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Bourse : les cours devraient se stabiliser d’ici la fin de l’année
Les prévisions de résultats déjà intégrés dans les cours. Certaines valeurs devraient connaître une certaine volatilité. Les analystes s’attendent à une progression de 9% des bénéfices des sociétés cotées sur toute l’année 2017.

Le bal des publications financières des sociétés cotées relatives à la première moitié de 2017 va bientôt commencer. D’ici là, les opérateurs retiennent leur souffle sur le marché boursier en attendant d’apprécier l’orientation globale des résultats. «Ce qui conditionnera leur comportement sur le marché, car ils adaptent leurs politiques de placement en fonction des performances des sociétés cotées», explique le directeur du département Analyses et recherches d’une société de bourse.
Il est utile de rappeler que sur les huit premiers mois de l’année, le MASI, indice général du marché boursier, a enregistré une progression de 5%. Une performance réalisée en deux temps : une première phase caractérisée par une hausse étalée sur les 10 premières séances de janvier, où le Masi avait atteint un plus haut niveau de 12886,32 points, correspondant à une performance de 10,67% ; et une seconde phase, à partir du 12 janvier jusqu’au 4 septembre où il a fait une contre-performance de 3,8%, reflétant l’évolution négative des cours des valeurs de quelques secteurs phares de la cote, notamment les secteurs bancaire, des télécoms ou encore du bâtiment & matériaux de construction qui représentent plus de la moitié de la capitalisation flottante.
Il faut dire que le marché boursier a été fortement impacté par les péripéties de la scène économique. Un manque de visibilité a caractérisé la place, suite au retard de formation du gouvernement, ce qui a freiné la progression des cours. Ceci dit, après la nomination du gouvernement, le vote de la Loi de finances, les choses semblent reprendre le bon chemin, et le marché est beaucoup plus orienté à la hausse «avec des niveaux de valorisation très élevés même! Mais les perspectives économiques étant bonnes, induisant de bonnes perspectives pour les entreprises, cela redonne confiance aux investisseurs en attendant la publication des résultats semestriels», affirme le directeur du département analyses et recherches d’une société de bourse. Avant d’ajouter que «le contexte est quasiment le même que l’année dernière». Bien qu’il y ait eu une légère correction à la hausse des rendements obligataires, ils restent à des niveaux faibles ou du moins pas assez intéressants pour décider les investisseurs à rapatrier leurs fonds du marché boursier vers le marché obligataire, ce qui était le cas durant la période 2012-2013.
Toujours assez de cash mais pas assez de titres à potentiel
Par ailleurs, et au-delà des rendements obligataires faibles, la situation de liquidité est toujours confortable, malgré l’incidence des craintes sur la flexibilisation du dirham et l’aggravation du déficit commercial.
En somme, tous les facteurs sont réunis pour favoriser la progression des cours boursiers. «Le seul point qui noircit le tableau est la rareté des titres qui offrent un potentiel de croissance suffisamment important pour créer le déclic», livre un analyste. D’ailleurs, les anticipations des sociétés de bourse en début d’année par rapport aux cours cibles des sociétés ont été atteintes pour la majorité. «Le marché reste correctement valorisé, on devrait assister d’ici la fin de l’année à des périodes de volatilité liés aux résultats semestriels. Mais on restera sur les mêmes niveaux du milieu de l’année», affirme un trader. Un avis partagé par le directeur du département Analyses qui affirme que «si les résultats semestriels ne viennent pas remettre en cause positivement les prévisions des analystes, le marché risque d’être flat d’ici la fin de l’année». Rien ne plaiderait non plus pour une correction à la baisse, parce que les conditions ne s’y prêtent pas. Une baisse reviendrait à ce que les investisseurs se délestent du marché actions, et en supposant qu’ils le fassent, où vont-ils bien partir ?
Un mouvement baissier lié à la sortie des investisseurs étrangers est un scénario très peu probable également. Ces derniers qui faisaient, historiquement, la pluie et le beau temps sont très peu présents sur le marché depuis la reclassification du Maroc dans l’indice MSCI d’Emerging à Frontier Market ; et la taille des fonds qui interviennent sur le marché marocain a baissé de manière substantielle. Toutefois, un léger regain d’intérêt pour le marché marocain est perceptible aux dépens des marchés africains qui ont connu une année 2016 difficile (Nigéria, Afrique du sud, etc.). «Les investisseurs sont de plus en plus intéressés par le Maroc, mais on n’assiste toujours pas a un retour massif à l’instar des années 2006-2007», précise un trader.
