Affaires
Les syndicats ne sont pas contre le relèvement de l’à¢ge de départ à la retraite
Ils mettent l’accent sur la nécessité d’améliorer le taux de couverture retraite. La CDT, la FDT et l’UMT refusent une diminution des niveaux de pensions. Pour ces centrales, l’Etat doit préserver l’équilibre social et sociétal du pays.
La réforme des retraites aura lieu, quel qu’en soit le prix. Le chef du gouvernement a martelé cette phrase mercredi 9 janvier devant les conseillers et, par la même occasion, invité les partenaires sociaux à y prendre part en lui soumettant leurs propositions. La machine semble donc bien lancée ; à preuve, la réunion, le 24 janvier courant, de la Commission nationale des retraites, la première depuis cinq ans.
Mais si le gouvernement est bien décidé à aller au bout de ce dossier, vieux de plusieurs années, les syndicats, eux, ne semblent pas avoir la même lecture que lui des enjeux et des menaces qui pèseraient sur les systèmes de retraite. Face à l’argumentaire statistique de M. Benkirane, qui fait ressortir les niveaux prévisibles de déficits implicites et réels des caisses et la dégradation du rapport démographique, les syndicats, grosso modo, mettent en avant des considérations à la fois politiques, sociales et économiques. Pour ces derniers, la réforme ne saurait être réduite à une question d’ajustements techniques, en vertu de laquelle il suffirait d’agir sur les paramètres âge, cotisations et prestations pour résoudre les difficultés des caisses.
La CDT et la FDT, qui ont renoué les liens «familiaux» longtemps distendus, insistent, au-delà des aspects techniques de la réforme, sur la nécessité d’améliorer la couverture sociale au Maroc. Pour Larbi Habchi comme pour Abdelkrim Elaziz, respectivement membre du bureau central de la FDT et membre du bureau exécutif de la CDT, c’est en généralisant la couverture sociale que les caisses pourront récupérer les cotisations qui leur manquent aujourd’hui. Ils disent ne pas comprendre que le taux de couverture retraite au Maroc ne dépasse pas 30%, alors qu’il est de 75% en Tunisie. «90% des travailleurs du secteur formel privé ne sont pas déclarés. Or, on sait que l’essentiel des emplois au Maroc relève du privé. Voilà un gisement de cotisations que le gouvernement doit exploiter pour améliorer la situation financière des caisses», analyse Abdelkrim Elaziz. Larbi Habchi souligne lui aussi la faiblesse de la couverture sociale, mais aussi des revenus des travailleurs, ce qui, dit-il, «limite de facto leur capacité contributive. Il faut revoir le système des salaires, le système fiscal, celui de la formation et de l’emploi, comme accompagnement à la réforme des retraites. Je rappelle à ceux qui l’auraient oublié que nous sommes encore un pays en voie de développement. Par conséquent, l’Etat a le devoir de préserver l’équilibre social et sociétal du pays. Il ne suffira pas d’appliquer ici les recettes venues de sociétés évoluées pour espérer résoudre le problème».
Sur les questions strictement paramétriques, les syndicats CDT, FDT, UMT et UNTM ne s’opposent pas, par principe, au relèvement de l’âge de départ à la retraite, mais refusent de voir les pensions réduites.