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Thé : le marché est perturbé par les importations effectuées à partir de Laà¢youne
De 1 000 tonnes par an, les importations via le sud du Maroc ont atteint 5 000 tonnes en 2012. Le nombre d’opérateurs basés à Laà¢youne est passé de 5 à 40. Les produits en provenance du sud sont de 5 à 10% moins chers.

Le marché du thé connaît quelques perturbations. Les importations effectuées à partir de Laâyoune et acheminées vers le reste du pays commencent à inquiéter sérieusement les opérateurs. De l’ordre de 1 000 tonnes pour une consommation de 600 tonnes pour la région, ces importations en provenance de Chine atteignent aujourd’hui 5 000 tonnes, soit près de 10% des importations globales du Maroc qui fluctuent entre 55 000 et 60 000 tonnes annuellement. Cette forte augmentation du volume s’est faite dans le sillage de celle des importateurs résidant dans cette ville, qui jusqu’à 2011 n’étaient que cinq contre 30 à 40 actuellement.
Ce phénomène a, expliquent les opérateurs, deux implications. D’abord sur le prix. De l’avis des professionnels, le thé en provenance du sud est vendu 5 à 10% moins cher. Ils soulignent que ce différentiel par rapport aux prix normaux observés sur le marché ne peut être possible qu’en cas de sous-facturation. Et les importateurs d’inviter «les pouvoirs publics à se pencher sur ces pratiques pour mettre fin à ces opérations» qui sont aussi encouragées par la fiscalité allégée dont bénéficie la région.
Le Maroc absorbe 27% des exportations de thé de la Chine
Sur le marché, les prix oscillent entre 35 DH et 130 DH le kilo, précise Essaid Berrannoun, directeur général adjoint de la Marocaine des thés et infusions, filiale de TMan, holding appartenant au groupe Raji. Cette diversité des prix est essentiellement justifiée par la qualité et les grades du thé. Il faut savoir qu’au Maroc deux grandes familles de thé sont consommées : le grain et le filament (chaâra). Les importations en provenance de Laâyoune portent essentiellement sur le filament de moyenne et haute gamme.
Ensuite, les opérateurs craignent un déplacement des sources d’approvisionnement du marché vers le sud. «En effet, l’évolution des importations en provenance de Laâyoune pourrait éventuellement tenter les opérateurs des autres régions du pays à s’approvisionner à partir de cette zone, sachant que les prix de vente sont bas du fait d’une fiscalité favorable». Il est à rappeler que les importations de thé sont soumises à un taux de 40% de droits de douane auquel il faut ajouter une taxe sur la valeur ajoutée de 14%. Comme les produits de première nécessité sont exonérés de TVA dans cette région, un éventuel déplacement des zones d’approvisionnement entraînerait une perte de recettes fiscales pour l’Etat.
Le Maroc, premier importateur de thé vert de Chine, absorbe 27% des exportations chinoises qui s’élèvent à 220 000 tonnes sur une production globale de 1,8 million de tonnes par an. Ces importations couvrent 99% des besoins estimés à 2 kilos par habitant et par an. Selon les estimations des opérateurs, les importations de thé ont totalisé 54 000 tonnes en 2012 contre 59 000 tonnes une année plus tôt. A l’origine de ce recul, d’une part, la flambée des cours du thé à l’international qui ont augmenté de 60% durant ces deux dernières années, et, d’autre part, les aléas climatiques. Après une accalmie de quelques mois, les opérateurs craignent une nouvelle hausse en raison d’un retard de deux semaines de la récolte, aggravé par une pression sur la demande provenant de pays comme l’Ouzbékistan et ceux d’Afrique, sans toutefois oublier, signale M. Berrannoun, l’amélioration du niveau de vie des Chinois qui entraîne une croissance du marché intérieur.
