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Casablanca-Pékin : la nouvelle ligne de la RAM pour conquérir un marché de 150 millions de touristes

Depuis sa mise en service le 16 janvier, la ligne affiche quasiment complet, surtout au départ de Pékin. Des taux de remplissage de plus de 70%.

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Casablanca Pekin RAM
Casa pekin

Casa-Pékin : la nouvelle ligne de la RAM.

Elle était annoncée, attendue depuis quelque temps. Aujourd’hui c’est chose faite : le vol direct Casablanca-Pékin est désormais opérationnel depuis le 16 janvier sur les avions de Royal Air Maroc à raison de trois fois par semaine, tous les lundis, jeudis et samedis, au départ de Casablanca et trois fois au départ de la capital chinoise, soit les mardis, vendredis et dimanches. La ligne sera opérée grâce à la toute dernière génération des Boeing 787-9 Dreamliner dont le premier avait été réceptionné à Seattle en décembre 2018.

Avec de tels appareils, la compagnie nationale compte étendre son réseau avec des dessertes de plus en plus lointaines, notamment en Afrique australe et de l’Est, en Amérique du Nord où elle dessert déjà 7 destinations différentes, ou encore en Asie de l’Est, comme c’est le cas aujourd’hui pour Pékin.
Après la suppression par le Maroc, en 2016, du visa pour les ressortissants chinois, la nouvelle desserte apportera probablement davantage de flux. Déjà entre 2016 et 2019, le nombre de Chinois arrivés aux frontières a été multiplié par dix, passant de 14000 à plus de 140000. Et ce n’est pas le DG de l’Office national marocain du tourisme, Adel Al Fakir, qui va s’en plaindre.

Pour lui, l’ouverture par la RAM de la ligne Casablanca-Pékin est évidemment de nature à densifier le flux de touristes chinois. Un effet qui, surtout, vient compléter et appuyer les actions de promotions que l’office a intensifiées depuis quelques mois sur le marché chinois comme, entre autres, la signature d’une convention sur trois ans avec le puissant tour-opérateur en ligne CTrip.

Mais, malgré cette extraordinaire évolution, pour les professionnels de l’hôtellerie et du tourisme, ce ne sont là que les balbutiements d’un vrai développement du tourisme chinois au Maroc. Et ils n’ont peut-être pas tort de ne pas vouloir trop vite s’emballer : le marché émetteur chinois est estimé aujourd’hui à quelque 150 millions de touristes, dont le Maroc n’en capte finalement que 140000, soit même pas 0,1%. Il est utile de rappeler qu’en 2018, Mohamed Sajid, alors ministre du tourisme, avait publiquement et fièrement annoncé un objectif de 500000 touristes chinois à l’horizon 2020.

La toute nouvelle ligne de la RAM y contribuera probablement mais, mathématiquement et avec ses trois vols par semaine, elle est loin de remplir sa mission à elle seule en l’absence d’autres fréquences et d’autres lignes.

Les responsables de la compagnie sont les premiers à en être conscients. Et c’est précisément pour cette raison que des discussions sont déjà en cours avec d’autres compagnies chinoises que cette liaison pourrait éventuellement intéresser. L’une d’entre elles n’est autre que la plus grande compagnie du pays, la China Southern Airlines dont les responsables suivent discrètement mais très attentivement l’ouverture récente de la RAM sur la Chine. Croisé lors de la soirée de gala organisée par RAM dans un grand hôtel de Pékin, en marge de l’ouverture de la ligne, le numéro 2 de China Southern a signifié à LaVieéco que la destination Maroc et le hub Casablanca suscitaient sérieusement leur intérêt. La compagnie dessert actuellement une seule destination, à savoir Nairobi, qui leur permet de couvrir partiellement l’Afrique de l’Est. A travers un hub comme Casablanca, c’est tout l’espace ouest-africain qui s’ouvrira à elle mais également les destinations d’Amérique du Nord et en Amérique latine que la compagnie pourrait offrir à sa clientèle.

