Affaires
PIB : l’enquête de «La Vie éco» dérange
Dans son édition du 4 mars, La Vie éco a publié un dossier intitulé «Pourquoi le PIB du Maroc est faux». Pour la réalisation de ce dossier, deux journalistes de la rédaction ont eu 7 heures d’entretiens avec les statisticiens et chercheurs du Haut commissariat au Plan (HCP) et 2 heures avec un responsable de la Direction de la politique économique générale (DPEG, ministère des Finances). Le dossier nous a valu une avalanche de mises au point qui… finalement ne démentent en rien ce que nous avons écrit. En termes plus techniques, elles confirment que le PIB est sous-estimé. Or, un PIB ssurestimé (ou surestimé) n’en est pas moins faux… parce qu’il ne reflète pas la réalité.
Concernant le système de comptabilité nationale
Conformité des comptes nationaux au Maroc avec les normes internationales.
Les comptes nationaux au Maroc ont toujours été établis conformément aux normes internationales de comptabilité nationale. Dans ce cadre, le PIB (…) est calculé selon la norme de 1968 en attendant la diffusion des résultats de la réforme en cours, basée sur la norme de 1993.
Mise en place du système de comptabilité nationale de 1993.
La direction de la Comptabilité nationale élabore la nouvelle série des comptes nationaux (1998-2003) de base 1998 selon le système de comptabilité nationale adopté par les Nations Unies en 1993 (…). Cette version a fourni un PIB réévalué de 9% par rapport à celui calculé sur la base de 1980, en raison principalement des changements apportés par le nouveau système. Cette amélioration s’explique par la différence des cadres référentiels des deux normes (…).
Couverture, fiabilité et soubassement théorique des méthodes.
La détermination du PIB nécessite des travaux complexes mobilisant un arsenal d’informations d’origine diverse concernant l’ensemble des agents économiques en partant d’une année de base. Aussi, y a-t-il lieu de signaler que les méthodes d’élaboration des comptes de l’année de base reposent sur l’utilisation des informations détaillées issues d’opérations statistiques d’envergure (…). Celles relatives aux comptes des années courantes se basent sur l’utilisation des données disponibles permettant en priorité la détermination des évolutions adéquates des différentes variables retenues dans le cadre comptable de base (…). Il est à noter également que la fiabilité et la cohérence des données utilisées sont examinées avant leur intégration dans les comptes nationaux.
Cas du tourisme mentionné dans le dossier.
Le tourisme, sous ses différentes composantes, se retrouve à travers les différentes activités. Il est traité en comptabilité nationale, comme dans tous les pays, en tant que dépenses de consommation finale aussi bien pour les résidents que pour les non-résidents. Si une partie des dépenses touristiques concerne la consommation des produits issus de la branche «hébergement et restauration», les autres parties se rapportent aux autres activités. Or, pour une analyse plus développée sur le tourisme, le SCN 1993 recommande la confection des comptes satellites permettant d’appréhender, en particulier, les activités spécifiques du tourisme et par conséquent leur contribution à la formation du PIB.
Ainsi, un compte satellite a été établi au Maroc pour l’exercice 1998 par le ministère du Tourisme en collaboration avec la direction de la Comptabilité nationale (…).
Etat d’avancement de la mise en œuvre du SCN 1993.
(…) notre pays a souvent été cité comme exemple à suivre lors des réunions de MEDSTAT, de la Commission économique pour l’Afrique, du Programme des comparaisons internationales et de la Ligue arabe (…). Tout récemment encore, les représentants de certains de ces organismes internationaux (FMI, Banque mondiale, BAD) ou de certains pays comme la France (INSEE) n’ont pas manqué de faire état des progrès réalisés par notre pays dans la mise à niveau de son système d’information statistique, lors du séminaire tenu, à ce sujet, à Rabat, le jeudi 3 mars 2005(…).
Eligibilité du Maroc à la norme spéciale de diffusion des données du FMI.
C’est compte tenu de ces progrès, dont notre pays peut s’enorgueillir, que le Maroc a été parmi les premiers pays arabes et africains à se porter candidat à l’éligibilité à la norme spéciale de diffusion des données (NSDD) du FMI qui constitue une sorte de label de qualité de notre appareil de production statistique. (…)
Mostafa Afkir, Directeur de la ComptabilitéNationale
Concernant l’indice du coût de la vie Le panier utilisé pour calculer l’indice reflète la consommation de la classe moyenne. Ceci est exprimé dans l’indice par le jeu des pondérations des postes de consommation. Il s’agit d’un panier moyen qui ne peut pas être différent au sein d’une même catégorie socio-économique, ni d’une catégorie socio-économique à l’autre.
– La composition du panier est actualisée à chaque occasion de refonte de l’indice.
La méthodologie adoptée dans le calcul de l’indice actuel est (…) conforme aux normes internationales.
– L’indice du coût de la vie est un cadre théorique (…), un objectif idéal pour l’indice des prix à la consommation, alors que l’indice à panier fixe adopté par le Maroc à l’instar des autres pays, est un concept opérationnel permettant d’approcher l’indice du coût de la vie. Donc on peut considérer que les deux appellations sont équivalentes.
– Par ailleurs, nous portons à la connaissance de vos lecteurs (…) qu’une refonte de l’ICV est en cours de préparation. La nouvelle année de base de l’indice sera l’année 2006
Bouchaïb Thich, chef de la division des indices statistiques, HCP