Carrière
Abdellah Fakir : «Si les maladies chroniques se répandent au sein des entreprises, cela témoigne de l’échec de la mission de la médecine du travail»
quand vous avez un salarié qui souffre d’une maladie longue durée, je pense que la bonne attitude est de privilégier la tolérance et la flexibilité au niveau du poste de travail.
Plus que de dispositions juridiques, il s’agit bien plus souvent d’arrangements entre
le salarié et l’entreprise.
Généralement, les maladies de longue durée sont considérées comme des affections comportant un traitement prolongé et une thérapeutique parfois coûteuse, ouvrant droit à une prise en charge intégrale de leurs frais de traitement, dans la limite du périmètre remboursable. On peut citer à titre d’exemple les maladies chroniques à caractère professionnel comme les pathologies cancéreuses, pathologies rénales, pathologies respiratoires…
Souvent, la prise de conscience de la part des entreprises vis-à-vis de la santé de leurs employés est assez minime. Cependant, certaines grandes entreprises, notamment les multinationales, sont dans l’obligation de se conformer aux règles établies par les maisons mères. Les entreprises nationales, de par leurs effectifs importants, s’en tiennent aux dispositions légales de la médecine du travail. Avant d’en arriver aux problèmes de gestion des maladies chroniques, je soulignerais que la prévention est indispensable, sachant qu’une journée de travail perdue coûte davantage à l’entreprise que les simples cotisations patronales. Cette démarche préventive est malheureusement négligée, voire jugée tout simplement inutile. Il s’agit là d’une violation flagrante de la législation du travail.
Maintenant, quand vous avez un salarié qui souffre d’une maladie longue durée, je pense que la bonne attitude est de privilégier la tolérance et la flexibilité au niveau du poste de travail. Plus que de dispositions juridiques, il s’agit bien plus souvent d’arrangements entre le salarié et l’entreprise. Des entreprises mutent leur salarié malade dans d’autres services, l’assignent à d’autres tâches… L’aménagement d’horaires est plus rare. Le code du travail ne protège que contre les maladies professionnelles.
Cependant, la maladie grave se définit toujours par rapport à un poste précis. Il n’y a pas pour l’entreprise de maladie grave dans l’absolu. C’est comme pour l’épilepsie. C’est rarement un problème pour l’entreprise. En revanche, si cette personne est chauffeur routier, vous imaginez qu’il expose la vie d’autrui. C’est pourquoi on oblige des visites médicales périodiques pour certains métiers parce que j’estime que si les maladies chroniques se répandent au sein des entreprises, cela témoigne de l’échec de la mission de la médecine du travail.
De plus, la maladie grave n’est pas toujours visible à l’œil nu. Comme pour le dépressif, par exemple, qui peut être dangereux pour son entourage, comme pour lui-même. Les limites de la tolérance d’une maladie grave sont donc l’impact sur les autres employés (l’aspect contagieux) et sur la rentabilité de l’entreprise.