De l’autre côté, et en plus de rajouter d’autres fréquences à la ligne aux trois déjà opérées depuis le 16 janvier par la RAM, cette dernière pourrait elle aussi, à travers des code-share avec China Southern ou une autre compagnie, opérer sur d’autres villes sur le marché domestique chinois, notamment au sud du pays continent où se trouve le pôle économique battant : Shanghai.

En attendant, les premiers jours d’activité de la ligne Casablanca-Pékin annoncent un potentiel très prometteur. Le Dreamliner de la RAM affiche un niveau de remplissage plus que respectable.

Casablanca Pekin RAM

Casablanca Pekin RAM

Ce mardi 21 janvier, il y a foule à la porte E83 de l’aéroport Daxin, où doivent embarquer les passagers du vol AT231 à destination de Casablanca qui affiche complet. A bord du vol, une grande majorité de ressortissants chinois. Où vont-ils ? Visiblement, beaucoup sont en transit par Casablanca pour aller vers l’Afrique subsaharienne ou vers le Brésil. Les statistiques fournies par la RAM sur les premiers vols opérés depuis le 16 janvier confirment. Les taux de remplissage dépassent les 70%, surtout pour la direction Pékin-Casablanca. 60% des passagers en provenance de la capitale chinoise sont, effectivement, en transit par Casablanca. Ce sont du moins les tendances observées pour les tout premiers jours.

Ce qui fait dire à Abdelatif Kabbaj, président de la Confédération nationale du tourisme, qu’il serait tout aussi bien que le Maroc ne soit pas seulement un hub.
Faisant partie de la délégation qui s’est déplacée à Pékin, M. Kabbaj en a profité pour faire de la promotion et du marketing direct auprès de professionnels chinois du voyage. Tout en se félicitant de l’ouverture par la RAM du nouveau Casablanca-Pékin, M. Kabbaj ne s’empêche pas d’attirer l’attention des responsables sur les limites de la théorie du hub.

«Le Maroc ne doit pas être seulement un hub. Nous devons faire en sorte que les clients chinois viennent aussi dans des hôtels marocains pour de plus longs séjours et non pas seulement transiter une ou deux nuits par Casablanca pour aller passer des vacances ailleurs. Le hub c’est bien, mais il y a aussi le tourisme international qu’il faut capter pour notre pays.

Les avions de la RAM doivent également et surtout permettre au tourisme marocain de se développer dans ce sens».

Pour cela, il y a visiblement encore un travail à faire sur ce marché de 100 millions de voyageurs, à commencer par une adaptation des prestations dans les hôtels au profil du touriste chinois. Mais ce n’est pas tout. Il faudra également percer les subtilités psychologiques du voyageur chinois dont les goûts et les préférences ne sont pas forcément celles d’autres nationalités.

La preuve, quand bien même une ville comme Marrakech serait aujourd’hui la destination qui fait la quasi-unanimité dans les marchés émetteurs traditionnels du Maroc, les touristes chinois ont étrangement développé un coup de cœur presque collectif pour une tout autre destination : lors des événements, rencontres et autres événements Maroc-Chine de toutes natures, les photos et images de la petite ville de Chefchaouen, avec ses maisons blanches et bleues peintes à la chaux, détrônent de loin la ville ocre avec sa Place Jamaa Lafna. A la question posée sur le Maroc, un Chinois a de plus fortes chances de vous citer Chefchaouen que Marrakech ou Agadir.

Voilà qui fera probablement des émules parmi les hôteliers des autres villes dont ceux de Marrakech qui étaient bien représentés à Pékin lors du voyage inaugural de la nouvelle ligne de Royal Air Maroc.

Au Musée national de Chine, des millions de visiteurs pour découvrir les trésors du Maroc

Au Musée national de Chine,
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