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L’agriculture marocaine a amorcé sa vitesse de croisière
Par rapport à 2008, le PIB agricole a progressé de près de 60% pour s’établir à quelque 108 milliards de DH en 2016. Les exportations ont grimpé à 27 milliards de DH en 2015, soit un bond de 78%. Une récolte record de céréales attendue cette année.
«Une révolution agricole verte». Tel est le vocable fort qui ressort de la présentation du bilan du Plan Maroc Vert par Aziz Akhannouch durant la 9e édition des Assises de l’agriculture, tenues à Meknès le 17 avril, en présence d’une kyrielle de personnalités nationales et étrangères dont le président de la Guinée et président en exercice de l’Union Africaine, Alpha Condé. Chiffres à l’appui, le ministre de l’agriculture a égrené plusieurs avancées depuis 2008, l’année de lancement du PMV. Ainsi, le PIB agricole a progressé de près de 60% pour s’établir à quelque 108 milliards de DH en 2016, malgré le déficit pluviométrique conséquent de l’exercice agricole précédent. Autre progression remarquable, les exportations agricoles ont grimpé à 27 milliards de DH en 2015, soit un bond de 78%. Sur la même période, 300 000 nouvelles exploitations agricoles ont été créées, portant leur effectif global à 1,8 million.
Le Président guinéen loue le modèle marocain
La reconversion des cultures céréalières, le développement de l’élevage et de la mécanisation ne sont pas en reste d’après les statistiques les plus récentes de la tutelle. Aussi, le niveau de mécanisation a quasiment doublé depuis 2008 en montant à 8 tracteurs pour 1000 ha, tandis que 700000 ha ont été reconvertis en cultures à forte valeur ajoutée. De son coté, le cheptel des caprins et ovins est passé à plus de 4 millions, ce qui représente une augmentation de 15% et celui des bovins à plus d’un million, ce qui équivaut à une augmentation de 40%.
Organisée sous le thème «Agriculture et sécurité alimentaire au fil de l’eau», la 9e édition des Assises de l’agriculture a été également l’occasion de faire le point sur la composante hydrique du PMV. Dans le volet de la généralisation des techniques économes en eau, les superficies équipées en irrigation localisée sont passées à 500000 ha. Cette performance s’explique entre autres par le respect du plafond fixé à 50000 hectares annuellement équipées en irrigation localisée dans les exploitations agricoles. Pour ce qui est de l’adoption de nouvelles technologies, deux grands projets ont été mis en œuvre pour l’irrigation via le dessalement d’eau dont un à Chtouka sur 15 000 ha et un autre à Dakhla sur 5 000 ha.
Intervenant comme invité de marque des Assises de l’agriculture, Alpha Condé n’a pas tari d’éloges à l’adresse du Royaume. «Le retour du Maroc à l’UA apportera une contribution remarquable à cette entreprise exaltante de solidarité entre les peuples africains», s’est-il félicité. Le président en exercice de l’UA a précisé que «l’exemple du Maroc servira à convaincre certains pays africains que le développement de nos pays, quelles que soient leurs richesses en matières premières minérales, passe nécessairement par le développement de nos agricultures».
Revenant sur l’initiative triple A lancée en faveur de l’agriculture africaine durant la COP22 par une coalition de 27 pays dont le Maroc était le chef de file, Alpha Condé a déclaré qu’elle «constitue une réponse concrète et innovante aux défis communs posés par les changements climatiques aux paysans africains sur l’ensemble du continent». «Si elle est soutenue, et moi je la soutiens vigoureusement, elle permettra de lever des financements très importants au profit de la petite agriculture africaine», a-t-il conclu.
Construite sur le principe de l’adaptation, l’initiative triple A comprend, pour rappel, deux volets. Le premier concerne l’adaptation de l’agriculture africaine au cœur des enjeux des COP pour obtenir une répartition équitable des fonds climat entre adaptation et atténuation. Le deuxième s’attelle à favoriser la mise en œuvre de projets innovants en matière de gestion des sols, de maîtrise de l’eau agricole et de gestion des risques climatiques.
Bonnes performances dans plusieurs filières
Une des annonces marquantes de ces Assises concerne cependant la filière céréalière. «A l’aune des données positives et satisfaisantes de l’actuelle campagne, les premières prévisions indiquent une récolte céréalière record autour de 102 millions de quintaux, ce qui représentera une hausse de 203% comparativement à la campagne précédente et en dépassement des objectifs ciblés par le Plan Maroc Vert», a affirmé M. Akhannouch. Son département prévoit 49,4 millions de quintaux de blé tendre, 23,3 millions de quintaux de blé dur et 28,9 millions de quintaux d’orge. En aval, la pluviométrie favorable et les températures modérées dont a bénéficié l’actuelle campagne avaient permis des ventes record de semences certifiées, en hausse de 52% par rapport à la campagne précédente.
Du côté des autres filières, la production d’agrumes a évolué de 20% en une année, atteignant 2,4 millions de tonnes, évolution en harmonie avec les objectifs fixés par le Plan Maroc Vert. La filière dattière a pour sa part atteint un volume de production jamais atteint de 117 000 tonnes.
[tabs][tab title =”Deux nouveaux contrats-programmes“]La 9e édition des Assises de l’agriculture a été marquée par la signature de deux contrats-programmes. Le premier porte sur le développement de l’industrie alimentaire, avec une enveloppe de 12 milliards de DH dont 4 milliards de fonds publics. Ce contrat-programme porte sur la mise en place de 371 unités industrielles, ce qui permettra la création de 38 500 opportunités d’emploi et générera un chiffre d’affaires supplémentaire de 42 milliards de DH, ainsi qu’une valeur ajoutée additionnelle de 13 milliards. Les parties prenantes sont, d’une part, les ministères de l’économie et des finances ; de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts ; du commerce, de l’industrie, de l’investissement et de l’économie numérique et, d’autre part, un grand nombre de représentations professionnelles dont la Comader et la Fenagri. Le deuxième contrat-programme concerne le machinisme agricole. Le financement est de 11 milliards de DH dont 3,8 milliards de fonds publics. En plus de la mise à niveau et du renforcement de l’équipement des exploitations agricoles, cette convention permettra l’instauration de nouvelles normes de qualité pour contrôler la filière. Elle a été paraphée par le ministère de tutelle, le ministère de l’industrie et du commerce et la Fédération interprofessionnelle du matériel agricole (FINAM). Ces deux contrats-programmes couvriront la période 2017-2021.[/tab][/tabs]