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44% des 12-14 ans ont un mobile, 35% des foyers sont connectés à l’Internet
Le fixe recommence à perdre du terrain face au mobile en raison du repli de la mobilité restreinte. 37% des clients du mobile ont deux lignes et 4% trois lignes ou plus. Un ménage a en moyenne 4.4 téléphones mobiles. Les ruraux, de gros fans des réseaux sociaux.
La toute dernière enquête sur les télécoms pour l’année 2011 de l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) dégage des tendances pleines d’enseignements et le fait qu’on y ait intégré le rural profond (la nouvelle classification comprend l’urbain, le rural aggloméré et le rural profond) ne semble pas avoir faussé ni biaisé les résultats. Globalement, on y découvre que le taux d’équipement des individus en mobiles (à ne pas confondre avec le taux de pénétration : nombre de lignes/population) progresse plus lentement qu’auparavant.
Entre 2010 et 2011, il est monté de 83% à 87% alors qu’entre 2009 et 2010, on était passé de 69% à 83%. Mais il faut bien reconnaître que le niveau d’équipement est tel que la progression ne peut qu’être lente, particulièrement en milieu urbain où 91% des individus disposent d’un mobile contre 77% en milieu rural.
Pour le fixe, la donne a changé car le taux de pénétration dans les foyers a régressé de 4 points par rapport à 2010, à 35%. Depuis 2007, le fixe avait été porté par la mobilité restreinte. Toujours par foyer, l’équipement en ordinateurs et en internet évolue positivement, avec respectivement des gains de 4 et 10 points d’une année à l’autre, à 39% et 35%. Pour l’internet, c’est la plus forte croissance de ces dernières années.
Mais il faut aller dans le détail pour y voir plus clair. Commençons par le mobile où la pénétration au sein des foyers n’a augmenté que d’un petit point, passant de 84% à 85% entre 2010 et 2011. Le taux est de 88% en milieu urbain et 80% en milieu rural. Là aussi on retrouve un ralentissement notable surtout en comparaison avec la période 2009/2010 où on est passé de 67% à 84%. A part la stagnation enregistrée entre 2005 et 2006 (59%), le niveau d’équipement général n’a cessé de s’élever.
Bien entendu, et comme le relève l’enquête, c’est le pouvoir d’achat qui explique le niveau d’équipement dans le rural, mais curieusement ce sont les foyers composés d’une seule personne qui sont en dessous de la moyenne (-4 points).
Toujours dans le mobile, le prépayé continue de se tailler la part du lion avec un taux de 95%, perdant un point au profit du postpayé qui monte à 5%. Ce petit bond peut s’expliquer par le fait que les foyers qui ne disposaient que du postpayé représentent 2% en 2011 au lieu de 1% une année auparavant. Il s’y ajoute que ceux qui cumulent les deux formes de facturation (postpayé et prépayé) sont passés de 12% à 19%.
Le plus inattendu est que les foyers équipés en mobile disposent en moyenne de 4,4 lignes, ce qui veut dire que 75% des foyers ont trois lignes ou plus et que 90% des ménages en ont au moins deux contre 88% en 2010, année durant laquelle le nombre moyen de lignes mobiles par ménage équipé était de 4,2.
Le Smartphone, encore un outil de luxe
La synthèse de l’enquête de l’ANRT relève que 17% des personnes qui ont plus d’une ligne les ont acquises pour profiter d’une offre promotionnelle (82%) ou d’un meilleur tarif (80%) ou encore pour recevoir des appels et rappeler par une autre ligne (51%).
Un autre fait capté par les enquêteurs est que 44% des personnes âgées de 12-14 ans possèdent une ligne mobile, alors qu’ils sont 89% chez les 15-19 ans, autant chez les 20-24 ans et 95% chez les 25-29 ans.
Pour ce qui est des personnes multi-équipées en lignes mobiles, le pouvoir d’achat fait naturellement la différence. En effet, 4% des CSP (catégorie socio-professionnelles) A/B, les plus favorisées, disposent de plus de trois lignes. Ils sont 37% à disposer de deux lignes quand 58% ne disposent que d’une seule. Du côté de la CSPD, 86% n’ont qu’une ligne, 12% en ont deux et 3% alignent plus de 3.
Sur le registre des changements d’opérateurs, ils ont été 7% (contre 4% en 2010) à avoir changé d’opérateur. Parmi les migrants, 32% ont gardé leur ancien numéro alors que le reste a acquis une nouvelle puce. Et là aussi, ce sont les prix des communications et les promotions qui justifient 78% de ce choix. 55% de ceux qui ont changé d’opérateur déclarent l’avoir fait aussi pour une meilleure qualité de service et 23% pour une meilleure couverture réseau.
Toujours dans l’équipement en mobiles, les Smartphones sont encore difficiles d’accès à cause de leur prix et il n’y a guère plus de 12% des Marocains disposant d’un mobile qui en sont équipés. Ils sont 17% chez la population urbaine et seulement 4% en campagne. Cela dit, 83% des personnes de la CSP A sont équipées en Smartphone.
Pour ce qui est de l’usage de la 3G sur téléphones mobiles, 7% de la population équipée utilisent internet alors que 93% s’en passent. Dans ce second groupe, 60% n’en ressentent pas le besoin, 57% indiquent que l’appareil ne leur permet pas d’accéder à internet, 30% parce que c’est trop compliqué, 21% jugent le coût élevé et 17% considèrent que le réseau ne marche pas bien.
