Affaires
Couple avec 2 enfants à la Mission : 10 000 DH de charges par mois !
Dans le réseau de l’Agence de l’enseignement français à l’étranger, les factures ont augmenté de 40% en 3 ans. A l’Organisation scolaire universitaire internationale, second réseau, les frais annuels vont de 28 000 DH à 52 000 DH.
De plus en plus cher le coût de scolarisation d’un enfant à la Mission française ! Depuis quelques jours, les parents, marocains et étrangers tiers (autres que français), dont la progéniture suit les cours du primaire et secondaire dans ces écoles très prisées, protestent contre l’institution de droits annuels d’inscription (DAI) décidée par l’Agence de l’enseignement français à l’étranger (AEFE), réseau où sont scolarisés 19 000 des 47 800 élèves marocains et étrangers enregistrés dans les livres des établissements français au Maroc. Déjà, l’augmentation annuelle de 12% des frais de scolarité décidée en 2009 par l’agence dans le cadre du plan triennal d’augmentation, soit plus de 40% entre 2009-2012, avait soulevé maintes protestations à l’époque et les parents, n’ayant d’autre choix que de garder leurs enfants inscrits, faute d’alternative similaire en matière de cursus et de système, ont dû se plier de mauvaise grâce à cette flambée des frais de scolarité. Cette fois-ci encore, les sit-in organisés par les associations des parents d’élèves devant les établissements dans différentes villes du pays, ou dans certains cas la «journée morte» décrétée, n’ont pas fait fléchir les responsables de l’AEFE.
Lors d’une réunion, tenue le 2 avril à Casablanca, la direction de l’AEFE a clairement signifié aux trois associations des parents d’élèves (Union des conseils des parents d’élèves -UCPE ; Parents d’élèves des établissements publics français au Maroc -PEEP- et Association des parents d’élèves indépendants -APEI) qu’elle ne peut revenir sur les décisions prises en matière de droits d’inscription. Ce qui se traduira concrètement par le versement en début de chaque année scolaire des DAI qui n’existaient pas auparavant. Les familles payaient uniquement des droits de la première inscription (voir encadré). Les associations de parents d’élèves ne comptent pas baisser les bras. Elles ont appelé à une nouvelle journée de protestation ce vendredi 13 avril pour faire annuler une hausse jugée injuste.
Les sorties et voyages obligatoires alourdissent les charges
Il faut dire que la hausse, rapportée aux 10 mois que dure l’année scolaire pour un enfant marocain inscrit dans un établissement de l’AEFE en 2011-2012, est minime. Elle représente toutefois la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Car, même au regard de la population «aisée» qui s’adresse à ce type d’établissement, les frais de scolarité coûtent très cher. Ainsi, dans les écoles estampillées AEFE, les frais annuels de scolarité sont de 31 770 DH pour le niveau «maternelle», 27 720 DH pour le cycle primaire, 31 950 DH pour le collège et 38 250 DH pour le lycée. Les parents étrangers non français doivent, eux, s’acquitter chaque année de 44 370 DH pour la maternelle, 38 520 DH pour le primaire, 44 820 DH pour le collège et 53 280 DH pour le lycée. Il faut noter que les frais de la maternelle sont un peu plus élevés parce que certaines fournitures sont livrées par l’école. Les parents d’élèves scolarisés dans les établissements de l’AEFE peuvent se considérer comme «chanceux». Car pour ceux des 28 800 enfants scolarisés dans le réseau de l’Organisation scolaire universitaire internationale (OSUI), système d’enseignement privé, reconnu par l’Etat français, mais non subventionné et financé uniquement par les frais de scolarité, l’addition est plus élevée. Ces frais ont fait l’objet, il y a une année, d’une hausse de 7%. Ainsi, sans compter les droits d’inscription qui s’élèvent à 25 000 DH en une seule fois contre 6 000 DH en 1999, ils sont de l’ordre de 52 100 DH par an pour un lycéen et de 39 806 DH pour un collégien. Pour les classes de la maternelle et du primaire les tarifs sont de 28 140 DH.
Tout cela bien sûr sans compter les fournitures qui viennent dans tous les cas alourdir le panier des dépenses. Auprès de divers parents, La Vie éco a pu sortir avec le prix moyen d’un cartable allant de 3 500 à 5 000 DH par élève à chaque rentrée. Une facture qui s’explique aisément par l’acquisition de livres importés de France (entre 350 et 500 DH chacun) et des fournitures (crayons, stylos, compas, règle…) de haut de gamme.
Au final, et rien qu’entre les frais d’inscription annuelle, les dépenses en ouvrages et fournitures et les frais de scolarité, l’addition pèse lourd dans les revenus des ménages ayant choisi ce type d’enseignement pour leurs enfants. Pour un couple ayant deux enfants scolarisés à la Mission française dont l’un est au collège et l’autre au lycée, la facture peut aller jusqu’à 100 033 DH par an, soit 10 000 DH par mois au cours des 10 mois que dure l’année scolaire (septembre à juin), si les enfants sont inscrits chez les établissements de type OSUI, et un maximum de 85 890 DH, soit 8 590 DH par mois pour ceux dont la progéniture suit les cours dans les écoles de l’EAFE.
Une dépense qui peut être plus lourde en cas de sortie ou de voyages programmés par l’établissement. Ces activités parascolaires qui n’ont pas (heureusement d’ailleurs !) lieu chaque année sont obligatoires, sauf pour des raisons médicales, dans la mesure où leurs thèmes font partie du programme scolaire. Par exemple, pour les élèves du primaire, les deux sorties classiques, la classe de neige et la semaine de surf à Oualidia, il faut prévoir 2 000 à 2 500 DH. Quant aux voyages à l’étranger qui concernent essentiellement les collégiens et lycéens, le coût est dans une fourchette de 7 000 DH pour une semaine à Paris, Londres ou Barcelone (transport et logement dans des auberges pour jeunes), à 20 000 DH pour deux semaines à New York. Sans compter l’argent de poche plafonné en principe par les établissements à 200 ou 300 euros pour ne pas avoir trop de disparités entre les élèves. Par ailleurs, dans le système OSUI, certaines sorties (stage de voile ou d’escalade) sont financées par le forfait, payé en début d’année, et qui est fixé à 800 DH pour les classes du primaire. Cette option n’existe pas dans les établissements de l’AEFE.