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Argent

Maroc Telecom cotée dès le 13 décembre

Toutes les sociétés de Bourse recommandent de souscrire à l’opération.
Le prix définitif sera fixé le 8 décembre : il variera entre 54,60 et 68,25 DH par action.
Crédit du Maroc Capital estime que le titre sera vendu avec une décote comprise entre 7 et 34%.

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L’opération d’introduction en Bourse de Maroc Telecom est lancée. Le coup d’envoi a été donné lundi 22 novembre, au lendemain de l’obtention du visa du Conseil déontologique des valeurs mobilières, qui a mis pour l’occasion les bouchées doubles pour permettre à l’opération de se faire avant la fin de l’année.
Depuis le 22 novembre, la période de souscription est ouverte et vous aurez jusqu’au 3 décembre pour «faire votre marché» et acheter les titres de l’opérateur historique de télécommunications au Maroc, contrôlé depuis 2001 par le géant mondial Vivendi Universal. L’Etat cédera un maximum de 14,9 % du capital en trois tranches : une première au profit des salariés et retraités de Maroc Telecom ; une seconde destinée aux personnes physiques et une dernière auprès d’investisseurs institutionnels au Maroc et à l’étranger. Ces derniers bénéficieront d’un délai supplémentaire de 4 jours, et auront donc jusqu’au 7 décembre pour passer leur ordre d’achat. Le prix d’introduction sera, pour la première fois au Maroc, fixé après la fin des souscriptions et s’inscrira dans une fourchette allant de 54,60 à 68,25 dirhams par action (voir encadré ci-dessous).
Les actions de Maroc Telecom, qui porteront jouissance au 1er janvier 2005, seront cotées à la Bourse de Casablanca et à Euronext Paris (premier marché, par cotation directe).
L’Etat espère tirer de l’opération un maximum de 8,94 milliards de dirhams. Un montant qui correspond à la fois à une offre initiale de 13 % et à une option de surallocation (Greenshoe, voir encadré en page suivante) portant sur 1,9 % du capital.

Un entreprise opérant dans un marché qui enregistre une croissance à deux chiffres
Un petit tour auprès des départements analyse et recherche des différentes sociétés de Bourse de la place montre que les analystes sont unanimes et recommandent tous de souscrire à l’opération. Dès la fin de la semaine dernière, et avant même l’annonce de la fourchette des prix d’introduction, les notes de recherches étaient prêtes, estampillées d’une recommandation de souscrire à l’opération. C’est le cas de cette société de Bourse qui, abstraction faite du prix de l’action Maroc Telecom, pense que le titre «dispose d’atouts décisifs pour réussir un excellent parcours en Bourse et qu’il mérite de figurer dans tous les portefeuilles, notamment en tant que valeur de placement». Une étude de Crédit du Maroc Capital valorise par ailleurs l’action Maroc Telecom à 73,3 dirhams, ce qui représente, selon elle, une décote comprise entre 7,4 % à 34,2 % par rapport à la fourchette proposée de 54,60 – 68,25 DH.
Certains analystes, poussant encore plus loin, affirment que même au prix offert par Vivendi Universal pour acquérir les 16 % supplémentaires du capital, à savoir 88,16 dirhams par action, le titre Maroc Telecom reste prometteur.
Les arguments ne manquent pas en effet. Le marché des télécommunications est en pleine expansion au Maroc ; il offre à ce titre un important potentiel de croissance. Entre 1998 et 2003, il a évolué en moyenne annuelle de 20,5 %, passant de 7,4 milliards de dirhams à 18,9 milliards. Sa contribution au PIB du Maroc est de l’ordre de 4,5 % à fin juin dernier. Mais, au-delà des caractéristiques du secteur, les fondamentaux de Maroc Telecom plaident pour l’adoption de la valeur en tant qu’action de fond de portefeuille. Maroc Telecom jouit en effet d’une très bonne santé financière, résultat naturel de sa bonne rentabilité et de son faible endettement.

