Affaires
Crédit jeunes promoteurs : 10 ans après, le dossier n’est toujours pas clos
Sur un total de 1 044 emprunteurs concernés, 578 ont remboursé la totalité de leurs dettes et 201 en ont réglé 25%. Ceux disposés à rembourser la totalité de leur dette peuvent toujours bénéficier de l’abandon de tous les intérêts.
Dix ans après l’arrêt des octrois de crédit, le dossier «Crédit jeunes promoteurs» est loin d’être enterré. L’Etat et les banques essaient encore laborieusement de recouvrer leurs créances. Pour l’Etat, la dernière proposition faite en 2006 aux débiteurs semble porter ses fruits. Le dernier bilan disponible à la direction du Trésor et des finances extérieures (DTFE) au ministère des finances, qui date de janvier 2008, indique qu’à cette date 115,8 MDH avaient été encaissés ou étaient en voie de l’être, à fin janvier 2008.
Ce montant englobe 101 MDH relatifs à 578 dossiers définitivement clos après remboursement total de la dette et 14,8 millions recouvrés dans le cadre d’un règlement de 25% de la dette pour un total de 201 dossiers. En outre, des dossiers totalisant 156 MDH ont été déclarés recevables à un rééchelonnement sur une période maximum de 12 ans.
On se souvient que pour inciter les jeunes promoteurs à honorer leurs dettes, le ministère des finances, du temps de Fathallah Oualalou, avait formulé trois propositions. La première est que ceux prêts à rembourser toute leur dette bénéficieraient de l’abandon de tous les intérêts, normaux et différés, et ne régleraient donc que le principal.
Pour ceux prêts à rembourser 25% de l’emprunt, il était prévu l’abandon de 50% des intérêts normaux et différés, et tous les intérêts de retard.
Les autres pouvaient demander un rééchelonnement des sommes dues, sur une période pouvant aller jusqu’à 12 ans assorti d’un abandon des intérêts de retard.
Initialement, les débiteurs pouvaient adhérer à ce dispositif entre janvier et juin 2006, mais le délai avait été prorogé à fin décembre de la même année. La proposition reste d’actualité pour ceux qui sont toujours disposés à rembourser la totalité de leur dette.
Les percepteurs avaient récolté 400 MDH en 2001, concernant 989 dossiers
En janvier 2006, le nombre de dossiers présentés pour l’une des trois formules était de 1 044. Avant cette démarche de conciliation, l’Etat avait mis les percepteurs à contribution pour le recouvrement. C’est ainsi qu’en 2001 ces derniers avaient récolté 400 MDH concernant 989 dossiers. En revanche, aucun chiffre du côté des banques. Celles qui ont été sollicitées, dont la plus grande contributrice, la Banque centrale populaire, n’ont pas répondu à nos requêtes.
Il est à noter que le montant global de l’enveloppe allouée au Crédit jeunes promoteurs était de l’ordre de 6 milliards de DH, dont une moitié financée par l’Etat et l’autre par les banques, dont près de 70% par la Banque populaire. 10400 projets avaient été financés à travers ce dispositif, lancé en 1989 pour résorber le chômage des jeunes diplômés de l’époque. L’opération avait malheureusement mal tourné parce que la plupart des emprunteurs étaient inexpérimentés ou n’avaient pas bénéficié d’un accompagnement adéquat. Dans certains cas, cependant, les difficultés étaient davantage dues à l’indélicatesse des gérants.
Combien reste-t-il de dossiers à apurer ? A combien se monte le stock de créances en souffrance ? A la DTFE, on explique qu’il est aujourd’hui difficile d’y répondre avec précision. «Nous devons faire le point avec chacune des banques impliquées car, entre-temps, certains emprunteurs ont réglé leurs créances directement auprès des établissements de crédit», indique un haut cadre à la direction. Ce qui est sûr, c’est que l’on est bien loin de la situation de blocage des années 2004 et 2005.