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Carrière

Houcine Berbou : «L’équation est de réduire la distance entre l’image voulue ou souhaitée et l’image produite ou perçue»

Le groupe social peut être tolérant quand on assume ses actes et comportements. Le jugement des autres peut toujours être à  rebours de ce que l’on cherche à  projeter.

Publié le

berbou 2012 12 25

Lorsqu’on est exposé à des problèmes d’image, le plus important c’est de prendre du recul et d’opérer un vrai travail d’introspection sur soi. Pas toujours facile. Houcine Berbou, consultant senior chez LMS ORH, explique comment redresser la barre.

Coureur de jupons, faillite personnelle, incompétence, caractère difficile…, peut-on dire que l’image de soi se joue parfois sur des détails ?

Tout dépend, d’un côté, du statut, de l’histoire et de la réputation de la personne émettrice, et, de l’autre côté, de l’autorité de celui qui reçoit et de son positionnement, et enfin du contexte dans lequel cela se produit. Je veux dire par là que le jugement qu’on peut porter sur la personne n’est pas automatiquement le rejet ou la dévalorisation et inversement l’encouragement et la valorisation. Tout est relatif. Par exemple si une maladresse émane d’une personne qui a une histoire de réussite, une bonne réputation, un historique d’implication et de dévouement dans son travail, l’insatisfaction peut être ponctuelle et va être très vite pardonnée. Deuxième exemple, quand le vis-à-vis a le recul nécessaire pour faire la part des choses, son jugement ne va pas être définitif et tranché quelle que soit l’intensité de la maladresse produite. Les images auxquelles je pense transcendent le monde de l’entreprise et peuvent être observées dans le cadre des relations interpersonnelles au sens large.

De quoi s’agit-il?

Il faut savoir dès le départ que l’image est un concept composite. On distingue en réalité quatre dimensions de l’image : l’image voulue, l’image perçue, l’image produite et l’image souhaitée.
Je détaillerai ces exemples. Premièrement, l’image voulue se focalise sur la manière avec laquelle on veut paraître en tenant compte de nos attributs, de ce qui nous distingue des autres, de ce qui fait notre force, du vis-à-vis. Ainsi, dans l’entreprise, un salarié cherche à ce que l’image qu’on se fait de lui soit la plus proche possible de ce qu’il souhaite qu’elle soit. En tout cas intégrant la maximum d’éléments positifs qui le distinguent. Par exemple, son expertise, sa compétence, ses relations humaines, sa réactivité, sa formation, sa motivation, etc. Certaines personnes essayeront même de camoufler au maximum les aspects qu’on peut juger négativement. D’autres qui assument leurs caractères avec les qualités et les défauts essayent de paraître entières et assument totalement les conséquences. En retour, le groupe social peut leur reconnaître cette qualité.
Deuxièmement, l’image perçue est la manière avec laquelle le récepteur vous perçoit. Cette perception sera le résultat d’un certain nombre d’éléments, comme précisé en haut. Le statut, le caractère, l’histoire, le positionnement, la nature et l’intensité de la relation avec l’émetteur, le référentiel culturel du récepteur… Ce que je veux dire c’est que votre image auprès des autres n’est pas systématiquement positive parce que vous avez voulu qu’elle soit ainsi.
Troisièmement, l’image produite est l’image voulue, instrumentalisée. L’individu n’est pas totalement dans la spontanéité. Il intègre dans ces actes, attitudes et comportements les éléments de l’environnement dans lequel il évolue pour produire l’image qu’il souhaite transmettre. C’est une image raisonnée. Le parallèle peut être fait avec le monde du marketing dans lequel les entreprises analysent les caractéristiques du marché, du consommateur, la concurrence ainsi que les éléments qui concourent à la production de l’avantage concurrentiel pour imaginer un positionnement et produire une image de leurs produits et services.
Enfin, l’image souhaitée est la projection qu’on veut avoir dans un monde idéal. L’équation pour tout un chacun au sein d’un groupe social est de réduire la distance qui sépare l’image voulue ou souhaitée de l’image produite ou perçue.
 
Comment se refaire quand on est assuré que son image est ternie ?

D’abord, assumer très vite qu’on a gaffé. Secundo, faire preuve d’intelligence et démontrer aux autres que ce qui s’est produit n’a rien à voir avec ce qu’on est fondamentalement. Et que l’on est foncièrement animé par l’enthousiasme et la volonté de bien faire. Il est aussi vrai qu’il faut compter sur la possibilité d’avoir une deuxième chance pour rectifier le tir. Cela ne peut se produire que si votre vis-à-vis a la patience et la sérénité nécessaires pour aller au fond des choses.
 
Peut-on être amené à changer d’entreprise ?

On ne quitte pas une entreprise suite à une maladresse ou un petit quiproquo. On peut imaginer de quitter à cause d’un échec ou suite à un manque de visibilité sur l’avenir ou pour toute autre bonne raison qui fait que toute projection dans cette entreprise est impossible. Par ailleurs, les enjeux et les conséquences d’une décision de départ ne sont pas les mêmes pour tous. Ainsi, un jeune collaborateur en début de carrière, fragilisé d’entrée dans son entreprise d’accueil par un souci d’image négative, peut décider de quitter facilement, contrairement à une autre personne qui a fait l’essentiel de sa vie dans cette entreprise, surtout quand il n’a pas instantanément d’autres opportunités.
Lorsqu’on est exposé à des problèmes d’image ternie, le plus important c’est de prendre du recul, d’opérer un vrai travail d’introspection sur soi et d’essayer d’améliorer ce qui peut l’être. Au lieu de mettre le tout sur le dos de l’entreprise et des autres, il est essentiel de se remettre en question, dans un premier temps avant d’entrevoir des solutions plus radicales.

Com’ese

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