Une dérogation spécifique du CDVM pour ne pas dévoiler les déterminants de la valeur
Pour évaluer Maroc Telecom, les conseillers du gouvernement marocain ont retenu deux méthodes : les «comparables» et les «discounted cash flows». Mais au niveau de la note d’information visée par le CDVM, on ne verra aucune indication sur les éléments prévisionnels et les détails ayant servi pour la détermination de la valeur, notamment à travers la deuxième méthode. Maroc Telecom a en effet obtenu une dérogation spéciale du CDVM, qui la dispense de la publication de ces détails. M. Ahizoune explique cela par le caractère confidentiel de son business-plan et de la sensibilité de l’information par rapport à son concurrent direct, Medi Telecom. La société avance par ailleurs que la fourchette de prix proposée tient compte également des contacts établis avec les investisseurs institutionnels dans le cadre de la période de prémarketing de l’opération. Laquelle période a débuté dès l’obtention du visa sur la note préliminaire.
Toutefois, du peu de chiffres publiés, il ressort que Maroc Telecom figure en très bonne position par rapport à un échantillon composé d’opérateurs homogènes, choisis selon des critères incluant la richesse relative du pays dans lequel ils opèrent et ses perspectives de croissance, le niveau de maturité et le degré de concurrence de leurs marchés de télécommunication, les données opérationnelles et la taille de ces opérateurs ainsi que la liquidité des titres.
Ainsi, comparativement à ces opérateurs, présents en Afrique du Sud, Egypte, Turquie, République Tchèque, Hongrie, Pologne et Israël, Maroc Telecom affiche une croissance supérieure à la plupart des opérateurs intégrés (fixe et mobile). La marge de résultat d’exploitation (avant amortissement) de Maroc Telecom, qui s’inscrit à 57,4 %, est pour sa part supérieure à celle de l’ensemble de l’échantillon que les sociétés soient intégrées ou opérent exclusivement sur le mobile.
Les valorisations des différentes sociétés de Bourse indépendantes se basent pour leur part sur des chiffres non confirmés par le management de Maroc Telecom et ne peuvent donc renseigner qu’approximativement sur la valeur réelle de la société. Mais, ce qui est certain, c’est que bon nombre d’investisseurs accorderont, dans ce cas, peu d’importance aux valorisations faites par les uns et les autres. Cet observateur fait bien de le souligner : «Les investisseurs ont attendu tellement longtemps cette occasion pour acquérir des titres de Maroc Telecom que ce n’est pas aujourd’hui qu’ils vont analyser rationnellement les prix». La demande sera certainement très forte, on s’attend à des chiffres allant de 150 000 à 200 000 souscripteurs. Mais les observateurs avertis essayent de relativiser, estimant qu’un chiffre de 80 000 à 90 000 serait déjà une excellente chose.
En tout cas, les banques essayent de tirer vers le haut en proposant des packages pour financer, à crédit, l’acquisition des titres Itissalat Al Maghrib, ce qui n’est pas sans risque et ne sert pas nécessairement le marché.
Signalons enfin que vous pouvez souscrire auprès de toutes les banques et sociétés de Bourse de la place. Les salariés de Maroc Telecom auront affaire à Attijari Intermédiation et les institutionnels de droit étranger devront passer par Attijari Finances Corp., BNP Paribas ou Merrill Lynch qui sont, rappelons-le, les organismes-conseil et coordinateurs globaux de l’opération. Attijari Intermédiation est chef de file du syndicat de placement et BMCI est chef de file associé .

Preuve de l’attractivitédu titre, avant même l’annonce de la fourchette des prix d’introduction, les notes de recherches des sociétés de Bourse étaient prêtes, estampillées d’une recommandation de souscrire à l’opération.

La demande sera certainement très forte. On s’attend à des chiffres allant de 150 000 à 200 000 souscripteurs.

Les particuliers ont jusqu’au 3 décembre pour souscrire. Ils le feront sur la base d’un montant à investir et non pas d’un nombre d’actions à acquérir.