Affaires
Deuxième hausse des prix pour les pà¢tes et le couscous en septembre prochain
Après une première augmentation en mai, les industriels entendent récidiver en septembre prochain.
En cause, la hausse du cours mondial du blé dur.
Ils demandent la suppression des droits de douane sur cette céréale,
qui sont actuellement de 55%.
Huile, sucre, farine, pâtes…, les produits alimentaires auront subi de plein fouet la hausse des cours mondiaux des matières premières depuis deux ans. Le cas des pâtes et couscous est encore plus emblématique puisque les industriels du secteur s’apprêtent à opérer une deuxième hausse du prix en moins de six mois. Déjà, en mai dernier, ils avaient opéré des hausses comprises entre 5 et 10%. En valeur absolue, le prix du kilo s’était apprécié de 50 centimes à un dirham, en fonction des produits de minoterie et des régions. Pour la prochaine augmentation des prix, aucune estimation n’est encore avancée. Aujourd’hui, le couscous est commercialisé à 10 dirhams le kilo, quant aux pâtes, leur prix varie entre 8 DH le kilo pour le vrac et 10 à 15 DH pour le produit conditionné. Malgré cette hausse, les pâtes locales demeurent compétitives par rapport aux produits importés dont le coût se situe entre 15 et 25 DH le kilo. Leur prix, de 50% plus élevé que celui de la production locale, explique d’ailleurs leur faible pénétration sur le marché des pâtes, soit 6 000 tonnes pour un marché global de 70 000 tonnes par an.
Si la hausse des prix de vente s’explique par celle des matières premières, on précise, dans le milieu de la minoterie, que les industriels n’ont pas tous répercuté la hausse des matières premières. Cela dit, la tendance étant restée haussière, cela ne saurait tarder en raison de la forte tension existant actuellement sur le prix des intrants, particulièrement le blé dur.
C’est donc l’envolée du prix du blé dur qui est à l’origine de cette révision du prix des pâtes et couscous. Chaque jour, et ceci depuis le début de l’année 2007, les cours internationaux n’ont cessé de varier et ont enregistré, valeur aujourd’hui, une augmentation cumulée de 10%.
La hausse devant intervenir en septembre n’est certes pas définitivement arrêtée, mais, disent les industriels, «elle est inévitable car nous n’avons aucune visibilité pour l’instant sur l’évolution des cours du blé dur sur le marché mondial». La flambée du prix du blé dur, elle, est principalement due, selon les professionnels du secteur, à la baisse du rendement à l’hectare, des superficies ensemencées chez certains grands producteurs comme le Canada, par exemple, ou encore à la détérioration des conditions climatiques qui ont affecté la récolte européenne.
Ces causes ont été aggravées par la forte demande provenant de pays fortement consommateurs de cette denrée, notamment en Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie et Libye). Avec l’appréciation de 10% des cours internationaux, le blé dur est aujourd’hui acheté à 400 dollars (3 800 DH) la tonne, prix auquel est appliqué, dans le cas du Maroc, un droit de douane de 55%. Précisons que ce taux était, avant la baisse décidée en juillet dernier par les pouvoirs publics, de l’ordre de 95%. Une mesure destinée justement à atténuer l’incidence de l’appréciation du prix du blé dur enregistrée au cours des derniers mois.
Pourquoi des droits de douane alors qu’il n’y a pas de production nationale à protéger ?
Cependant, souligne-t-on dans le milieu minotier, «cette baisse des droits de douane n’a pas servi à grand-chose car le cours du blé dur ne cesse d’augmenter». Les industriels souhaitent plutôt «une suppression pure et simple des droits de douane pour avoir une visibilité et planifier les importations», et s’interrogent sur la pertinence de maintenir des droits de douane élevés alors qu’il n’y a pas de production nationale à protéger.
Rappelons qu’en année normale (60 millions de quintaux de céréales) la production nationale de blé dur atteint quelque 20 millions de quintaux qui ne sont pratiquement pas commercialisés, mais plutôt destinés à l’autoconsommation dans le milieu rural. Outre son indisponibilité, le blé dur national n’a pas les spécifications requises pour la transformation industrielle et le Maroc n’a alors d’autre choix que d’en importer. Les 6 millions de tonnes écrasées annuellement par les minoteries industrielles proviennent essentiellement des USA, du Canada, de France, d’Italie, d’Argentine et d’Australie. Mais, au cours de cette année, les importations en provenance du Canada n’ont pas été importantes en raison de la réduction des superficies ensemencées. Le Canada a préféré augmenter sa production de maïs dans la perspective d’une forte demande pour la production de biocarburants.
Aujourd’hui, les industriels du secteur des pâtes et couscous ont presque épuisé leurs stocks, constitués il y a deux ou trois mois. Et c’est à la mi-août que les importations devront se faire, sans aucune visibilité sur l’évolution des cours mondiaux. Un manque de visibilité aggravé par le manque de réactivité des pouvoirs publics…