère plus de 10 FF. Après le diplôme d’ingénieur, il y obtient son DEA en 1985, son doctorat en mécanique et, plus tard, son habilitation à diriger des recherches. Il est spécialisé en «acoustiques et dynamiques de vibrations, en mécanique des solides» et, enfin, plus tard, en mécanique. Son brillant parcours académique ne lui fait pas tourner la tête et il veut rentrer au pays. Mais il va se produire un événement qui va en
faire autrement : l’université où il fait déjà des vacations lui propose un poste d’enseignant chercheur. Il est aux anges, surtout qu’on lui demande de repenser la filière qui trouve de moins en moins de débouchés. C’est là que va commencer une aventure qui va lui ouvrir d’autres voies. Il se fait sponsoriser par les industriels et notamment Eurocopter (devenue aérospatiale) et Solac. Il modifie la filière en mettant en place une équipe de réflexion et de validation qui supervisera les résultats du cursus de la première année. Il continue à suivre de près ce travail tout en enseignant et tout en affinant sa collaboration avec les industriels.
C’est là qu’il travaille sur le dispositif interactif d’orientation et d’assouplissement de la fusée Ariane V, puis sur l’absorption des chocs en matière de sécurité passive pour le groupe Peugeot. 
Adnane Boukamel, même en étant élu chef de département, trouve le temps de faire de la recherche au CNRS pour la valorisation industrielle des applications scientifiques. Au total, il arrive à mobiliser, bon an mal an, 150 000 euros pour faire de la recherche pour le compte des industriels.

Le mal du pays lui «intime» de postuler à l’annonce de EHTP qui cherchait un directeur

Mais toute cette activité fébrile ne lui fait pas oublier ses racines et l’envie de retourner au pays le tenaille. C’est là qu’il saisit l’opportunité que présente le poste de directeur de l’EHTP. Il reconnait qu’il est impressionné par le travail et par les richesses de l’école qu’il entend arrimer autant qu’il peut au monde de l’entreprise et à son environnement. Cet éternel optimiste s’en explique : «Je peux vous dire que les 100 millions de DH annuels de budget dont dispose l’EHTP feraient rougir d’envie de grandes écoles de l’Hexagone. Cette somme est le triple de celle de l’Ecole supérieure d’ingénieurs de Marseille. Je peux dire aussi que les 70 enseignants chercheurs et ingénieurs formateurs comme l’ensemble des 700 étudiants sont autant de richesses pour l’école comme pour le pays».