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Carrière

«Pour que ça marche, il fallait être à  deux»

Un couple français natif de Casablanca est à l’origine de rekrute.com, premier site marocain dédié au recrutement

Alexandra et Philippe Montant racontent le lancement de leur
entreprise, et sa gestion quotidienne… A deux.

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Tous deux nés à Casablanca, Alexandra et Philippe Montant, qui se sont rencontrés sur les bancs du lycée Lyautey, ont préféré, il y a quelques années, quitter la grisaille du ciel parisien pour retrouver le soleil de leur ville natale et y élever Léa et Jérémy, respectivement âgés aujourd’hui de 2 et 4 ans. Elle, diplômée de Sup’ de Co, ancienne responsable commerciale chez Bull et directrice commerciale dans une société de ressources humaines, lui, centralien, ancien directeur des ventes chez Dell, consultant ou auditeur chez Ernst & Young – tous deux issus du milieu «high-tech», donc -, et ils ont lancé, en février, après huit mois de préparation, le premier site marocain spécialisé dans le recrutement, baptisé rekrute.com.

Installée au technopark de Sidi-Maârouf, «qui nous permet de grandir à notre rythme, de nous développer petit à petit», la start-up emploie d’ores et déjà une équipe composée de six personnes. Rekrute.com est même entré dans le top-ten des sites marocains, avec des moyennes de quelque 3 200 visiteurs et 70 000 pages vues quotidiennement, dont une part de 20% à l’étranger, avec 140 à 150 annonces renouvelées toutes les quatres semaines. Il en coûte à l’annonceur entre 4 000 et 6 000 DH par annonce, «selon les services associés»… Et la société travaille majoritairement avec des multinationales et des grandes sociétés de la place.

«Lui, c’est la tête, et moi les jambes»
«On fonctionne ensemble, on est complémentaires, mais chacun a ses tâches», explique Alexandra Montant, lucide sur l’investissement humain que demande une entreprise en développement. «C’est vrai que, pour l’instant, on n’arrive pas encore vraiment à couper le contact le week-end ou le soir, même si on se réserve bien sûr du temps avec les enfants», dit-elle. «On s’est réparti le travail, chacun gère son portefeuille commercial puisque nous suivons les clients du début à la fin, mais c’est vrai que certains sont gérés à deux. On est assez interchangeables, quelque part il pense et je mets en œuvre, lui, c’est la tête et moi les jambes… Par exemple, il a pensé le système du site, mais c’est moi qui en ai écrit le texte», poursuit-elle.

Madame assure donc le lancement commercial et marketing, la communication. Et pour monsieur, ce sera… les contrats-cadres, les grands comptes et les partenariats à l’année, la stratégie… «Je suis ingénieur, je m’occupe de l’aspect technique et de l’équipe de développement du site. Chez Dell, j’avais géré la mise en place du système de gestion intégrée de la firme pour l’Europe», poursuit celui qui a pensé une plateforme de gestion autonome des candidatures à destination du client, sous la forme d’un tableau de bord «qui permet de classer les candidats selon différents critères, pour une gestion interne qui peut impliquer plusieurs personnes, et sans impression».

Ils n’ont pas écouté ceux qui leur déconseillaient de travailler en couple
Travailler en couple offre bien sûr des avantages de complémentarité, de motivation… «Quand je bute sur quelque chose qui me prend du temps, que je repousse sans arrêt, je le lui donne et, souvent, il se trouve que c’est un problème qu’elle est à même de régler assez rapidement…». Madame confirme : «On a un peu un mode de fonctionnement par vases communicants. Si l’un est fatigué à un certain moment, l’autre peut prendre le relais, et puis on se motive l’un l’autre…». Se donner des objectifs, à six mois par exemple, est «assez difficile», confie Philippe Montant, «puisqu’il s’agit d’une entreprise en pleine phase de lancement… Par contre, au fur et à mesure que le site avance, on découvre de nouveaux besoins. On vient de mettre en place une promotion pour l’été. Les idées viennent aussi de l’équipe. Chacun a sa mission de fond, mais tout le monde participe. Et puis l’esprit de l’entreprise familiale est très sympa».

«Le déclencheur pour notre retour au pays a été la naissance de notre premier enfant», explique Alexandra. «On s’est dit qu’il était temps de rentrer à la maison, et après quelques mois ici, on s’est même demandé pourquoi on avait tant attendu…». Bien sûr, se lancer dans l’aventure en couple n’a pas été sans susciter des craintes… «Au début, nous étions inquiets», témoigne Alexandra. «Tout le monde dit qu’il ne faut pas travailler avec son conjoint, on nous l’a toujours déconseillé. Mais on se disait qu’il n’y avait pas de raison pour que ça se passe mal au bureau… En fait ça se passe même très bien». D’abord parce que les époux ne sont pas en compétition, «à part sur le chiffre», plaisantent-ils, ensuite parce qu’ils se complètent.

«C’est vrai que la logique aurait été que l’un conserve son job et que l’autre monte la boîte, on hésitait… Mais à un moment donné, on s’est dit “ça va marcher, et le seul moyen que ça marche vraiment c’est d’y aller tous les deux’», poursuit madame… «De par nos compétences, d’abord, et essentiellement parce que dans l’internet il faut aller très vite». Et les enfants dans tout ça ? «On avait un peu peur qu’ils réagissent mal», se souvient Philippe. «Ils avaient l’habitude d’avoir leur mère tout le temps, mais, finalement, ça se passe plutôt bien, on se réserve des moments avec eux le week-end… Et ils adorent venir au bureau».

Alexandra et Philippe Montant jouent la complémentarité. «Quand je bute sur quelque chose que je repousse sans arrêt, je le lui donne et, souvent, il se trouve qu’elle est à même de régler le problème assez rapidement…».