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Le marché du poulet monte en gamme

Le poulet fermier arrive au Maroc via la nouvelle offre labellisée du groupe Dar El Fellous sous la marque «Al Hor». Longue durée d’élevage, alimentation 100% végétale sans traitements médicamenteux, accès libre aux parcours, plusieurs conditions sont requises. Il est vendu à 60 DH le kilo.

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Après la viande rouge ovine avec son label «Agneau laiton», c’est au tour du marché marocain du poulet de monter en gamme avec l’arrivée d’un nouveau label. En effet, le label agricole «Poulet fermier» a été officiellement lancé en marge du SIAM 2017 et a été attribué par le ministère de l’agriculture au groupe Dar El Fellous basé à El Jadida, qui a lancé en grande pompe, jeudi 27 avril, sa marque «Al Hor».

Plusieurs exigences pointues doivent être satisfaites pour commercialiser le poulet fermier labellisé. En amont, il s’agit de sélectionner des races rustiques à croissance lente issues de croisement spécifiques dans le but de favoriser le goût et minimiser l’excès de gras. En outre, l’alimentation est exclusivement à base végétale et doit être fournie sans apport chimique, vitaminé et sans antibiotiques. Vient ensuite la durée de l’élevage qui est de 70 jours pour arriver à un poids moyen de 1,8 kg, soit le double de celle du poulet standard qui se situe, elle, entre 35 et 40 jours pour un poids de 2 kg ou de 2,5 kg.

Autre particularité et non des moindres, la filière est intégrée de l’œuf à l’assiette, ce qui permet une traçabilité et un contrôle durant toutes les étapes de production par une seule entité.

«La qualité de ce produit est dictée par plusieurs critères, à savoir l’appréciation sensorielle, c’est-à-dire que ce sont des carcasses jolies à voir, la coloration et la flaveur. De plus, la chair est remarquable par sa tendreté et sa fermeté tandis que l’odeur est moins intense», explique Khaled Benabdeljalil, enseignant chercheur à l’Institut agronomique et vétérinaire (IAV) et expert de l’élevage avicole.

Le poulet fermier diffère du beldi

En somme, trois facteurs agissent sur la qualité de la chair, à savoir les croisements, la durée de l’élevage et l’alimentation. L’accès libre des poulets à un parcours dès la sixième semaine est un autre argument de vente pour appâter les consommateurs qui se soucient du bien-être animal. Autre caractéristique, la perte de poids à la cuisson est minime par rapport au poulet standard.

A la question de savoir est-ce qu’il y a une différence entre le poulet fermier labellisé et le fameux poulet beldi, notre interlocuteur précise que pour ce dernier, «il n’y a aucune traçabilité de son alimentation».

«Sans vouloir taper sur le beldi, ce poulet pourrait s’alimenter des déchets ménagers. D’après nos observations sur le terrain, nous sommes tombés sur des cas où le beldi s’alimente des restes de certains animaux ou de certains déchets organiques synthétiques comme l’huile moteur», a fait savoir Khaled Benabdejellil.

Outre la traçabilité de l’alimentation, le poulet fermier se distingue du poulet standard et du beldi par sa capacité d’adaptation à plusieurs modes de cuisson, sachant que le beldi nécessite un temps de cuisson plus long.

Le premier poulet fermier labellisé au Maroc est vendu à 60 DH le kg, précise Dhafir Guennoun, patron du groupe Dar El Fellous, qui ajoute que la production prévisionnelle pour l’année 2017 se situe autour d’un million de sujets.

Une niche à fort potentiel

Bien avant le Groupe Dar El Fellous, des opérateurs de taille moyenne comme El Beldi, dont le siège se trouve à Marrakech, commercialisent depuis 2013 des poulets fermiers auprès de professionnels dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration. «Nous sommes sur ce marché depuis 2013 et nous commercialisons notre produit sous l’appellation “Poulet élevé en plein air” en respectant un cahier des charges sous la houlette de l’ONSSA», a précisé un responsable de la marque El Beldi.

Pour sa part, la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA) ne dispose pas de statistiques sur la production dans le créneau du poulet fermier. «Il s’agit d’une niche à fort potentiel», estime cependant une source de la FISA.

Notons par ailleurs que le «Poulet fermier» est à distinguer du «Poulet bio» qui doit satisfaire des conditions supplémentaires comme l’alimentation 100% biologique ou la faible densité dans le poulailler.

[tabs][tab title =”Label agricole : ce que dit la loi “]En vertu de la loi n°25-06 relative aux signes distinctifs d’origine et de qualité des denrées alimentaires (SDOQ) et des produits agricoles et halieutiques, le label agricole est la reconnaissance qu’un produit possède un ensemble de qualités et de caractéristiques spécifiques et de ce fait présente un niveau de qualité élevé, supérieur à celui de produits similaires, notamment en raison de ses conditions de production, de fabrication et, le cas échéant, de son origine géographique. Le label agricole est attribué aux produits obtenus et/ou transformés dans les conditions prévues par un cahier des charges et devient protégé après sa publication au Bulletin officiel. Le cahier des charges est constitué de deux volets. Le premier concerne les éléments d’identification du produit, notamment ses principales caractéristiques physiques, chimiques, microbiologiques et/ou organoleptiques. Tandis que le deuxième concerne les caractéristiques particulières et les critères de spécificité auxquels il doit répondre pour pouvoir acquérir un niveau de qualité élevé, supérieur à celui de produits similaires et notamment les conditions, méthodes ou moyens utilisés pour l’obtention des caractéristiques principales dudit produit ou pour sa production, ou sa transformation.[/tab][/tabs]