Affaires
L’incroyable bonne santé du secteur automobile au Maroc : les ventes progressent de 22,4% !
Tous segments confondus, les concessionnaires ont commercialisé 62 000 voitures et véhicules utilitaires légers en six mois. Impact de l’Auto expo, exonération des droits de douane pour les voitures européennes et restrictions sur les importations d’occasion ont tiré les ventes à la hausse.
Le marché automobile reprend avec son embellie d’il y a quatre ans. Après les deux années de baisse successives qu’ont été 2009 et 2010 (respectivement -9,5% et -6%) et une reprise timide en 2011 (8,37%), l’année 2012 semble être un bon cru. A l’issue des six premiers mois, les concessionnaires ont écoulé en voitures neuves, entre importés montés et localement assemblées, 61 999 véhicules de tourisme et utilitaires légers, soit une progression de 22,38%. Egalera-t-on en 2012 le record de 2008, où le marché avait progressé de 22,95% avec plus 127 000 voitures neuves écoulées ?
Par catégorie, il a été vendu, au cours du premier semestre 2012, 46 160 véhicules importés montés neufs et 15 839 montés localement. La progression est respectivement de 31,82% et 1,27%, par rapport à fin juin 2011. La faible évolution du montage local s’explique ainsi : d’une part, Peugeot et Renault ont arrêté leur production d’utilitaires au Maroc, comme prévu. D’autre part, certains modèles de la marque Dacia ont dû être importés pour répondre à la très forte demande. C’est notamment le cas du SUV Duster.
Dans tous les cas, concessionnaires et assembleur local (groupe Renault) se frottent les mains, mais restent prudents. Et pour cause, personne ne peut garantir que cette embellie va se poursuivre au cours des deux prochains mois, surtout avec Ramadan, conjugué à la rentrée scolaire.
Mais qu’est-ce qui explique cette poussée notable des ventes ? Pour Amal Guedira, DG d’Auto Nejma et président de l’Association des importateurs automobiles (AIVAM), plusieurs éléments sont à prendre en compte. Il y a d’abord l’effet du Salon Auto-expo. D’ailleurs, tous les professionnels sont unanimes à reconnaître que cet événement a un impact direct sur les ventes parce que c’est un moment fort pour lancer des promotions et des formules de financement très avantageuses.
Le groupe Renault domine le marché avec 39% des ventes
Ensuite, autre facteur, la disparition pure et simple des droits de douane pour l’ensemble des voitures européennes autorise les concessionnaires concernés à améliorer leur attractivité grâce à des avantages supplémentaires, notamment en terme de services, ou en répercutant une partie de la baisse sur les prix de vente.
Enfin, Amal Guedira invoque les restrictions qui ont touché le marché de l’occasion, d’où les véhicules de plus de 5 ans sont aujourd’hui exclus de l’importation. Cette décision est de nature à faire basculer une partie des acheteurs vers le neuf, surtout ceux qui ont une préférence pour les véhicules de luxe. Un autre professionnel souligne que les ventes de voitures d’occasion se stabilisent aujourd’hui à 25 000 unités contre plus de 60 000 il y a quelques années.
Parmi les concessionnaires qui ont gagné le gros lot, Ford figure en bonne place avec une hausse de ses ventes de 50%, à 4 596 unités, dont 3 700 sur le segment des particuliers et le reste sur celui des utilitaires. Pour Abdelwahab Ennaciri qui dirige Scama (Ford), filiale du groupe Auto Hall, le succès réside dans la consécration d’une gamme en plein élargissement. C’est grâce à la nouvelle Focus, à la C- Max et au 4x 4 Kuga que les ventes ont été stimulées sur le segment des particuliers. Il indique que la marque a gagné 1 point de parts de marché par année depuis 4 à 5 ans. La palme du secteur de l’importé monté reste cependant en faveur de la marque Peugeot qui conforte sa première place sur le segment avec 5 469 ventes et une progression de 15,33%.
Chez le groupe Renault, le premier semestre a également été très bon. Il conforte ses parts de marché qui sont de 39%, dont 23% pour la Dacia. Pour cette marque, le groupe français a commercialisé 4 395 unités importées et 10 144 montées localement, en hausse de 99,95% et 6,7%, respectivement. Sur la marque mère (Renault), 4 335 unités importées ont été vendues (+41,85%) et 5 692 unités montées localement (+4,1%).
Pour Gerald Porcario, en charge du marketing chez Renault Maroc, les bonnes recettes de Renault tiennent à l’arrivée de nouveaux modèles comme le Docker. Mais le concessionnaire a eu des surprises inattendues avec le succès de la nouvelle Twingo, la Clio III et la Megane III. Et dans une moindre mesure, elle doit sa performance à des modèles comme le 4×4 Koleos et la berline Latitude.
Sur ce segment des importations, Nissan a aussi réalisé une fulgurante progression de 99% à 1 665 voitures. Il en va de même pour Skoda avec 788 véhicules vendus (+116%). Hyundai s’en sort également bien. Ses ventes ont totalisé 3 640 unités, en progression de 34,17%. Volkswagen, autre réalisateur de gros volumes, a marqué une hausse moins significative, mais tout de même appréciable. Les ventes de la marque allemande ont augmenté de 18% à 3 473 unités.
Enfin, on ne manquera pas de remarquer la bonne santé de Fiat, qui, grâce à des modèles rajeunis, confirme l’embellie de ces dernières années. La constructeur turinois a vu ses ventes progresser de 63,3%. Dans une moindre mesure, Opel signe aussi une progression honorable avec un accroissement de volumes de 26,3%.
Dans le segment des voitures de luxe, on assiste aussi à de belles performances chez Mercedes (36%) avec 872 unités vendues ou encore chez BMW qui connaît une évolution de plus de 19% avec 816 voitures écoulées. A signaler ce boom des ventes chez Land Rover qui écoule en six mois 614 voitures de luxe, au lieu de 201, il y a un an. Une performance due à l’introduction de modèles rénovés, mais également moins chers comme le «Evoque».
Les marques asiatiques se disent pénalisées par les droits de douane
Cela dit, toutes les marques n’ont pas profité de la reprise. Hatim Kaghat, directeur de la communication à Kia, rappelle que les concessionnaires de voitures asiatiques ont encore les mains liées par des droits de douane de 17%. Cependant, il explique le recul de Kia (-17,79%, à 2 125 unités) essentiellement par l’insuffisance des disponibilités qui se ressent à l’international. En d’autres termes, le constructeur a eu du mal à satisfaire la demande.
Le recul aurait été plus prononcé, n’était le succès remporté par la toute dernière Picanto, nuance-t-il.
Kia n’est pas la seule touchée chez les asiatiques. Mitsubishi est aussi en recul de 26,23%, à 346 unités. Idem pour Honda qui n’a vendu que 440 voitures contre 607 lors des 6 premiers mois de 2011, soit -27,51%.
Mohamed El Maâroufi