39% des foyers dotés d’au moins un ordinateur
Pour le fixe qui est le seul segment à avoir régressé, après avoir progressé à un rythme soutenu entre 2007 et 2010, c’est la téléphonie à mobilité restreinte qui accuse le coup. Le taux de pénétration dans les foyers a dégringolé de 26% à 17% alors que la téléphonie fixe a rebondi, passant de 10% à 16%. Dans le même temps, la proportion de foyers disposant de deux lignes et plus tombe de 23% à 14%. En moyenne, le nombre moyen de lignes fixes par foyer équipé est passé de 1,3 à 1,2. Bien entendu, les CSP inférieures, les foyers ruraux et les personnes seules sont les moins bien équipés.
La voix est naturellement le premier usage du fixe (97,3% des foyers équipés). On est à peu près dans les mêmes proportions chez les foyers abonnés chez Maroc Telecom (98,9%) ou chez Bayn (99%). Chez l’opérateur historique, les 2/3 des foyers (62,1%) ont une connexion ADSL. On le voit, l’ADSL constitue un vecteur de croissance pour le fixe. Chez Bayn, ce sont 31% des abonnés qui utilisent le net.
Vu l’usage qu’on en fait, force est de constater que le fixe ne peut que perdre du terrain. 78% des foyers qui n’en disposent pas invoquent le mobile comme produit de substitution. Seuls 8% des foyers non équipés ont l’intention de s’abonner contre 12% en 2010.
En ce qui concerne les ordinateurs, l’étude montre encore que la population rurale est moins équipée avec 14% seulement des foyers contre 53% en milieu urbain. Le taux moyen au niveau national étant de 39%. Les ménages équipés possèdent 1,4 ordinateur en moyenne. Mais majoritairement, il n’y a qu’un poste par foyer (71%). 22% en ont deux et 6% trois et plus. Le fait le plus remarquable sur ce segment réside dans le changement de sa configuration. Désormais, l’ordinateur portable a pris le pas sur le fixe qui ne constitue plus que 44% du parc contre 55% une année plus tôt. Autrement dit, les foyers utilisent plus le portable qui représente 56% du total. Comme le souligne le document, l’on s’attend à ce que cette croissance ne faiblisse pas puisque, au regard des intentions d’équipement, chez les foyers non encore équipés, 29% des personnes questionnées projettent d’en acquérir un. Cette part est de 14% chez les ménages qui en ont déjà. 8% expriment l’intention de remplacer le leur.
Le principal obstacle à l’achat d’un ordinateur n’est plus le prix trop élevé (il vient en deuxième position contrairement à 2010), mais l’absence d’un besoin comme le déclarent les personnes interrogées. Et ce manque de besoin est ressenti par toutes les CSP, alors que le facteur prix ou l’illettrisme viennent en avant chez les CSP inférieures.
Des déclarations retenues par l’enquête font ressortir que 44% des personnes déclarent accéder à l’ordinateur à travers leur foyer. Il ressort de l’étude que le parc résidentiel est constitué de 3,6 millions de machines contre 3,1 une année auparavant.
55% des internautes se connectent tous les jours
Quant à l’internet, l’enquête établit que 44% des foyers urbains et 13% des ruraux sont connectés, pour une moyenne nationale de 35%. Par technologie, la 3G est en première position avec 26 points, les foyers connectés à la fois au fixe et à la 3G représentent 4 points et ceux qui n’ont que l’internet fixe 5 points.
Pour 58% des foyers non équipées, l’absence de besoin est citée en premier. Suit le prix avec 41% contre 51% en 2010. Ce sont les CSP inférieures qui voient moins l’utilité de l’internet, le considérant trop cher, compliqué ou pouvant détourner les enfants de leurs études.
En définitive, ce sont 14,9 millions de Marocains qui se sont connectés à internet en 2011 (près d’un million de plus qu’en 2010), avec 60% pour l’urbain et 28% pour le rural.
Concernant l’usage, la plupart des internautes déclarent participer à des réseaux sociaux (83% en 2011 contre 67% une année plutôt). Paradoxalement, ce sont les ruraux qui sont les plus assoiffés de réseaux sociaux (90% contre 80% pour les urbains). Viennent ensuite le chat et postage de messages immédiats (92% pour les ruraux et 77% pour les urbains) et le téléphone sur internet (78% pour les ruraux et 69% pour les urbains).
Par ailleurs, 81% des personnes utilisant la 3G affirment participer à des réseaux sociaux et 63% s’intéressent à des activités éducatives et autant utilisent le réseau pour envoyer et recevoir des mails. Ils sont 57% à télécharger des films, images, musique, TV/ radio… mais seulement 1% disent acheter ou commander en ligne. Sur cette infime partie, 30% ont fait des achats allant de 300 à 500 DH, 24% pour des sommes de 3 000 à 5 000 DH et 40% pour plus de 5 000 DH.
Sur l’ensemble des échantillons, 55% déclarent se connecter tous les jours ou presque, 50% en milieu urbain et 67% en campagne. Les pages en arabe sont les plus consultées (92,5%). Le français suit avec 84,6% et l’anglais avec 26,3%. L’amazigh et l’espagnol ferment la marche avec respectivement 5,2% et 2,8%.
Hormis le domicile, le cybercafé reste le principal lieu d’accès avec 22% des connexions alors que le domicile d’un ami n’intervient que pour 10 % des cas. Le lieu de travail et le lieu des études comptent pour 5,7% et 2,8%. Le mobile vient en dernier lieu avec seulement 0,2 %.