Carrière
Paix sociale en entreprise : Avis de Abdelilah Sefrioui, Consultant RH et DG du cabinet Axe RH
« Le dialogue social n’est jamais entamé au bon moment »
Pour parler de dialogue social, il faut au niveau des entreprises avoir une bonne représentation syndicale alors que dans la réalité le taux de syndicalisation est très faible au Maroc. Aujourd’hui, les cadres sont peu intéressés par la syndicalisation. Ils sont dans une logique individualiste avec une attention particulière à leur gestion de carrière. Tout cela fait que l’entreprise est souvent en position de force en raison d’une faible présence syndicale.
C’est dommage parce qu’avoir un syndicat organisé au sein d’une entreprise permet d’avoir un contrepoids pour pouvoir équilibrer entre l’économique et le social.
Il faut dire aussi que la majorité des PME qui sont le poumon de l’économie marocaine présente un manque d’intérêt pour les représentations syndicales.
D’un autre côté, le dialogue social n’est jamais entamé au bon moment. Il faut attendre toujours qu’il y ait des grèves pour enfin se mettre autour de la table des discussions.
Le dialogue doit être permanent et se trouve facilité dès lors que les dossiers sont bien préparés et qu’on anticipe avant que les problèmes ne surviennent. Quand on arrive à construire une relation de confiance, il ne faut jamais hésiter à partager avec les partenaires à temps, notamment au sein d’une instance comme le comité d’entreprise, quelle que soit la difficulté des décisions à prendre.
Vous aurez dans tous les cas une meilleure collaboration des partenaires sociaux quand ils sont impliqués dès le départ dans les dossiers car, en plus du respect lié à la transparence, leur assistance peut être certaine par la connaissance du terrain et l’anticipation d’éventuelles problématiques.
Souvent, ces entretiens traitent généralement de la révision des salaires et primes, conditions de travail, formation… mais je pense que les partenaires sociaux commencent à réclamer d’autres aspects comme une meilleure qualité du management, le respect des normes d’hygiène et de sécurité, une communication plus régulière et plus transparente mais aussi des avantages sociaux liés aux conditions de travail.
Pour parler des pratiques adéquates, je pense que l’outil le plus structurant du dialogue social est la gestion prévisionnelle des emplois et compétences (GPEC) parce qu’elle touche plusieurs domaines.
En France, par exemple, tout accord de GPEC définit d’abord la gestion des instances représentatives du personnel, leurs modalités de consultation et d’information.
Ensuite, l’accord permet de lister toutes les actions possibles allant de la mobilité interne à la gestion des carrières en passant par la formation professionnelle, l’accompagnement des salariés, la gestion des fins de carrière…