Affaires
Elections à la Fédération du tourisme : Jalil Benabès Taà¢rji n’est pas candidat
La fédération sera externalisée et dotée de statuts
De nouvelles élections devraient avoir lieu d’ici la fin du mois
de Ramadan
Elle devrait disposer de plus d’autonomie.
Mise en place de statuts, organisation de nouvelles élections et externalisation, telles sont les trois grandes décisions auxquelles a abouti le comité ad hoc créé au sein de la CGEM afin d’apaiser les tensions au sein de la Fédération nationale du tourisme (FNT) qui se débat dans des guerres intestines depuis le début de l’année. Aujourd’hui la sérénité semble être revenue. «Le plus important, c’est qu’un accord sur la nécessité de dépasser les tensions a été trouvé. Tout le monde s’est remis au travail», a déclaré Moulay Hafid Elalamy, patron de la CGEM, joint au téléphone par La Vie éco, mardi 4 septembre. L’annonce officielle a été faite un jour après.
Pour rappel, en février dernier, querelles entre membres, guerre des clans et remise en cause de la légitimité de Jalil Benabès Taârji, président de la FNT, avaient poussé la Fédération nationale de l’industrie hôtelière (FNIH) et la Fédération nationale des agences de voyages (FNAV), deux des plus importantes associations, à se retirer de la fédération. Les opérateurs déploraient, en outre, le fait que la FNT n’était plus une force de proposition défendant les intérêts de l’ensemble des opérateurs du secteur mais plutôt une caisse de résonance du ministère du tourisme. Le conflit avait rapidement dégénéré.
Une commission avait alors été mise en place, présidée par M. Elalamy. «Il s’est beaucoup investi dans la résolution de cette problématique et nous a permis d’aboutir à des arbitrages constructifs. Nous sommes convaincus qu’il a fait au mieux des contraintes qu’il avait à gérer», se réjouit M. Benabès Taârji, l’actuel président – contesté – de la fédération du tourisme.
Il était temps de dépasser les tensions, car les opérateurs du privé et du public doivent plancher d’ici peu sur la feuille de route devant doter le secteur d’une vision à l’horizon 2020. «Il était inconcevable qu’un secteur aussi porteur que celui du tourisme reste dans une impasse», précise M. Elalamy.
Un des objectifs de la réforme : mieux piloter la Vision 2010
L’enjeu est en effet de taille, car au-delà de la Vision 2010 qui touche aujourd’hui à sa fin, le Souverain avait annoncé lors des dernières assises du secteur, tenues à Fès, que le défi, à présent, est de capitaliser sur ce qui a été fait durant cette décennie et de proposer une vision pour les dix années suivantes. Et pour qu’opérateurs du public et du privé se réunissent autour d’une même table, il fallait que la hache de guerre soit enterrée entre les clans rivaux.
«Fini le temps où nous regardions tous dans la même direction, où nous unissions nos efforts pour faire de ce secteur une véritable industrie», confie un opérateur nostalgique. En 2001, en effet, époque où la fédération était présidée par Mohamed Benamour, la force du secteur était ce consensus fédérateur entre opérateurs du privé et du public qui a donné naissance à la Vision 2010, au contrat-programme et à son accord d’application.
Aucun candidat ne s’est encore présenté
Le lifting annoncé de la fédération donne cependant un nouvel espoir au secteur. Le nouveau projet de statuts, présenté officiellement le 5 septembre, doit, à présent, être validé par l’assemblée générale de la fédération. Ce projet, calqué sur les statuts de la CGEM, devrait accorder à celle-ci plus d’autonomie. «Ce qui est clair, même si je pense qu’on aurait pu aller plus loin dans la restructuration, c’est que ces nouveaux statuts vont ouvrir la voix à une réforme substantielle de la fédération qui lui permettra l’efficacité opérationnelle qu’exige le copilotage au côté de l’Etat de la Vision 2010 et ensuite de la Vision 2020», explique Amyn Alami, un des artisans de la Vision 2010, et porteur d’une des moutures, non adoptée, des nouveaux statuts. Un avis partagé par Jalil Benabès Taârji qui tient à préciser : «Nous arrivons à une construction statutaire qui est davantage tournée vers l’avenir que celle précédemment envisagée. Pour ma part, j’ai privilégié la qualité de la structure plutôt que la personne». Les statuts accompagnant également l’externalisation de la fédération impliquent de nouvelles élections et donc un changement de bureau et de président. «Les élections se tiendront le plus tôt possible. L’idéal serait qu’elles aient lieu dans trois semaines au plus tard», avance M. Elalamy, qui table plutôt sur la fin du Ramadan.
Pour l’heure, aucun candidat ne s’est officieusement déclaré. M. Benabès Taârji annonce d’ores et déjà qu’il ne se représentera pas. A moins qu’il ne change d’avis comme ce fut le cas en 2006. On parle également du voyagiste Othmane Cherif Alami. Prudent, ce dernier affirme qu’il ne refuserait pas le poste mais s’assurerait d’avoir les appuis nécessaires avant d’entrer dans la course. De même, il se dit que les opérateurs auraient sondé Mohamed Benamour, l’ancien président, et lui auraient demandé de se représenter mais celui-ci aurait décliné la proposition, arguant qu’«il était engagé sur d’autres chantiers».