Affaires
Barid Al Maghrib : un dialogue social laborieux…
Principales revendications des syndicats: la révision des indemnités des facteurs, la promotion des collaborateurs ayant obtenu des diplômes et l’amélioration de l’offre de départs volontaires. La direction générale de Poste Maroc assure que le dialogue n’a jamais été rompu avec les partenaires sociaux et qu’une direction a été créée à cet effet.

L’année 2014 n’a pas été de tout repos pour le management de Barid Al Maghrib. Le secteur de la poste est connu depuis toujours pour être un des plus syndiqués. Et l’année qui vient de s’écouler a eu son lot de grèves. Une dizaine en tout, en 2014, dont la dernière a eu lieu le 22 décembre.
«Des promesses qui nous ont été faites en 2011 n’ont pas été toutes tenues malgré les grèves que nous avons organisées pour accélérer les choses», explique Noureddine Soulaik, SG de la Fédération nationale des postes et télécoms (UMT).
Contactée à ce sujet, la direction de Poste Maroc assure, pour sa part, que «le dialogue avec les partenaires sociaux n’a jamais été interrompu et la direction générale a toujours veillé à étudier les revendications des syndicats et à y apporter les solutions les plus appropriées, en conformité avec les dispositions réglementaires régissant l’entreprise et ses contraintes économiques». Et d’ajouter que «Barid Al-Maghrib a même créé une direction dédiée aux relations sociales». Le dialogue a abouti en juin 2014 à la signature d’un accord avec le syndicat le plus représentatif. «Depuis cette date, aucune grève n’a été enregistrée sur le plan national», confirme-t-on du côté du management de l’entreprise.
Pourtant, cela ne semble pas avoir apaisé les revendications syndicales qui portent essentiellement sur la révision régulière des indemnités de déplacement des facteurs, la promotion des salariés ayant obtenu des diplômes et l’amélioration de l’offre financière relative au programme de départs volontaires.
Les indemnités de déplacement et de maintenance est l’un des dossiers qui font le plus jaser les 1 800 facteurs de Barid Al Maghrib. «Ces derniers reçoivent près de 7 DH par litre de carburant, soit une indemnité mensuelle totale de 700 DH pour une tournée de 60 km par jour, y compris les frais de maintenance», indique Abdelhamid Fathi, secrétaire général du Syndicat national des postes et télécoms (SNPT). Par conséquent, «les facteurs se trouvent obligés de supporter l’écart entre le coût réel et les indemnités versées par l’entreprise», regrette Noureddine Soulaik. Un avis que ne partage pas la direction de Barid Al Maghrib qui nous informe que les facteurs perçoivent mensuellement une indemnité pour l’usage des cyclomoteurs couvrant à la fois les frais de carburant et de maintenance. Cette indemnité est calculée en multipliant le parcours (44 km en moyenne) du facteur par 12 DH. Dépassés les 44 km, l’indemnité est calculée sur la base de 11 DH. Alors, «si l’on considère que la consommation moyenne d’un cyclomoteur se situe entre 2 et 2,5l/100 km, et que le prix du litre de carburant est de 14 DH, le coût pour un parcours journalier de 40 km serait de 308 DH par mois. En outre, le coût moyen de la maintenance pour un cyclomoteur étant de 50 DH/mois, le coût global moyen pour un parcours de 40 km ne dépasse guère les 360 DH», explique le groupe postal. «En conséquence, et malgré les hausses successives du prix du carburant, l’indemnité octroyée couvre largement les coûts supportés par le facteur. Par ailleurs, afin de dispenser les facteurs des soucis de gestion liés à l’usage de cette indemnité, Barid Al Maghrib a décidé de les doter de cartes à puce carburant et de prendre en charge de manière directe la maintenance des cyclomoteurs». Cette opération est actuellement en phase pilote et sera généralisée d’ici la fin du premier semestre 2015.
1 600 collaborateurs en attente de promotion
Apparemment, les syndicats se donnent le temps d’apprécier la portée de cette solution sur le problème des indemnités. En revanche, ils sont déterminés à faire aboutir la revendication sur la revalorisation des diplômes. Selon Noureddine Soulaik, plus de 1 600 salariés diplômés de l’enseignement supérieur n’ont pas pu bénéficier du programme de revalorisation des diplômes. En 2011, une convention tripartite avait été signée avec la direction générale du groupe et la direction des entreprises publiques et de la privatisation (DEPP) relevant du ministère des finances. Elle portait sur une opération de promotion exceptionnelle dénommée «Chorouk» au profit de 2 000 collaborateurs titulaires de diplômes de l’enseignement supérieur reconnus par l’Etat (bac+2 et plus). «180 collaborateurs ont été promus en 2012 et 130 en 2013», explique M. Fathi. En 2014, «l’opération a été suspendue. Aucun salarié n’a bénéficié de la promotion et nous ignorons si cela sera le cas pour l’année 2015», confirme M. Soulaik.
Mais la direction de Barid Al Maghrib explique qu’il s’agit d’un programme étalé sur trois exercices budgétaires : 2013, 2014 et 2015. Deux groupes de salariés ont été reclassés et redéployés en 2013 et 2014, une troisième vague est en cours de préparation pour l’exercice 2015. Donc, vraisemblablement, le reste des salariés devrait être promu en 2015.
Autre dossier chaud : le programme de départ volontaire lancé en 2014. «L’offre proposée par la direction n’arrangeait pas les collaborateurs», déclare M. Fathi. L’indemnité est équivalente à deux mois de salaire pour chaque année travaillée, plafonnée à 40 mois. Elle ne doit pas non plus être supérieure à 50% de la somme totale des salaires restant jusqu’à l’âge de la retraite. «Face à ces propositions à travers lesquelles l’entreprise visait surtout les collaborateurs ayant de gros salaires, aucun candidat ne s’est inscrit à ce programme», indique M. Soulaik. Sur ce point, la direction générale de Barid Al Maghrib explique que «les propositions faites pour l’opération de départ volontaire 2014 sont identiques à celles des opérations de départ déjà réalisées en 2011 et d’autres avant. Elles s’inscrivent dans les normes édictées par l’Etat pour les établissements et entreprises publiques pour les opérations de départ volontaire».
