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Les fabricants de cà¢bles électriques et composants électroniques anticipent une reprise de la demande étrangère
Les exportations ont lourdement chuté à fin avril. Depuis la crise de 2008, la demande mondiale met du temps à se redresser. Le marché français représente 90% de la demande en composants électroniques adressée au Maroc.
Si l’on s’accorde à dire que le Maroc a peu été touché par la crise économique et financière qui secoue le monde depuis 2008, certains secteurs ont malgré tout accusé un déclin significatif dont ils peinent encore à se remettre. C’est le cas notamment du secteur des composants électroniques (circuits intégrés, dispositifs semi-conducteurs) et des câbles électriques.
D’après les derniers chiffres de l’Office des changes, les exportations de fils, câbles et autres conducteurs isolés ont régressé de 12,8% à fin avril 2012 en comparaison avec la même période de l’année précédente, soit une perte en valeur de 732,5 MDH. Encore plus impactés, les composants électroniques, eux, ont enregistré une baisse de 33,9%, passant de 1,83 milliard de DH à 1,21 milliard toujours pour la même période (fin avril 2012). «Cette baisse est essentiellement due à une forte régression de la demande internationale dont dépend presque entièrement le secteur», explique Hamza El Alaoui Talibi, directeur général de Valtronic Technologies Maroc.
En effet, traînant les séquelles de la crise mondiale, des secteurs comme l’automobile, les télécoms, le câblage ou le médical ont réduit le volume de leurs commandes quand ils n’ont pas tout bonnement préféré se tourner vers d’autres fournisseurs moins chers.
De nouveaux concurrents émergent
Et la concurrence sur le secteur est rude, surtout avec le positionnement de la Chine, incontournable fournisseur mondial, qui offre les prix les plus bas du marché. Sans oublier d’autres pays comme l’Inde, les Philippines, la Corée du Sud ou encore la Tunisie qui concurrencent directement les entreprises marocaines. «Malgré un taux horaire pratiquement similaire, la Tunisie se démarque par des métiers qui gravitent autour de l’électronique qu’elle a su développer et qui n’existent pas encore au Maroc», note M. Talibi. Les résultats de cette concurrence ne se sont pas fait attendre. A titre d’exemple, les exportations des câbles divers sous gaine de plomb sont passées de 457,3 MDH fin 2007 à un peu plus de 500 000 DH en 2011, soit une baisse de 99,89 % ! Même chose pour les circuits intégrés monolithiques dont les exportations sont tombées de 2,4 MDH à 366 000 DH sur la même période. Cependant, une subtilité d’analyse s’impose. Car si la crise mondiale de 2008 explique le déclin vertigineux des exportations entre 2007 et 2009, la baisse de 2011 est à chercher ailleurs. Particulièrement du côté de la dégradation des indicateurs macro-économiques dans plusieurs pays pendant la deuxième partie de l’année 2011. Cette dégradation a entraîné à son tour une nouvelle dépression du marché par rapport au premier semestre.
La restructuration de certains secteurs clients a également impacté la demande, créant parfois des situations contradictoires. «Représentant 19% de notre activité, l’industrie automobile est de plus en plus demandeuse de composants électroniques spécialement pour les dispositifs de sécurité. Cependant, cette hausse est contrecarrée en même temps par une baisse du volume due à un secteur déprimé, particulièrement en Europe», explique Pierre Chabert, directeur administratif et financier chez ST Microelectronics Maroc. Un autre exemple qui illustre ces changements concerne l’industrie de la téléphonie mobile qui a vu le déclin de certaines marques et le repositionnement d’autres, élément qui a impacté la demande de composants électroniques.
Malgré tout, les professionnels du secteur s’accordent à parler d’une légère reprise grâce à une relance de la demande mondiale qui devrait se prolonger sur le reste de l’année. «D’après les dernières estimations, le marché mondial devrait recommencer à croître en 2012. Cette croissance devrait également être portée par la demande en composants pour l’industrie automobile», déclare M. Chabert. On parle même de 6% de croissance dans la profession.
Présentant d’importantes opportunités, l’industrie de l’électronique au Maroc reste cantonnée à la production de petites et moyennes séries et dépend encore majoritairement du marché français qui concentre 90% de la demande adressée au Maroc.