Pronostics mitigés sur les résultats semestriels
Quoi qu’il en soit, les pronostics sont mitigés quant à l’orientation des résultats semestriels. «Certaines activités ont beaucoup souffert cette année (à l’instar du secteur cimentier dont les ventes ont nettement baissé), mais cela ne veut pas dire systématiquement que leurs marges ont été impactées. Leurs résultats peuvent être bons», explique le directeur du département Analyses. En face, certains secteurs devraient afficher de bonnes performances.
Le secteur des boissons par exemple : Oulmès, qui connaît un essor important, et Brasseries du Maroc, dont 70% des ventes sont réalisés en été.
Le secteur bancaire devrait également réaliser un bon semestre grâce à la baisse du coût du risque qui devrait être un bon catalyseur des résultats cette année. Le PNB, pour sa part, devrait stagner suite à la hausse des taux depuis le début de l’année. Même si cette hausse est légère, son impact est important sur la valorisation du portefeuille de trading des banques. D’ailleurs, les résultats trimestriels confortent les anticipations des analystes dans ce sens.
S’agissant du secteur immobilier, il existe très peu de données pour émettre des anticipations, selon les analystes. «Ceci dit, sur l’activité bancaire, on note une légère reprise des crédits aux promoteurs immobiliers, les valeurs du secteur pourraient réaliser un bon semestre 2017», confie l’un d’eux.
Le secteur agroalimentaire devrait également réaliser un bon semestre, notamment Cosumar «qui devrait afficher une bonne performance, toutefois déjà anticipée par le marché. Les résultats devraient êtres boostés par une bonne saison agricole, en plus des efforts consentis pour améliorer les rendements (investissements, accompagnement des agriculteurs», explique un analyste. Aussi, les minières devraient profiter de la hausse des cours des métaux depuis les élections présidentielles américaines. «Ce semestre devrait être meilleur que celui de 2016, en neutralisant la partie coûts et fluctuation du dollar», affirme l’analyste. Dans le même sillage, le secteur technologique et celui de l’acier devraient aussi réaliser un bon semestre. D’ailleurs, pour ce dernier, la baisse des importations de ronds à béton suite à l’introduction de mesures de défense commerciale a créé un rush des investisseurs sur la valeur Sonasid. «Celle-ci assiste à son année de reprise sur le plan en fondamental et boursier», affirme un analyste.
Par ailleurs, si le marché retient son haleine deux fois par an, en attendant les réalisations semestrielles et annuelles des sociétés cotées, c’est aussi parce qu’il manque de visibilité pendant le reste de l’année ; par manque de publications autres que financières, de statistiques sectorielles. Les publications financières rythment l’orientation de l’indice mais d’autres paramètres non maîtrisables par les opérateurs pourraient influer sur son évolution.
Entre-temps, certains analystes prévoient pour la masse bénéficiaire globale de la cote une évolution de 9% sur toute l’année 2017 par rapport à 2016.
[tabs][tab title = »Retour des petits porteurs mais faible impact sur le Masi« ]Le marché connaît depuis la deuxième moitié de l’année dernière un retour en force des personnes physiques. Un retour qui reste cependant très sélectif et concentré sur une poignée de valeurs ; notamment SNEP, Med Paper, Alliances, Sonasid, ou encore Label’Vie. «Le particulier ne s’intéresse pas au 5% ou 6% qu’il peut réaliser sur une grosse capitalisation. Sa politique d’investissement consiste à faire du 20 à 30% de performance en l’espace de 3 mois sur les Small et mid cap», explique le directeur du département Analyses et recherches d’une SDB. D’où un faible impact sur le comportement global du marché. Il faut noter cependant que malgré la grande volatilité exercée sur ces valeurs, l’impact sur l’indice demeure faible, au vu du poids pas très important de ces dernières dans l’indice.[/tab][/tabs]
