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Argent

Louer ou acheter un coffre-fort, ce qu’il faut savoir

Seules les agences bancaires importantes et les succursales, dans les grandes
villes, disposent de
coffres-forts.
Ces derniers sont loués à l’année à des tarifs
largement accessibles.
Ce service est plus un produit d’appel qu’une source de profits pour
les banques.

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rub 5816

Quelle est la manière la plus sûre de conserver documents, bijoux et autres objets de valeur ? A cette question, la majorité des particuliers que nous avons interrogés répondent spontanément : «Un coffre-fort ». Mais tous n’en possèdent pas. La plupart du temps, les documents ayant une certaine valeur – pas forcément pécuniaire – sont enfermés à clé dans des tiroirs alors que les bijoux sont – trait de culture marocain – à l’abri dans la « samsonite ». Les plus prudents font appel aux parents ou amis de confiance qui détiennent un vrai coffre blindé alors que les plus méfiants sollicitent leurs banquiers pour louer un coffre ou un compartiment de coffre-fort.
Un tour de la place montre cependant que toutes les banques n’offrent pas ce service. Et quand c’est le cas, il n’est disponible qu’auprès des (très) grandes agences, voire des succursales uniquement. Bien évidemment, on ne trouve cette possibilité que dans les principales villes du Royaume.
Comment louer un coffre ? Le locataire signe un contrat avec sa banque qui s’engage à mettre à sa disposition un coffre ou un compartiment de coffre pour une période déterminée, moyennant redevance. La banque ne peut permettre l’accès du coffre qu’au locataire ou à son mandataire. Elle ne doit conserver aucun double de la clé ou des clés qui sont remises au client. Mais ces clés restent la propriété de la banque et doivent lui être restituées à la fin du contrat. Avant d’accéder à la salle des coffres, le client signe obligatoirement un registre des visites et se fait accompagner par les détenteurs des «clefs de service» et des «clefs de contrôle», sans lesquelles la seule clé du client ne permet pas d’ouvrir le coffre. En effet, pour plus de sécurité, les coffres de la banque ont deux clés, l’une chez le client, l’autre chez le banquier.

La banque ne peut garder le double des clefs

La location d’un coffre se paie à l’année et les tarifs sont dérisoires compte tenu de la valeur des biens qu’il est censé abriter et du dispositif de sécurité qui l’entoure. La banque doit en effet prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer le bon état et la surveillance des coffres et, en cas de péril quelconque menaçant cette sécurité (inondations, transferts…), elle doit faire en sorte que les locataires puissent vider leurs coffres avant la réalisation de ce péril. Lorsque le contenu du coffre est assuré (il faut savoir que certaines banques ne le font pas), il ne l’est pas à hauteur de sa valeur réel mais d’une valeur forfaitaire préalablement communiquée au locataire.
Les coûts de location sont relativement modiques. Au même titre que les commissions bancaires ou les taux d’intérêt, ils sont libéralisés et ne suivent aucune directive de Bank Al Maghrib. Auprès des banques contactées par La Vie éco, les prix que nous avons obtenus s’inscrivent dans une fourchette de 250 à 2000 dirhams par an, en fonction de la dimension du coffre. Certaines banques demandent une caution avant la signature, mais, là aussi, elle reste accessible, aux environs de 1 000 dirhams. Une raison à cela : les banquiers assimilent le service à un « cadeau » fait à la clientèle qui détient par ailleurs des comptes bien remplis. Le coût réel de gestion pour la banque est en effet de loin supérieur aux tarifs appliqués, vu l’investissement concédé pour la construction, la gestion, la sécurisation et la maintenance de la salle des coffres…
Certains banquiers nous ont d’ailleurs confirmé la volonté de leur établissement d’arrêter cette « activité subsidiaire ». Si elles ne l’ont pas encore fait, c’est parce qu’il s’agit d’un avantage compétitif. Les clients fortunés peuvent changer de banque si la leur se décide à arrêter ce service.
Cela dit, si les coûts sont bas, la disponibilité est presque nulle. Il est aujourd’hui très difficile de trouver un coffre disponible dans une banque. Ils sont déjà en nombre réduit à la base, et pour la plupart, loués par des clients très anciens qui ne veulent pas arrêter leurs contrats. Les directeurs des agences qui offrent ce service se montrent en outre très réticents à attribuer un coffre, de peur de voir le locataire fermer son compte (d’où est prélevé le loyer) ou disparaître en gardant un contenu non identifiable dans le coffre. La banque n’a certes aucune responsabilité par rapport à ce contenu, mais elle ne peut réutiliser le coffre et doit intenter une action en justice pour pouvoir le forcer.

En cas de décès, les héritiers ou leurs mandataires doivent être présents.

L’ouverture forcée se fait en présence d’un greffier, lequel dresse un procès-verbal et descriptif du contenu qui fait foi à l’égard de tous les intéressés. Enfin, sachez qu’en cas de décès du locataire du coffre, les héritiers ou leurs mandataires doivent être présents lors de l’ouverture forcée.
Mais que met-on dans ces coffres-forts ? Aucune statistique n’existe en la matière puisque, par définition, le contenu du coffre-fort est strictement privé et ne fait l’objet d’aucun contrôle par la banque. On demande cependant au client d’éviter de placer dans son coffre tout objet ou produit susceptible de nuire à la sécurité de la banque ou à l’intégrité des coffres (…). Mais des banquiers, citant leurs clients, nous confient que la plupart des dépôts concernent des contrats, documents notariés, titres fonciers et bijoux. Certains y déposent des devises, ce qui est interdit par la loi et pourraient donc même y garder des objets illicites, puisque rien ne vient le leur interdire formellememnt.
Par le passé, les actions et obligations figuraient en bonne position dans les coffres bancaires mais, depuis l’entrée en service du dépositaire central (Maroclear) et la dématérialisation des titres, ce type de papier a en principe disparu. « Mais il en reste certainement encore dans des coffres délaissés », nous a-t-on affirmé