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Affaires

Affaire COS-ONE : des acquéreurs de logements envisagent de poursuivre l’ONE

Le CIH les a sommés de vider des logements qu’ils ont payés, ils se retournent contre la direction de l’ONE.

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«Nous avons été jetés à la rue comme de vulgaires voyous par la direction générale de l’ONE !» Les propos sont d’El Mostafa Slaoui, membre de l’association des habitants des deux lotissements Dawliz du COS-ONE (inscrit à la conservation foncière sous les nom Aïn Diab II et M’Zouka V). Vendredi 6 avril à 15 heures, les trois représentants de ladite association, le président et ses deux seconds, se présentent en effet dans les locaux de l’ONE à Casablanca pour demander un rendez-vous avec le directeur général, Ahmed Nakkouch. Objet de la rencontre: le différend qui oppose depuis quelques semaines les habitants de ces maisons au CIH, qui les a sommés de vider les logements, faisant valoir son hypothèque au titre des crédits immobiliers non remboursés. Ce, alors que la majorité des acquéreurs s’est bien acquittée du prix de ces logements auprès du COS-ONE qui, lui, n’a pas payé le CIH (voir La Vie éco du 2 avril).
Toujours est-il que ce vendredi-là, en l’absence du DG de l’ONE, les trois émissaires insistent pour voir au moins un haut responsable en vue de lui soumettre leur requête. Le ton monte rapidement. Les visiteurs sont conduits manu militari à la porte de l’office. La seule explication qui leur est donnée est que la direction ne souhaite pas les rencontrer et ne se sent pas concernée, et encore moins responsable de leur problème avec le COS-ONE ou avec le CIH.

L’ONE a-t-il failli à sa mission de surveillance ?
Contactée par La Vie éco, la direction de l’office confirmera d’ailleurs cette position. Ryad Jerjini, directeur de la communication et de la coopération à l’office, explique à ce titre : «La direction maintient que l’ONE n’a strictement aucun lien avec cette affaire et que ces personnes ont acheté leurs logements non pas auprès du COS-ONE mais auprès de sociétés immobilières que nous ne connaissons pas et sur lesquelles nous n’avons aucun contrôle». Soit. Mais les archives de la conservation foncière de Casablanca-Anfa démontrent bien que la Société immobilière des œuvres sociales (SIMOS), qui a construit les logements en question par le biais de crédits CIH, est présidée par Mohamed Abderrazzak, président du COS-ONE.
Pour la direction de l’office, cela ne démontre absolument rien car «Mohamed Abderrazzak préside la SIMOS à titre individuel et non en sa qualité de président du COS». Admettons. Les responsables de l’office oublient que les acquéreurs ont, en fait, acheté leurs logements auprès de la Caisse mutuelle complémentaire et de l’action sociale (CMCAS) – la SIMOS n’ayant fait que construire pour son compte – comme en attestent les contrats de vente dont La Vie éco s’est procuré des copies. Or, la CMCAS est bien une structure interne au COS et dûment reconnue par la direction générale de l’ONE.
Raison pour laquelle les acquéreurs n’entendent pas lâcher prise car, selon eux, «la responsabilité de l’ONE dans cette affaire est avérée», comme l’explique le vice-président de l’association, El Mostafa Slaoui. Ce dernier nous renvoie d’ailleurs aux statuts qui régissent le COS-ONE et qui démontrent clairement l’implication de la direction générale de l’office dans la gestion quotidienne, dans la prise de décision et dans le contrôle financier. En effet, il est stipulé dans ces statuts que «le COS reçoit et exerce, dans les limites du budget mis à sa disposition, des pouvoirs par délégation du directeur général». Plus loin, on peut lire également que la direction de l’office est représentée dans un comité de surveillance aux côtés, entre autres, de deux commissaires aux comptes agréés par elle. Ce comité a pour mission le contrôle financier et de gestion du COS. Une question alors : à supposer que la direction de l’ONE n’était pas au courant d’éventuelles malversations ou d’actes de mauvaise gestion de la part de la CMCAS dépendante du COS-ONE, comment a-t-elle pu ne se douter de rien pendant toutes ces années alors qu’il y a un contrôle financier annuel ?
Les habitants des lotissements Aïn Diab II et de M’Zouka V sont catégoriques «S’il y a quelqu’un qui doit régler notre problème c’est bien la direction générale de l’ONE». D’ailleurs, ils envisagent d’engager une action en justice contre la direction de l’office. Selon le vice-président, M. Slaoui, «l’opportunité d’une telle poursuite sera débattue lors d’une réunion de l’association prévue le 10 avril».

Le COS-ONE tiendra son Conseil d’administration le 13 avril
Quant au COS, ils ne comptent pas trop sur sa capacité à régler le problème, surtout avec la crise qu’il traverse actuellement. Rappelons qu’après sa destitution de son poste de secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs de l’énergie, affiliée à l’UMT, Mohamed Abderrazzak occupe toujours le poste de président du COS-ONE. Et c’est en cette qualité qu’il a d’ailleurs fait une dernière tentative pour régler le problème. Ainsi, La Vie éco a pu avoir copie d’une lettre qu’il a adressée le 19 mars au CIH (voir ci-contre), où il propose à la banque de vendre 12 propriétés immobilières appartenant à la fameuse CMCAS, de récupérer le produit des ventes et de délivrer, en contrepartie, aux habitants de Aïn Diab II et M’Zouka V leurs titres fonciers libres de toute hypothèque.
Malgré nos divers appels, la direction générale du CIH est restée muette quant à la suite qu’elle compte réserver à la dernière proposition de Mohamed Abderrazzak. Mais selon des sources bien informées au COS-ONE, «la banque serait en train d’étudier sérieusement cette offre». Peut-on donc s’attendre à un proche dénouement ? Rien n’est sûr, car si l’actuel président a fait cette offre au CIH, il n’est pas dit que son successeur puisse la maintenir ? En effet, le COS-ONE tiendra son conseil d’administration mardi 13 avril. Selon des sources bien informées, il pourrait démettre Mohamed Abderrazzak de ses fonctions de président, ne serait-ce que pour son âge avancé et son état de santé qui, dit-on, s’est détérioré. Affaire à suivre !

Com’ese

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