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Investir, le nouvel impératif du transport touristique

Les opérateurs achètent des véhicules de petite et moyenne taille, compte tenu de la cherté des autocars de 48 places. L’agrément délivré pour 7 ans n’encourage pas les gros investissements, alors que la flotte est vieillissante. Le secteur aura du mal à répondre à la demande engendrée par la reprise du tourisme de croisière attendue pour 2020.

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Transport touristique

L’embellie de l’activité touristique (+8% des arrivées à fin février 2019) se lit très nettement sur le segment du transport. Les professionnels évoquent une croissance satisfaisante mais craignent une diminution en 2019/2020, eu égard à la reprise des destinations voisines de la Méditerranée, l’Egypte et la Tunisie, notamment. «A Marrakech, durant l’évènement de Dior Cruise Show les 28 et 29 avril, 200 véhicules ont été loués, notamment des TGR (voitures de luxe) et TLS (voitures de moins de 8 places). Lors des 4 premiers mois de l’année, la demande pour les autocars de plus de 25 places a été tout aussi importante. Mai et juin étant une période creuse, une légère reprise est attendue à partir de juillet et devrait être plus vigoureuse en septembre», déclare Rachid Bouamara, président de l’Association régionale des transporteurs touristiques du Grand Casablanca (ARTTC). Seul obstacle: le vieillissement du parc et les disponibilités, selon les villes.

Préférence pour les véhicules de taille moyenne et petite

D’après Taoufik Madih, président de l’Association régionale de voyages de Marrakech-Safi, il existe plus de 80 véhicules (des minibus de 6 à 15 places) destinés au transport touristique dans la ville ocre. Ce qui veut dire que pour des autocars de 48 places très prisés lors des congrès, il faut aller en chercher à Casablanca. L’autre souci exprimé par M. Madih est que «la qualité de certains véhicules laisse parfois à désirer, d’autant plus que l’investissement ne suit pas l’intensité de la reprise».

Pourtant selon Khalid Mouhib, secrétaire général de la Fédération nationale de transport touristique (FNTT), l’investissement des opérateurs dans le transport touristique en 2019 est réel. Il est poussé par la bonne progression du tourisme dont a bénéficié le secteur. «De nouveaux agréments ont été accordés par le ministère du transport à de nouveaux opérateurs, après des mois d’attente. Reste que l’agrément est délivré pour une période limitée de 7 ans (renouvelable avec un nouveau dépôt) alors que les opérateurs engagent des investissements à long terme», remarque M. Mouhib. A titre d’exemple, Mehdi Rouissi, directeur commercial de l’agence de voyages Transatour, également propriétaire de Locabus, opérateur de TT qui dispose de 12 à 15 véhicules, a investi dans des véhicules de taille moyenne (29 places) et de petite taille (6 à 17 places). «Il y a encore autant de demande pour les autocars de 48 places. Par contre, nous recevons de plus en plus de groupes de taille inférieure de 12, 15, voire 18 personnes des marchés français, allemand et italien. Pour sa part, le marché chinois (demandeur de véhicules de grande taille) se tasse à quelques centaines de milliers de touristes/an et ne connaît plus de croissance pour l’instant», explique M. Rouissi. Ce qui explique ce choix d’investissements.

Outre la baisse de la demande, l’autre frein à l’investissement en autocars de 48 places réside dans leur coût estimé à 2,2 MDH. Trop cher pour certains opérateurs. «Avec 60 000 km/an au compteur, on n’atteint le bénéfice brut d’exploitation qu’à partir de la 6e année d’activité alors qu’à l’international, les autocars affichent 120 000 km/an au compteur. La marque Man propose aujourd’hui des autocars de 40 places avec matériel chinois et carrosserie locale à un prix situé entre 1 et 1,6 MDH», explique Othmane Chérif Alami.

Forte demande pour les 48 places après la reprise du tourisme de croisières en 2020

La demande se fera sentir pour ce type de véhicules avec la relance du tourisme de croisière attendue en 2020, suite à la reprogrammation du Maroc par 4 ou 5 compagnies de croisières. Mobiliser 50 autocars pour une journée risque d’être difficile et la rareté fera monter les prix de la location.

Pour encourager les entreprises à investir, un fonds spécial de la Banque Mondiale offre un bonus de 10% du montant déboursé HT pour l’achat d’un transport Green (véhicules électriques notamment). En attendant leur conversion, les quelque 800 entreprises de transport touristique (chiffre annoncé en 2017) se concentrent dans les villes de Casablanca, Marrakech et Agadir. Pour progresser, les professionnels espèrent une relance du dialogue avec le ministère de l’équipement, du transport et de la logistique. Et pour cause, malgré les avancées qu’a apportées le nouveau cahier de 2014, quelques problèmes persistent. A titre d’exemple, à Casablanca, l’investissement pour les véhicules de luxe (TGR), y compris limousine (400000 à 1MDH), est bloqué. Ajouté à cela, le problème non encore réglé des cartes professionnelles des chauffeurs de TT selon le type de véhicule.

Com’ese

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