Affaires
Crédit conso: 48% des emprunteurs dépensent 60% de leur salaire en traites
Les trois raisons pour lesquelles on emprunte le plus : achat d’un véhicule, travaux dans la maison et équipement domestique
47% des emprunteurs ont plus d’un crédit. 10% en ont plus de trois.
Les Marocains empruntent, il n’y a pas à dire. Près de quatre utilisateurs de crédit sur cinq (79,8%) considèrent le crédit à la consommation comme indispensable. C’est ce que révèle une enquête menée par l’Association professionnelle des sociétés de financement (APSF), pendant les mois de juin et juillet 2007 et dont les résultats viennent d’être publiés.
Quelque 500 clients de 10 sociétés de crédit ont été interrogés (voir fiche technique). Parmi cet échantillon, 43% disposent d’un crédit à la consommation, et 35% de deux crédits. Ils sont, toutefois, beaucoup moins nombreux à se rendre au-delà du second crédit : seulement 12% en possèdent trois, et 10% plus de trois.
On prend un 3e crédit pour les études des enfants et un 4e… pour rembourser le crédit
Près du tiers (31,4%) auraient contracté leur premier crédit pour l’achat d’une voiture. Ce sont, ensuite, la réalisation de travaux dans la maison et l’achat d’équipement domestique qui motivent le recours au crédit. Pour les personnes qui franchissent le pas d’un troisième crédit, la raison la plus importante est le financement des études des enfants et les casse-cou qui osent aller jusqu’à quatre crédits, le font d’abord par nécessité : celle de rembourser d’autres crédits.
Le type de crédits souscrit est généralement un prêt personnel (61%). Viennent ensuite le prêt affecté et la LOA. Le crédit revolving et crédit auto classique ne constituent tous deux que 11,2% des crédits contractés. Pour ce qui est de la loyauté des clients envers leur institution, elle serait plus importante envers les sociétés de crédit qu’envers les banques.
Pour 57% des emprunteurs, il ne resterait du revenu net mensuel après le remboursement des crédits qu’entre 1 000 et 4 000 DH. Et pour 48% des clients interrogés, le remboursement des crédits représente au moins 60% du salaire mensuel net.
Il n’est donc pas surprenant que 17,7% d’entre eux aient des difficultés à rembourser leurs dettes. Pour ceux qui sont allés jusqu’à contracter quatre crédits, ce score grimpe à 33,3%! Sans surprise, c’est le surendettement qui est à la source du problème, pour près de la moitié des clients en difficulté de remboursement. Les autres raisons qu’ils invoquent sont les problèmes familiaux (41,2%), et, dans une moindre mesure, la perte de leur emploi (11,8%).
Près de trois répondants sur cinq (57,7%) soutiennent que le surendettement incombe à la fois aux gens qui vivent au-dessus de leurs moyens, et aux sociétés de crédit à la consommation (SCC) qui incitent les gens à s’endetter de façon inconsidérée. Il semble en effet plutôt facile d’accéder à ce type de crédits: 72% des répondants ne se sont jamais fait dire non. Dans le cas contraire, la première raison du refus est le surendettement du demandeur (41,4%). Plus de la moitié des emprunteurs (54%) juge le taux d’intérêt de leur dernier crédit excessif, et 57,8% ne consentiraient pas à affecter plus de 30% de leur budget à des remboursements de crédit à la consommation.
Les délais de remboursement jugés raisonnables, eux, sont de 12 mois pour un emprunt de moins de 10 000 DH, et de 24 mois pour les prêts entre 10 000 et 20 000 DH. Pour les montants supérieurs à 100 000 DH, la durée du crédit estimée raisonnable est de plus de 72 mois.
J’aime, mais je n’achète pas pour autant !
Plus d’une personne sur deux (50,5%) a envie de dépenser, mais affirme qu’elle n’en a pas les moyens. De fait, la première motivation qui pousse le Marocain utilisateur de crédit à consommer est le confort (17,8%). Mais dépenser est aussi un moyen pour satisfaire ses aspirations personnelles (15,9%) et se faire plaisir de temps en temps (14,6%). Seulement 5,1% des détenteurs de crédit affirment utiliser leur mode de consommation afin de montrer leur statut social.
Paradoxalement, si la moitié des répondants trouve que les sociétés de crédit en font trop en termes de publicité, plus des deux tiers (68%) affirment ne pas y être sensibles. Selon les personnes interrogées, le meilleur argument de vente des sociétés serait d’abord l’offre d’un crédit gratuit, puis de faibles taux de crédit et, enfin, des mensualités qui soient les plus basses possibles.
En cas de refus de leur dossier de crédit, 41,9% des personnes puiseraient dans leur épargne et 27,1% emprunteraient ailleurs, c’est-à-dire auprès de la famille et des amis. Cependant, un peu moins du quart (24,6%) annulerait tout simplement leur projet de dépense.
Il n’en demeure pas moins que dans l’éventualité où ils seraient appelés à faire face à une dépense impérative imprévue, les participants à l’enquête préféreraient d’abord recourir à leur propre épargne. Le crédit à la consommation arrive en deuxième lieu, puis enfin l’emprunt auprès de proches.