SUIVEZ-NOUS

Carrière

Soft skills, une question de flexibilité et de résilience

Yousra Andalib, Coach professionnelle, docteur en économie et gestion et chercheure – membre d’ICF Maroc

Il est plus facile pour une entreprise de former ses candidats sur les hard skills que les soft skills. Elles sont une garantie supplémentaire pour l’entreprise pour avoir des collaborateurs pouvant gérer des situations conflictuelles, s’adapter aux changements quels que soient leurs types.

Publié le


Mis à jour le

Qui dit soft skills, dit capacité d’adaptation, de flexibilité et de résilience. C’est un concept qui a été évoqué par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la première fois en 1986. Il a fait son entrée au Maroc grâce aux ONG marocaines et étrangères qui œuvrent dans le domaine de l’employabilité des jeunes.

Depuis le discours de S.M. Mohammed VI du 20 août 2018 à l’occasion de la Révolution du Roi et du Peuple, presqu’entièrement consacré aux jeunes, les compétences comportementales sont prises en considération par le système éducatif marocain. D’ailleurs, la nomination d’Abdellatif Miraoui à la tête du ministère de l’enseignement supérieur est une forme de reconnaissance pour ce qu’il avait fait pour le développement et la promotion des soft skills au sein de l’Université Cadi Ayyad.

Défi des recruteurs

L’un des défis majeurs des entreprises est de les repérer chez les futures recrues. C’est la lourde tâche des recruteurs. Ils sont en quête de compétences relationnelles et comportementales, ainsi que des différentes intelligences. Ce sont les ingrédients indispensables pour former et promouvoir les leaders de demain, ayant les talents et le potentiel pour répondre aux attentes du marché et aux nouvelles tendances économiques et composer avec les turbulences qui vont crescendo.

Maintenir le potentiel

L’entreprise cherche, donc, en amont ces compétences. Ce n’est pas suffisant. Comme tout capital, il a besoin d’entretien et de valorisation. Les entreprises sont invitées à déployer les moyens nécessaires pour attirer et retenir les potentiels et aussi pour les fidéliser, d’où le développement de la marque employeur.

La relation qui s’installe entre le manager et ses collaborateurs est une relation «gagnant-gagnant», qui s’inscrit dans une nouvelle culture marquée par l’empathie, la reconnaissance de la personne et de ses compétences. Cette culture est le gage par lequel les deux parties (manager et collaborateurs) sont impliquées pour la performante globale de l’entreprise.

Toutes les études et toutes les recherches qui ont été faites sur les soft skills établissent qu’elles sont un réel catalyseur de la compétitivité de l’entreprise.

Soft skills vs hard skills

Les hard skills désignent l’ensemble des compétences techniques: comptabilité, maintenance, audit, entre autres. Elles sont facilement observables, mesurables et évaluables.

Les soft skills désignent un ensemble de comportements. L’OMS en a identifié dix, que pistent les recruteurs et que convoitent les entreprises. Il s’agit de conscience de soi, empathie, gestion des émotions, gestion du stress, communication efficace, relations interpersonnelles, prise de décision et résolution de problèmes, pensée critique et pensée créative.

Ces comportements sont observables et évaluables, mais difficilement mesurables. Par contre, leur impact sur une équipe, sur une entreprise est largement appréciable.

Aujourd’hui, les recruteurs préfèrent un candidat avec un hard skills moyen mais avec des soft skills importants à un autre qui a un hard skill important, mais des soft skills moindres. Il est plus facile pour une entreprise de faire une formation à un collaborateur sur les hard skills.

Comment acquérir les soft skills

Il y a deux façons. La personne prend conscience de l’importance de ces compétences pour son développement personnel. Elle peut, dans ce cas, soit se prendre en main et cheminer tranquillement pour développer ces compétences, soit faire appel à un spécialiste pour l’aider à faire ce chemin avec plus d’efficacité et de pertinence.

Deuxième façon, c’est l’entreprise qui a pris conscience de l’importance de ces soft skills pour son propre développement. Dans ce cas, elle investit dans l’accompagnement de ses collaborateurs, soit par des formations, par des coaching, ou du mentoring.

Et surtout par l’instauration d’une culture favorisant l’émergence des soft skills. Dans des cultures apprenantes, les collaborateurs sont les acteurs du changement, ils sont les promoteurs des projets de l’entreprise.

Pourquoi cet investissement ?

La finalité est la performance de l’entreprise. Les soft skills sont une garantie supplémentaire pour l’entreprise pour avoir des collaborateurs pouvant gérer des situations conflictuelles, s’adapter aux changements quels que soient leurs types (par la pensée créative), de construire des relations pérennes et durables entre eux, de communiquer efficacement avec un contenu adapté à la cible et aux canaux de communication, accueillir leurs émotions et celles des autres.

Bref, des collaborateurs acteurs qui permettent à l’entreprise de faire la différence avec la concurrence.

Pourquoi attendre l’entreprise ?

Une simple lecture du système d’enseignement au Maroc révèle que la formation est axée uniquement sur les hard skills. C’est pour cela que les jeunes diplômés arrivent sur le marché de l’emploi complètement démunis, «pauvre en aptitudes comportementales».

En tant que coach, j’attends avec impatience la refonte du système pédagogique dans son intégralité. Cette refonte doit permettre d’intégrer les soft skills en tant que compétence et non en tant que matière avec un volume horaire sur laquelle les étudiants sont évalués.

Cette refonte doit permettre d’avoir des diplômés avec un SMIG de soft skills. Les entreprises sont conscientes qu’elles doivent entretenir leur capital RH, mais ne doivent pas investir pour pallier les insuffisances de notre système éducatif.

A chacun ses responsabilités. Nos établissements (facultés et instituts) doivent former les diplômés adaptés au marché de l’emploi. Les entreprises doivent combler des manques.

Il y a un fort taux de chômage dans notre pays, notamment chez les jeunes. Mais en même temps, les entreprises peinent à trouver des profils adaptés.