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Le Maroc compte 80 zones industrielles aménagées sur 4 600 hectares
L’absence de cahiers des charges a bridé le développement des zones industrielles de première génération. Onze plateformes industrielles intégrées sont en cours d’aménagement et trois zones sont déjà opérationnelles. MedZ, filiale de la Caisse de dépôt et de gestion, est le principal aménageur.
Au 1er mars 2012, le Maroc dispose de 80 espaces dédiés à l’accueil des entreprises, disséminés à travers le pays. Ils totalisent 4 600 hectares aménagés pour un total de plus de 11 600 lots. Mais là-dedans, il y a tout à la fois : des parcs industriels intégrés, un aéropôle, des zones d’activité économique, des zones franches… Le plus gros est constitué de sites ouverts dans le cadre du plan national d’aménagement des zones industrielles (PNAZI) mis en œuvre à partir de 1980. Leur concentration semblait répondre à un besoin urgent et aucune d’elles n’est spécialisée.
A Casablanca, par exemple, il y a 4 zones (My Rachid, Dar Bouazza, Sidi Bernoussi et Ouled Salah) d’une superficie totale de 1 147 ha divisée en 1 185 lots. A Fès, ce sont 5 zones qui avaient été ouvertes, mais la superficie est relativement modeste avec 372 ha pour 1 012 lots.
Les expériences réussies sont à l’actif du privé
En fait, l’objectif était à l’époque de remédier à l’inexistence de terrains équipés notamment dans les zones attractives de l’investissement. Mais assez vite, les limites de cette vision sont apparues aussi bien aux industriels qu’au ministère de tutelle. Ce premier programme avait favorisé la spéculation. Les zones n’étaient presque pas équipées. Et certaines, notamment à Casablanca, étaient même devenues des espaces de non-droit en raison des marginaux qui les fréquentaient.
En clair, les services d’accompagnement comme le raccordement aux réseaux d’eau, d’électricité et d’assainissement, les transports, les télécoms et la sécurité n’étaient pas disponibles. Les industriels qui avaient pris le risque de s’y installer, faute de mieux, étaient livrés à eux-mêmes. L’une des rares zones industrielles à être réellement opérationnelle était celle de Tanger (route de Tétouan), prise en main par l’Association des copropriétaires (AZIT) regroupant l’ensemble des entreprises installées.
Il était clair qu’il fallait mieux repenser le concept en y associant les collectivités locales, les Chambres professionnelles, les organismes publics. Trois expériences sont même couronnées de succès : la zone industrielle de Bouskoura gérée par la Chambre française de commerce et d’industrie du Maroc (CFCIM) qui a aussi à son actif la zone d’Ouled Salah, et Sapino (à Nouasser) initiée par l’Ona. Pour le reste rien n’avait changé.
Aujourd’hui encore, nombre de lots non valorisés et parfois non encore exploités dans plusieurs zones tardent à être récupérés par l’Etat. Au ministère du commerce et de l’industrie, on explique la difficulté d’exproprier ces lots par le fait que, le plus souvent, il n’y a aucun cahier des charges ou des obligations auxquelles sont soumis les acquéreurs qui, dans beaucoup de cas, ont acheté les lots à des prix dérisoires.
L’Etat délègue l’aménagement à des professionnels et met la main à la poche pour les infrastructures hors sites
Aujourd’hui, le concept a évolué. En effet, on ne parle plus de zones industrielles, mais de plateformes industrielles intégrées (P2I) spécialisées selon les secteurs (généraliste, automobile, aéronautique ou offshoring).
Les leçons retenues des précédents échecs sont la nécessité de confier les parcs à des développeurs professionnels privés ; de doter les espaces dédiés des équipements permettant l’installation des PME ; d’initier des programmes de réhabilitation pour quelques zones et d’impliquer les associations professionnelles. Mais il y a aussi l’idée que l’Etat, à travers son propre budget et également avec le soutien du Fonds Hassan II, doit financer les équipements hors sites comme les infrastructures liées à l’énergie, l’eau, l’assainissement (notamment les stations de traitement) tout en procédant à un suivi et une évaluation des développeurs retenus.
Ainsi, les P2I comportent obligatoirement des services d’exploitation des zones (maintenance, sécurité, services généraux, télécoms, restauration, service de santé, banque). Et dans l’ensemble des zones, selon le nouveau concept, il y a aussi des business center tout comme des espaces logistiques. Outre le service guichet unique, les principaux services administratifs sont présents, à l’instar de l’Agence nationale pour la promotion de l’emploi et des compétences (ANAPEC) et certains services communaux… Les représentations des Centres régionaux de l’investissement (CRI), de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et des impôts y sont prévues. A ce jour, trois P2I sont opérationnelles, en l’occurrence Casanearshore, Rabat Technopolis et la Technopole d’Oujda, tous aménagés par MedZ, filiale de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG). Le nouveau concept P2I a été suivi à la lettre dans ces nouvelles zones… Onze autres du même genre, y compris des zones franches, sont en cours d’aménagement ou de placement dans plusieurs villes dont Fès, Tétouan, Oujda, Marrakech et Settat (voir tableau).
Vu le succès de Casanearshore et le bon départ de Rabat Technopolis, cette nouvelle approche se démarque nettement du passé. Reste juste à attirer suffisamment d’investisseurs pour occuper les espaces qui seront disponibles.