Carrière
Une information ne peut rester éternellement secrète
Aziz Taib, DRH dans un groupe industriel
A vrai dire, je ne peux me prononcer sur le fait que les entreprises marocaines ont cette habitude d’entretenir le culte du secret ou pas. Tout dépend de la culture de chaque organisation. Ceci dit, nous sommes dans une ère de communication où l’information est de plus en plus une ressource à capitaliser, mais aussi à partager.
Nous gérons actuellement un flux inépuisable d’informations. L’une des principales difficultés que rencontrent les entreprises aujourd’hui réside dans le transfert de ces informations aux bonnes personnes et au bon moment.
Les enjeux sont multiples : performance de l’entreprise liée à la motivation du personnel, gains de valeur liés à l’augmentation du capital connaissances, sauvegarde des savoir-faire et des processus de l’entreprise… Cela peut aller d’une stratégie, d’une formule de fabrication, d’une application technologique à une politique salariale.
Nous sommes également en face d’une nouvelle génération, dite Y, marquée par la mondialisation, l’utilisation massive des technologies d’information… Combien de fois ai-je été surpris par l’attitude de certains candidats à l’embauche qui divulguaient certaines informations stratégiques sur leur entreprise actuelle.
La vérité est que rien ne peut être éternellement gardé secret. C’est pourquoi je dirais qu’importe l’information, il faut savoir la gérer avec précaution en interne et en externe. Il existe des informations délicates à gérer avec prudence comme les licenciements, les promotions, la politique de rémunération… Il est vrai que beaucoup d’entreprises vont vers plus de transparence en communiquant sur leur politique RH, mais cette transparence doit être maîtrisée et contrôlée. Par exemple, si la promotion d’un cadre n’est pas gérée avec précaution, elle peut engendrer des tensions.
D’un autre côté, l’entreprise a tout à gagner si elle multiplie les rencontres formelles ou informelles avec ses collaborateurs. Journal interne, notes, flash info, Intranet… sont des outils utiles. Tout ce qui n’est pas confidentiel et stratégique peut être communiqué. Mais nous sommes là dans une entreprise déjà bien organisée. Car ne pas le faire laisse place aux rumeurs et suspicions, et ces dernières peuvent déstabiliser complètement une structure. Elles sont aussi quelquefois révélatrices du déficit important de communication entre managers et salariés. Si on voit par exemple un auditeur dans une entreprise, sans explication, une rumeur naîtra probablement sur un éventuel rachat, provoquant une démotivation des collaborateurs.