Affaires
1,5 million de pneus se vendent chaque année au Maroc
Le secteur croit à un rythme annuel de 5% et devrait atteindre 10%
Les grands projets dans l’automobile, comme celui de Renault, feront-ils
revenir les grands du pneu au Maroc ?
Les expériences malheureuses de
General Tire et Goodyear toujours présentes.
Alors que le Maroc dévoile une stratégie agressive pour se positionner sur l’échiquier régional de l’industrie automobile, le secteur des équipementiers est appelé à se développer. La future unité de Renault à Tanger suscite déjà l’intérêt de grands noms comme Valéo. Le gouvernement se donne d’emblée pour objectif un taux d’intégration d’au moins 50% pour les voitures montées au Maroc. Dans ce contexte, il est étonnant que l’industrie pneumatique, intimement liée à l’automobile, n’arrive pas à percer. Apparemment, malgré la Logan et les projets annoncés, aucun grand fabricant de pneus ne s’est encore manifesté. Il faut dire que les expériences malheureuses de General Tire et de Goodyear ont échaudé d’éventuels investisseurs. Le premier avait fermé son unité de Zenata en 2000. Le second a mis la clé sous le paillasson six ans plus tard. Pourtant, ce n’est pas la demande qui manque car, en plus des voitures montées localement, les ventes automobiles sont en progression rapide.
Selon les professionnels, le marché du pneumatique dans sa globalité représente près de 1,5 million de pneus par an dont 800 000 pour voitures de tourisme, 338 000 pour les véhicules utilitaires légers et 325 000 pour les poids lourds. Les véhicules plus spécialisés ne sont pas en reste. Ainsi, on dénombre un marché potentiel de 30 000 pneus pour les véhicules agricoles, 3 200 pneus pour les véhicules industriels et 3 800 pneus pour les engins de travaux publics et de génie civil.
Pour ce qui est des parts de marché, en l’absence de statistiques fiables, les professionnels contactés par La Vie éco s’accordent à dire que Goodyear reste dominant sur le marché global du pneu suivi par Michelin puis Bridgestone et Pirelli. Sur le segment des véhicules de tourisme, ce sont de petites marques qui viendraient en tête, dont Pneus Amine ou d’autres marques asiatiques ou sous-marques de multinationales. Viennent ensuite les pneus de grandes marques comme Michelin, Pirelli, Goodyear, Dunlop et Bridgestone. Sur le segment des poids lourds ce serait Goodyear, Bridgestone, Pirelli et Michelin qui se partageraient l’essentiel du marché.
Michelin, avec une politique de prix très agressive gagne du terrain et tout porte à croire qu’elle remporterait la première place en 2007. C’est que, font remarquer les professionnels, le marché du pneu est un marché de prix, même si des études internationales montrent que les usagers préfèrent la qualité, la durabilité, l’économie d’essence et le confort de conduite.
Parallèlement, et depuis trois ans, un autre phénomène se fait de plus en plus ressentir: les ventes de pneus usagés sont en chute libre. C’est là le résultat du démantèlement douanier, conjugué à la baisse des prix opérée par les fabricants. Selon les responsables de Pneus Amine, de fabrication tunisienne, le pneu d’occasion représentait 30% du marché il y a quelques années. Aujourd’hui, seuls 5% des usagers achètent des pneus d’occasion et ce sont rarement des professionnels. La mise en place des accords de libre-échange avec l’Europe, les USA et des accords d’Agadir ont accéléré le démantèlement.
Aujourd’hui, le taux de croissance annuel du secteur (en volume) approche les 5% et pourrait atteindre les 10% dans les années qui viennent. Une autre tendance est à relever : les consommateurs marocains commencent à privilégier la qualité avec des technologies de plus en plus sophistiquées. Preuve en est le taux de croissance annuel en valeur qui a augmenté de manière plus forte – environ 8%- durant les trois dernières années.