Carrière
S’intégrer dans une entreprise quand on est étranger
Respecter un temps d’adaptation à la culture locale est conseillé.
Savoir écouter, être attentif aux différences, arriver à décoder les gestes et le sens des mots : trois paramètres essentiels à prendre en compte.
Certains estiment qu’il faut s’entourer de collaborateurs locaux pour réussir.

Le management interculturel ? un concept dont on connaissait peu de choses il y a quelques années. Aujourd’hui, c’est une évidence. Face à la globalisation et autre approche universaliste, l’interculturel a pris de l’ampleur. Les échanges se multiplient, les entreprises deviennent tentaculaires et les prises de participations croisées sont monnaie courante. La mobilité devient incontournable. Des cadres sont envoyés par leur employeur dans d’autres pays et de simples travailleurs s’exilent pour trouver un emploi. Cette notion d’interculturel ne se limite pas à l’intégration de populations d’origine différente mais aussi aux pluralismes de nos sociétés : ethniques, religieux, régionaux…
En tout temps, on a compris que la rencontre des cultures a toujours permis à l’humanité d’évoluer. Sur le plan professionnel, c’est pareil ! Avoir un manager français, américain, chinois ou autre peut être bénéfique pour une entreprise sur plusieurs plans, puisque, au-delà de ses compétences professionnelles, le nouveau-venu apporte une culture managériale différente. Mais encore faut-il qu’il fasse l’effort de s’adapter et d’assimiler la culture locale. N’oublions pas que l’on parle de brassage, donc il ne saurait y avoir ni soumission ni domination.
L’aspect culturel peut influer sur l’utilisation d’une technique universelle
Comment gérer cette différence, surtout lorsqu’on vient de débarquer dans un nouvel environnement culturel ? Pour Laurent Weil, directeur ingénierie sociale et mobilité chez BPI Maroc, «cette adaptation dépend de trois facteurs : le contexte de l’entreprise, son mode de fonctionnement ainsi que la réalité quotidienne du métier et des compétences». Ce dernier point est important. Car on peut avoir été formé dans les plus prestigieuses écoles du monde, avoir acquis les compétences les plus pointues, sur le terrain, la réalité est tout autre. La manière dont vous allez exercer votre métier, que vous soyez informaticien, financier, commercial ou autre dépendra beaucoup de l’environnement local.
Souvent minimisé, l’aspect culturel peut faire toute la différence dans une négociation commerciale comme dans toute situation en apparence banale mettant en présence des cultures différentes. Pour cette raison, de nombreux spécialistes soutiennent que certaines fonctions ne peuvent être confiées à des managers issus d’un autre pays. Il s’agit en l’occurrence des fonctions de DRH et de marketing. Avoir un DRH étranger qui a une approche tout à fait différente de la logique locale peut entraîner des dysfonctionnements. Quand cela arrive, l’intéressé doit développer sa flexibilité intellectuelle, et être capable d’appliquer une recette, fût-elle universelle, au contexte local. C’est le fameux concept «think global, act local» qui a fait émerger une nouvelle race de dirigeants, les «glocal» managers. Dans de nombreuses multinationales, cette démarche managériale est éprouvée. Et quand c’est nécessaire, un code de conduite montre la voie à suivre.
Respecter les différences pour être accepté
Mais on peut bien vivre les différences culturelles sans en arriver à la coercition. Tout d’abord, en faisant attention aux petits détails. «Dans les mots, et les perceptions que chacun met derrière, il existe des différences significatives. Si on n’y prend pas garde dès le début, et malgré la bonne volonté de chacun, des décalages se créent et provoquent progressivement des dysfonctionnements», note M. Weil. Pour sa part, Marc Thépot, DG d’Accor Maroc, estime qu’il faut prendre le temps de comprendre les habitudes locales. «Un manager international doit constamment s’entourer de collaborateurs locaux afin de se fondre dans la culture locale. Ceux qui se résignent à s’entourer de collaborateurs expatriés finissent par être décalés par rapport à la réalité», dit-il.
En résumé, il y a trois impératifs quand on vit une expérience interculturelle. D’abord, être capable d’écouter. Ensuite, être attentif aux différences. «L’aspect social, familial et religieux est très présent dans la culture marocaine. Ça se ressent aussi dans l’entreprise. Pour être accepté, il faut savoir respecter ces différences», signale le DG d’Accor Maroc. Enfin, paramètre le plus difficile à gérer, savoir décoder certains faits et gestes.
Tous ces éléments font qu’aujourd’hui la formation des managers ne se limite plus aux connaissances techniques. Les plus grandes écoles de commerce prévoient dans leur programme une immersion dans un pays différent. Pour le MBA, cela peut aller jusqu’à six mois.
De nombreux spécialistes soutiennent que certaines fonctions ne peuvent être confiées à des managers issus d’un autre pays.
Il s’agit en l’occurrence des fonctions de DRH et de directeur marketing.
La rencontre des cultures permet d’évoluer. Au plan professionnel, avoir un manager français ou autre est bénéfique car le nouveau venu, outre ses compétences, apporte une culture managériale différente.
