Affaires
Les exportateurs de ferraille se retrouvent avec de gros stocks sur les bras
Les cours mondiaux des déchets d’acier sont passés de 4 à 1,20 DH le kilo entre août et septembre, le cuivre de 53 à 22 DH le kilo
Les exportateurs prêts à revendre leurs stocks localement, mais pas à n’importe quel prix.
Les exportateurs de ferraille et déchets ferreux et non ferreux broient du noir. Ils n’exportent plus depuis quelques mois en raison de l’effondrement des cours mondiaux. Entre août et septembre 2008, le prix des déchets d’acier est tombé de 4 DH/kg à 1,20 DH/kg. Le kilo de cuivre se vend à 22 DH au lieu de 53 DH et celui du laiton est à 14 DH contre 33 DH. Aluminium et plomb ont connu le même sort puisque les cours, qui étaient respectivement de 13 et 11 DH/kg, sont à 4 et 5 DH. Une hécatombe, explique Ali Filali Ansari, directeur de Filmet, société exportatrice de déchets ferreux et non ferreux. Pour lui, les stocks accumulés se montent à des millions de DH et ne peuvent être écoulés aux prix actuels car cela signifierait un arrêt de mort pour l’activité.
Le marché local ne peut absorber qu’une partie des déchets
Selon une estimation de la Fédération des industries métallurgiques, mécaniques et électriques (Fimme), le Maroc exporte 350 000 tonnes de déchets ferreux, 10 000 tonnes de cuivre, 20 000 tonnes d’aluminium, 10 000 tonnes de plomb et 8 000 tonnes de laiton.
Une telle situation ravive le vieux débat entre les exportateurs, d’une part, la métallurgie et la fonderie, de l’autre. Les industriels ont toujours suggéré la taxation à l’export des déchets pour encourager leur écoulement sur le marché local qui, disent-ils, en a cruellement besoin. Aujourd’hui, les conditions sont réunies pour prendre une telle décision. Adnan Lamdouar, membre du comité de direction de la Fimme, tout comme beaucoup de ses pairs, en est convaincu. Naturellement, Ali Filali Ansari s’inscrit en faux contre ce raisonnement. Il souligne que sa profession a toujours été disposée à alimenter l’industrie locale mais ne peut le faire à perte. «Il est normal que nous cherchions la meilleure valorisation possible», plaide-t-il. M. Filali Ansari ajoute que, contrairement à ce qui se dit partout, 70 % des déchets d’acier sont cédés chaque année à la Sonasid. Et d’ajouter : «Le marché local n’est consommateur que d’une partie des déchets ; il est donc normal que nous cherchions des marchés qui peuvent les absorber». Eu égard au contexte international défavorable, les exportateurs ont bien envie de se tourner vers le marché domestique, mais pas à n’importe quelle condition. Ils veulent que les industriels leur fassent des propositions «gagnant-gagnant». Mais si la chute des cours perdure, leur position sera difficile à tenir. Surtout que la Loi de finances 2009 les soumet à l’IS.