Affaires
Nouveau code de la route : les automobilistes ne comptent pas changer leur manière de conduire
Les particuliers plus réceptifs à l’égard du texte que les professionnels. Des doutes persistent sur la capacité du code à juguler la corruption. Les agents badgés et les radars automatiques parmi les mesures les plus populaires.
Le nouveau Code de la route est globalement bien perçu par les automobilistes marocains. C’est le résultat auquel a abouti un sondage effectué par le cabinet TNS Maroc, du 1er au 30 novembre 2010 auprès d’un échantillon de 700 conducteurs, dont 502 particuliers et 192 professionnels (petits taxis, grands taxis et camions). Au total, 78% de l’échantillon se disent favorables au texte contre seulement 17% de réfractaires, alors que 5% ne se prononcent pas.
Ce sont les particuliers qui se montrent beaucoup plus enthousiastes à l’égard du code : 83% d’entre eux sont favorables, 12% y sont opposés et 5% ne se prononcent pas. En revanche, le taux de satisfaction baisse sensiblement quand on aborde la même question avec les professionnels. Ils ne sont que 64% à être en phase avec le nouveau dispositif et 30% expriment leur rejet. Cet état d’esprit ne devrait guère surprendre. Dès les premières ébauches du texte qui a pourtant été corrigé plusieurs fois avant son adoption, les professionnels avaient manifesté une vive opposition et le noyau dur de la contestation ne semble toujours pas convaincu de son opportunité. Néanmoins, tout le dispositif n’est pas rejeté en bloc. Cette même catégorie professionnelle apprécie à une majorité écrasante (94%) l’instauration des contrôles alcootest. Suivent, par ordre d’appréciation, le port du badge par les agents de contrôle (85%) et le recours aux appareils automatiques de constatation (79%). Naturellement, le retrait du permis après épuisement des 30 points initiaux, le paiement des amendes par chèque et l’instauration du permis à point sont les dispositifs les moins bien appréciés avec respectivement 48, 53 et 59% d’avis favorables. Les particuliers sont plus indulgents sur ces trois points qui sont généralement redoutés par tous les conducteurs.
La télévision et la radio, premiers supports pour la vulgarisation du code
Du point de vue des bénéfices du nouveau code, il se dégage de l’enquête que 82% de l’échantillon considèrent qu’il peut mener à la réduction du nombre d’infractions, tandis que la question de la clarification des droits et devoirs des usagers de la route obtient 81% d’avis favorables. Les enquêtés fondent beaucoup d’espoir sur les capacités du code à favoriser la baisse du nombre de morts dues aux accidents (75%) et une meilleure protection des droits des conducteurs contre les abus (73%). Ces avantages sont plus ou moins bien appréciés par les deux catégories de sondés. En revanche, ils sont d’avis que le code n’aura pas un impact aussi significatif sur la corruption. Seulement 49% des répondants y croient. Il est vrai que les vieilles pratiques ne peuvent pas disparaître du jour au lendemain. Mais le sentiment des conducteurs est certainement renforcé par la mauvaise réputation d’une partie des agents de contrôle. Peut-être croient-ils également qu’ils pourront toujours sortir un billet pour se tirer d’affaire après une faute flagrante. Comme dans bien d’autres aspects, les professionnels sont plus sceptiques sur la réduction de la corruption (44% d’avis favorables). Chez les particuliers, ils sont en revanche 51% à y croire.
Malgré un bon accueil et des aspects positifs reconnus, les sondés pensent dans leur grande majorité que, et là c’est très surprenant eu égard aux objectifs visés par le législateur, la manière de conduire ne changera pas. Seulement 39% émettent un avis favorable contre 59% de défavorable et 2% qui ne se prononcent pas. Le niveau de scepticisme (avis défavorable) monte à 62% chez les professionnels contre 58% chez les particuliers.
Ces données illustrent qu’il y a encore un effort à faire en matière de sensibilisation auprès des professionnels, surtout par les associations, les fédérations et les syndicats qui figurent en piteuse position dans le palmarès des sources d’information sur le nouveau Code de la route. Elles sont citées dans 11% des cas par les 700 répondants contre 90% pour l’audiovisuel (télévision et radio), 83% pour les proches (famille, amis et connaissances) et 34% pour la presse écrite.
