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Au Royaume

Abdeladim LHAFI : Un vétérinaire pour protéger les poumons verts du Maroc

Secrétaire général du ministère de l’agriculture, secrétaire d’Etat chargé de la mise en valeur agricole, ambassadeur : il a fait un parcours exceptionnel dans l’Administration.
Ce vétérinaire de formation issu d’une famille modeste n’a jamais été tenté par le privé.
Directement ou non, il a consacré toute sa carrière au monde agricole.

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Le parcours de Abdeladim Lhafi, haut commissaire aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification, est représentatif de celui de nombre de Marocains. Il est issu d’une famille modeste et nombreuse et doit son ascension à son seul mérite. Ensuite, il a choisi le service public un peu sans le vouloir puisqu’il devait faire son service civil. Mais à aucun moment il n’a été tenté d’aller vers le secteur privé car, d’une mission à l’autre, il n’a même pas eu le temps d’y penser.
Ce vétérinaire de formation a commencé comme cadre au ministère de l’agriculture où il a gravi tous les échelons pour accéder au poste de secrétaire général avant de devenir en 1997 secrétaire d’Etat chargé de la mise en valeur agricole. Il a ensuite occupé la fonction d’ambassadeur du Maroc en Allemagne de 1999 à 2003 avant d’être nommé à son poste actuel.
Adeladim Lhafi est né à Ahfir en 1949. Il est le troisième enfant d’une famille qui en compte dix. A l’époque Ahfir s’appelait encore Martin Prey du Kiss (Martin Prey est le nom d’un officier français et le Kiss est le nom de la rivière frontalière entre le Maroc et l’Algérie).
Abdeladim Lhafi va suivre un parcours typique du jeune Marocain de l’époque, le m’sid puis l’école primaire à Ahfir même. Il poursuit de brillantes études secondaires à Berkane, où la famille ira s’installer par la suite, et au lycée Omar Ibn Abdelaziz à Oujda. Et là va se produire un événement inattendu et qui a failli lui coûter cher. Ayant opté, par goût, pour une formation littéraire, il n’a dû son salut qu’à l’opposition de ses professeurs qui l’orientèrent vers les sciences expérimentales et c’est en 1968 qu’il obtient son bac. Grâce à la bourse d’études qu’il décroche, et après l’année de prépas, il s’inscrit à l’Ecole nationale française de Toulouse, une des trois écoles de l’Hexagone qui enseignaient les sciences vétérinaires à l’époque.

Il est à l’origine du fonds de sauvegarde du cheptel

Quand il revient au Maroc à la fin de ses études, il ne savait pas qu’il avait contracté une infection, la fièvre de Malte, au contact des animaux. Mais ce n’est pas la seule surprise puisqu’une fois affecté au Haras régionaux de l’Oriental comme vétérinaire, il va devoir, entre autres missions, superviser l’achat de chameaux pour l’armée qui voulait constituer des bataillons de méharistes. Quand il objecta au commandant de la place d’armes d’Oujda qu’il n’avait qu’une vague idée sur les chameaux  celui-ci ne se démonta point : «Mais, Dr Lhafi, cela va être une occasion pour vous d’apprendre». Va donc pour les chameaux…
Le Dr Abdeladim Lhafi va s’atteler à la tâche de 1974 à 1979 comme directeur des Haras régionaux de l’Oriental, après quoi il sera nommé chef de service de l’hygiène et de l’industrie des denrées animales et d’origine animale jusqu’en 1983 où il devient d’abord chef de la division de la santé animale puis, à partir de 1986, directeur de l’élevage au sein du ministère de l’agriculture. Et c’est à ce poste qu’il met en place le fonds de sauvegarde du cheptel. Après dix ans passés à ce poste stratégique, il se voit investi, en 1993, de la mission de secrétaire général du ministère de l’agriculture. Là et pendant quatre ans, ce sont des chantiers stratégiques qu’il aura à gérer. Car il fallait passer à une économie de marché, appliquer la vérité des prix puis faire changer les mentalités comme par exemple l’assolement (changement de cultures) qu’on imposait aux agriculteurs.

Il veut ouvrir la ville sur son environnement naturel

Il a également travaillé sur la législation de l’eau qui en fera, désormais, un bien public. Avec le gouvernement des technocrates formé en 1997, il était tout désigné pour le poste de secrétaire d’Etat chargé de la mise en valeur agricole qu’il occupera durant une année.
Quelques mois plus tard, il est nommé comme ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire à Berlin. «Je n’étais pas vraiment sorti du monde agricole puisqu’il fallait diversifier les rapports avec les autres membres de l’Union européenne et les dossiers agricoles étaient souvent sur le tapis dans le cadre la diplomatie économique».
A partir de 2003, Abdeladim Lhafi devient Haut commissaire aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification et il se sent aussi dans son élément et entreprend la conception d’une politique forestière de grande haleine. La philosophie que prône Abdeladim Lhafi est de protéger la biodiversité en tenant compte de la contrainte structurelle du réchauffement climatique, et particulièrement la sécheresse qui nous touche de très près. Dans son plan décennal (2005 à 2014), le Haut commissariat veut aussi mieux ouvrir la ville sur son environnement naturel en travaillant, par exemple, sur les forêts urbaines comme dans le cas de Casablanca pour ce qui est du projet du parc Sindibad. Il annonce aussi la réhabilitation de la forêt de Bouskoura après celle de Harhoura (Témara). «La défense de la nature ne peut être fondée que sur l’interdiction d’actes de vandalisme de toutes sortes, il faut également aménager et concevoir des aires de jeux ou de pique-niques pour permettre aux citoyens de jouir de l’espace naturel» , dit-il.