Carrière
Travailler sur soi pour rester optimiste et se rendre attractif
Pour Zineb Laghzaoui, directrice de l’institut de formation et coaching IS Force, «les opportunités, on se les crée».
Rester optimiste et voir les choses du bon côté : les clés
pour développer son magnétisme et saisir sa chance.
Pour les managers, le développement de l’intelligence émotionnelle
et l’amélioration du flair permettent un recrutement judicieux.

zineb laghzaoui Directrice d’IS Force
«Nous avons tous notre vision du monde, de la vie, du moment, des événements qui nous arrivent. Quelquefois, c’est cette vision qui nous empêche de saisir la chance.»
«On a tous notre lot de chance, mais cela reste très relatif». Pour Zineb Laghzaoui, qui ne nie pas l’influence de la dimension socioculturelle, le facteur déterminant est de savoir la provoquer, notamment en développant ses compétences techniques et en travaillant sa façon d’être.
La Vie éco : Quelle place tient la chance dans le développement d’une carrière ?
Zineb Laghzaoui : Au niveau individuel et même au niveau du management, j’estime qu’on se prépare et donc qu’on se donne les chances de réussir. On a tous notre lot de chance mais cela est très relatif. On doit se rendre attractif, c’est beaucoup de travail sur soi pour finalement attirer les opportunités, être magnétique en quelque sorte.
La personnalité d’une personne joue sur sa chance ?
Bien sûr. Quelqu’un qui pense que, de toute façon, il n’a pas de chance, peut-il en avoir ? Nous avons tous notre vision du monde, de la vie, du moment, des événements qui nous arrivent. Quelquefois, cette vision nous empêche de saisir la chance. Il faut prendre garde aux filtres de perception, qui modifient parfois notre compréhension. Finalement, on parle souvent de çela, de façon détournée, et notre façon de voir les choses peut nous désavantager, la chance peut passer à côté… Ou bien est-ce-nous qui passons à côté de la chance ?
Comment voir les choses du bon côté ?
C’est un choix que nous faisons consciemment. L’optimisme est un élément très important. Prenez ces personnes qu’on voit comme des éternels optimistes : on a l’impression que la chance est toujours de leur côté, mais c’est aussi parce qu’ils ne se laissent pas décourager. Toutes les expériences de la vie sont des opportunités pour grandir et apprendre, pour s’enrichir. Il faut savoir attirer la chance. Les opportunités, on se les crée. La foi en soi et en son destin sont d’autres éléments essentiels. Réaliser que ce que l’on reçoit dans la vie n’est pas forcément ce dont on a envie sur le moment, mais quelque chose que l’on peut utiliser pour se surpasser. Et l’on peut transformer ce qui pourrait sembler être de la malchance en une opportunité, si l’on voit les événements de manière différente, en travaillant sur sa nature et sa personnalité. Dans ce sens, j’aimerais faire référence à un ouvrage de Laura Nash et Howard Stevenson, de la Harvard Business School, intitulé Just enough.
Peut-on rester optimiste face à un monde du travail de plus en plus compétitif, sélectif, impitoyable ?
On reconnaît aujourd’hui que, pour pouvoir avancer dans la vie, il faut faire un travail sur soi pour mieux se connaître, découvrir sa personnalité et ses modes de fonctionnement, comprendre son style d’apprentissage et de prise de décision. Une personne qui se développe ainsi se sent plus sécurisée et aura donc une vision plus belle de la vie. L’optimisme se travaille. Il faut voir les choses de manière différente, on en revient au verre à moitié plein ou à moitié vide. C’est un effort personnel et c’est possible. On ne peut pas occulter le fait que la chance est en nous, en grande partie.
Mais peut-on vraiment réduire à néant le facteur socio-économique, l’origine des personnes ou certains blocages dans la société ?
Il est vrai que la dimension socioculturelle influe sur la carrière de chacun. Et que certaines sociétés donnent plus de chances que d’autres en terme d’ascension sociale. Mais encore une fois, certains créent leur environnement, et malgré de multiples obstacles, ils créent de la chance autour d’eux. Bien sûr, il y a des choses que nous ne pouvons pas contrôler, mais la chose que nous pouvons contrôler pleinement, c’est notre manière de réagir face à ces choses. Autrement dit, on récolte ce que l’on sème. Il faut savoir reconnaître la chance pour pouvoir la cueillir quand elle se présente.
Un recruteur n’a-t-il pas besoin lui-même de chance pour sélectionner le bon candidat ?
Au-delà des aspects techniques, il s’agit pour les recruteurs d’améliorer leur instinct, de se mettre en capacité de développer leur flair. Il s’agit en pratique de se connecter émotionnellement avec la personne que l’on a en face de soi. On parle d’intelligence émotionnelle, qui regroupe la connaissance de soi et des autres, et la gestion de soi et des autres. C’est vrai que les managers sont souvent quelque peu coupés de leurs émotions, dans un monde de l’entreprise qui reste tout de même à dominante logique et rationnelle, où l’émotion n’a que peu de place. Il faut donc apprendre à apprivoiser ses émotions. Il n’y a rien de rationnel ou logique dans le feeling. On recrute un être humain et son bagage émotionnel. Vous ne pouvez pas lui demander de les garder pour lui. Tout ça se passe à l’entretien, alors certains pourraient parler de chance, mais le moins que l’on puisse dire c’est que le développement de son savoir-faire émotionnel aide beaucoup.
Et pour le candidat, comment saisir sa chance ?
La chance du candidat résiderait dans sa capacité à reconnaître les attentes de son interlocuteur et à le persuader qu’il a trouvé la perle rare. La question que l’on pourrait se poser est : quelle part de chance y a-t-il dans ce process ? Ne s’agit-il pas, encore une fois, de cette capacité à faire passer des émotions positives face au recruteur, de développer sa communication et son flair ? Pour mettre toutes les chances de son côté, c’est le cas de le dire, bien se préparer à l’entrevue et continuer à travailler sur soi sont donc essentiel. Dans toutes les cultures, nous retrouvons des dictons qui lient la chance et la réussite au travail et à la persévérance. L’adage marocain : «Celui qui demande la réussite, ne dort pas la nuit» trouve toute sa place dans cette problématique, ainsi que des dictons que nous utilisons couramment : «Aide-toi, le ciel t’aidera», «Souris à la vie, la vie te sourit», ou encore «On récolte ce que l’on a semé.
